Différents chocs ont frappé l'économie haïtienne au cours des dix(10) dernières années, les uns plus sévères que d'autres. La BRH précise que la conjoncture économique Haïtienne de ces dix dernières années à subi particulièrement un ensemble de chocs. Ces derniers ont été des plus divers, allant des chocs environnementaux comme le cas du séisme de 2010 à des chocs d'origine monétaire tels que la forte progression du financement monétaire sur la période 2017 à 2021.
La BRH a dressé une liste des chocs tout en identifiant leur impact sur des variables macroéconomiques clés.
1- Chocs occasionnés par le séisme de 2010.
Ce choc a été brutal pour avoir causé des dégâts matériels évalués entre 7,8 et 8,5 milliards de USD selon la BID. Le séisme a aussi occasionné une croissance négative de 5,5% du PIB réel en 2010 et continue d'impacter négativement l'activité économique réelle et les finances publiques à travers les infrastructures détruites.
- Choc du flux d'aide à la suite du séisme de 2010.
Suite au séisme, le pays a reçu 1,8 milliards de USD en 2010, à titre de dons officiels, 1,4 milliards de transferts de la Diaspora et un flux de devises substantielles à travers les ONG, fondations et autres organisations internationales. Ces devises, sans commune mesure avec la capacité productive de l'économie Haïtienne ont renforcé la dépendance du pays par rapport aux importations, ces dernières augmentant de 57%, pour atteindre 4,4 milliards de USD.
2- Chocs liés au maintien des prix des produits pétroliers à des niveaux élevés de 2010 à 2014.
Haïti étant un importateur de produits pétroliers, les hausses des cours de ces derniers sont censées affecter négativement l'activité économique, plus spécifiquement, la balance des paiements, l'inflation et les finances publiques. Au-delà de 2014, le cadre macroéconomique n'était pas préparé pour faire face à l'effet combiné de la fin du financement Petro Caribe et la hausse des cours mondiaux du brut comme on a pu le constater en 2018.
De plus, en augmentant les ressources de l'État de façon "artificielle", les fonds Petro-Caribe ont permis au Gouvernement Central de faire l'économie d'une réforme nécessaire.
3- Choc de l'ouragan Sandy ( 2012).
Avec des dégâts évalués à au moins 74 millions de Dollars, l' ouragans Sandy a contribué à la poursuite de la baisse tendancielle de la valeur ajoutée agricole dans le PIB. De plus, les dépenses liées à la reconstruction post-Sandy ont conduit à une réduction de la marge de manœuvre budgétaire et fiscale de l'État. Ainsi comme conséquence on a enregistré une forte progression du financement monétaire, qui sera déterminante dans la hausse du taux de change au cours de l'exercice 2014-2015 ( 14,46% contre 4,15% un an auparavant) ainsi que dans le passage à une inflation annuelle à deux chiffres à partir de juin 2015.
4- Choc de la baisse des flux d'aide externe.
Après un pic de 1,38 milliards de USD en 2012, l'assistance externe officielle a rapidement diminué pour passer sous la barre d'un milliard en 2014 ( 914 millions) et sous celle des 500 millions de dollars dès 2016 (321 millions). Cette chute des flux d'aide a affecté les dépenses publiques, en rendant l'État plus dépendant du financement monétaire de la Banque Centrale. Elle a également réduit la disponibilité de devises tout en affectant négativement l'activité économique à travers la baisse des dépenses de consommation et d'investissement associées à ces flux.
5- Chocs frappant l'économie Haïtienne pour la période 2015-2016.
- Choc des troubles liés au processus électoral.
Les élections de 2015 et de 2016 ont affecté non seulement l'activité économique, mais aussi, par ricochet, les finances publiques. Parallèlement, les incertitudes liées à la période électorale n'ont pas manqué d'alimenter la dépréciation de la Gourde.
- Choc de l'ouragan Matthew (2016).
L'ouragan Matthew a causé des dégâts évalués à 2,8 milliards de USD ( plus de 22% du PIB), tout en contribuant largement à la faiblesse de la croissance du PIB pour l'exercice 2017 (1,2 %). Tout comme les ouragans précédents, Matthew a réduit la marge de manœuvre budgétaire de l'État alors que les flux d'aide externe diminuaient. En dépit des efforts de la BRH conduisant à une appréciation de 5,30% de la monnaie nationale l'inflation était en hausse. (À suivre).
CONCLUSION
Plusieurs chocs négatifs ont frappé L'économie Haïtienne de 2010 à 2020. En dépit des efforts des autorités, presque tous les fondamentaux de l'économie Haïtienne sont au rouge.
Dr Eddy N Labossière.
02/09/2024.