Quelle place pour Haïti dans l’économie bleue ?

Dans les Caraïbes comme dans les pays africains, plusieurs projets pertinents, innovants et porteurs de retombées positives pour les pays bénéficiaires sont financés par la Banque mondiale, et d’autres partenaires étatiques et institutionnels.

Depuis 2021, la Banque mondiale expérimente le cadre de Développement de l’économie bleue (Blue Economy Development Framework/ BEDF) dans dix pays à travers le monde. Ces projets pilotes permettront d’affiner et améliorer le BEDF au fur et à mesure de son déploiement.

Des États insulaires s’efforcent de s’adapter au changement climatique, leur meilleure chance de fortifier la croissance, la sécurité alimentaire et l’emploi réside dans le développement de l’économie bleue, suggère la Banque mondiale, tout en rappelant que : « la contribution des activités marines et côtières à l’économie mondiale se chiffre actuellement à 2 500 milliards de dollars (a) par an, l’océan est appelé à devenir la source des opportunités et de la prospérité futures des petits États insulaires. ».

Des perspectives importantes se dessinent autour de l’économie bleue. La BM livre à travers ce contenu partagé, des pistes d’opportunités et des témoignages des bénéficiaires.  Investir dans la résilience face aux dangers de la mer ; Préserver les pêcheries vulnérables ; Booster l’emploi dans les zones côtières, tels sont parmi les grands points abordés.

Dynamique insulaire : « Les petits États insulaires en développement subissent de plein fouet l’impact de crises mondiales qui s’intensifient. Ils se sont réunis en mai 2024 à l'occasion d'une conférence internationale organisée sous l'égide de l’ONU, afin de promouvoir ensemble des solutions pour atténuer leur vulnérabilité aux effets du changement climatique, leur exposition à la pollution et leur fragilité face aux turbulences économiques. », rapporte l’article de la Banque mondiale, publié en mai 2024, autour du thème : « L’économie bleue : un océan d'opportunités pour les pays insulaires vulnérables ».

De la nécessité de « Booster l’emploi dans les zones côtières », la BM entend mettre le « Cap sur la mer des Caraïbes, où les États insulaires connaissent des défis similaires. La pêche en mer souffre de l'exploitation illicite et non déclarée des ressources halieutiques. Certaines pratiques présentent des risques pour la sécurité et posent des problèmes d’assainissement, entraînant dans leur sillage des problèmes de pollution. », informe l’article, tout en soulignant que : « Le projet UBEC a pour objectif de libérer le potentiel de l’économie bleue dans les Caraïbes (UBEC). Cette initiative d’un montant de 90 millions de dollars sur 15 ans, financée par le fonds fiduciaire PROBLUE de la Banque mondiale, s’attache à promouvoir des investissements dans la pêche, le tourisme et la gestion des déchets et à générer plus de possibilités d’emploi dans l'économie bleue. ».

De l’obligation pour la République d’Haïti de rattraper le train : «Fruit d’un partenariat avec la Commission de l’Organisation des États des Caraïbes orientales et les îles de Sainte-Lucie, de la Grenade et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le projet UBEC met l’accent sur la collaboration. Les entreprises développent leurs activités grâce à un programme régional de subventions de contrepartie qui simplifie les financements, en particulier pour les femmes entrepreneures. », poursuit le texte à la fois informatif, instructif et inclusif.

De l’autre côté de la mer,  des expériences partagées : « Accéder à des financements a été très difficile, et ça le reste encore aujourd’hui », confie Eget Martyr, propriétaire d’une entreprise de plongée qui travaille depuis plus de 30 ans dans le secteur du tourisme maritime à Sainte-Lucie. « Vous voulez vous développer, vous voulez donner des opportunités aux autres, aux jeunes, mais vous n’avez tout simplement pas les ressources pour le faire. ».

Des actions concrètes réalisées dans plusieurs régions du monde. «Avec le soutien de la Banque mondiale, la Tunisie a lancé en juin 2022 son premier rapport sur l’état des lieux de l’économie bleue. Le rapport, intitulé « L’économie bleue en Tunisie, opportunité pour un développement intégré et durable de la mer et des zones côtières : éléments de cadrage stratégique » préconise des orientations initiales pour une stratégie nationale en la matière. Porté par le ministère de l’Environnement et le Secrétariat général aux Affaires maritimes. Le rapport a fait l’objet d’une large concertation avec les parties prenantes à l’économie de la mer, dont les secteurs public et privé, le monde de la recherche et un ensemble d’organisations issues de la société civile. ».

Des regards croisés et des opportunités confirmées : « La Tunisie bénéficie de plus de 1 300 km de côtes abritant 7,6 millions de personnes (soit plus de 66 % de sa population), lesquelles dépendent fortement des ressources côtières et marines pour leur subsistance. Le rapport a dégagé des pistes de développement durable dans l’économie bleue : le tourisme, la pêche et l’aquaculture, le transport maritime, les énergies renouvelables de la mer, la biotechnologie marine, etc. », sont parmi les informations partagées par la Banque mondiale, le 25 janvier 2023, dans son communiqué de presse titré : « Rapport de la Banque mondiale : L'Économie Bleue offre des opportunités de croissance durable en Tunisie ».

Devant ces opportunités qui sommeillent dans les profondeurs maritimes de l’espace haïtien, et parallèlement avec la somme des informations de qualité, disponibles sur le sujet sur les sites des acteurs, opérateurs et partenaires, l’organisation des activités visant à sensibiliser le grand public haïtien, et des jeunes en particulier sur les métiers et les opportunités de l’économie bleue paraît nécessaire.

Défendre une place pour la République d’Haïti dans cette nouvelle dynamique mondiale sur l’économie de la mer (économie bleue) impose une place plus importante de ce champ de connaissances et de compétences dans le système éducatif haïtien. L’organisation des activités économiques, récréatives, culturelles sociales et socialisantes autour de l’économie de la  mer pourrait s’inscrire dans un nouvel agenda maritime et économique pour Haïti, et pour sa jeunesse en particulier qui représente l’avenir. Il est venu le temps pour la République d’Haïti d’investir de façon responsable et rentable, intelligente et durable dans cette mer qui entoure la majorité de son territoire. Ce qui doit passer inévitablement par l'éducation et la formation des ressources ? 

 

Dominique Domerçant 

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