La Silicon Valley se distingue par un large éventail d'industries dont les géantes corporations de logiciels, de technologies de l'information, de l’Internet, des médias sociaux et de la biotechnologie (Laurent, 2019). L’expansion de la Silicon Valley, particulièrement au cours des années 1980, a été instiguée par une nouvelle vague de start-ups dont les semiconducteurs représentent la principale matière première (Saxenian, 1990). Fondations de l'électronique moderne, les semiconducteurs jouent un rôle clé dans les technologies de l'information, les communications et les énergies renouvelables. Plus décisif, au cœur de cette florissante technopole s’insuffle une fructueuse coopération entre les universités, les entreprises et le gouvernement. Cet harmonieux triplex baptisé de « Triple Hélice » contribue à une meilleure connectivité entre les professionnels et les entreprises, facilitant ainsi la captation d’investissements massifs dans l'innovation et la R&D (Gibson & Butler, 2013 ; Viale & Etzkowitz, 2010). À juste titre, Laurent (2019) y perçoit un levier majeur de la puissance américaine dans le monde. La Silicon Valley a pu préserver son empreinte sur l'économie mondiale en raison de sa remarquable capacité à s'ajuster aux nouvelles vagues technologiques (Henton & Held, 2013). Les pratiques de la Silicon Valley reposent sur l’adhocratie, système selon lequel la flexibilité, l'adaptabilité et la créativité sont privilégiées pour répondre aux changements rapides et aux défis imprévus dans une organisation (Steiber et al., 2016). Une telle prédisposition d’adaptation aux nouveaux challenges et enjeux de la mondialisation est notamment renforcée par des infrastructures sociales efficientes et des structures institutionnelles proactives.
Plusieurs corporations de grande envergure parmi les plus renommées au monde, telles que Google, Apple, Cisco, Amazon, Meta/Facebook et Tesla, ont établi leur siège social dans la Silicon Valley. La région est réputée comme un centre d'innovation qui abrite en 2023 des milliers de start-ups technologiques dont 276 licornes compagnies. Ces entreprises valent un trillion de dollars (Silicon Valley Index ). Lesdits startups, épaulées par le système attractif d’entrepreneuriat en vigueur, se distinguent par leurs capacités innovantes à transformer des idées novatrices en des produits qui élargissent les opportunités commerciales. Par exemple, le fascinant succès d’Apple, lancé en 1976 par Jobs et Wozniak, a résulté des pratiques administratives, des compétences et du savoir-faire accumulés dans la Silicon Valley pendant plus de quatre décennies (Lécuyer, 2006). L'économie de la région est orientée de la production d'ordinateurs vers la recherche, le développement et la commercialisation de produits informatiques et de logiciels. Aujourd'hui, y émergent de nouveaux secteurs tels que les biotechnologies, soutenues par des infrastructures de haute qualité, la voiture autonome, la cybersécurité et les paiements électroniques (Laurent, 2019).
S’étendant sur San Mateo, Santa Clara, Santa Cruz et Alameda, en Californie, la Silicon Valley capte un tiers des investissements en capital-risque aux États-Unis, soit 30 milliards de dollars en 2023 (Silicon Valley Index). Le travailleur moyen de la Silicon Valley perçoit un salaire de 189 000 dollars par an. La région affiche le troisième PIB per capita le plus élevé au monde et recrute en 2023 plus d’un demi-million (soit 605 000) travailleurs dans le secteur des technologies de l'information (Silicon Valley Index). En 2022, la Silicon Valley a abrité environ 1 000 fondations philanthropiques, totalisant 72 milliards de dollars d'actifs. Cette technopole génère des millions d’emplois à l’étranger via des services de l’outsourcing (Laurent, 2019) tout en favorisant l'émergence de plusieurs clusters de services de la connaissance particulièrement en Inde, aux Philippines, au Taiwan et en Chine (Manning, 2013).
Désormais intégrée dans une nouvelle mythologie de la prospérité américaine, la Silicon Valley représente un état d'esprit et une vision du développement économique régional. Plusieurs régions des USA et au sein des pays industriels et émergents tentent d’emboîter le pas à ce fascinant modèle de succès entrepreneurial.
Rôle pivot de l’Université de Stanford
Le leadership de l'Université de Stanford a été crucial dans l’essor du développement industriel de la Silicon Valley. Un énorme crédit est dû à l'ingénieur Frederick E. Terman pour être à la base de l’extension initiale de la Silicon Valley au milieu du 20e siècle (Saxenian, 1983). Au cours de ses études doctorales à MIT qu’il allait boucler en 1924, Terman y a observé les pratiques de recherches qui encourageaient des liens étroits entre le personnel universitaire et l’industrie. En 1925, quand Terman regagnait son alma mater (Stanford) où il obtint une maîtrise en génie électrique, il s'est attelé à transformer l’Université de Stanford en un centre majeur de recherche (Leslie & Kargon, 1996). Tout en investissant personnellement dans leurs entreprises, Terman a également encouragé des étudiants tels que William Hewlett et David Packard (de la société Hewlett-Packard) ainsi qu'Eugene Litton (de Litton Industries, Inc.) à créer des entreprises locales (Lécuyer, 2006).
En 1951, à titre de professeur et doyen du département d’ingénierie, Terman était à la base de la création du Stanford Industrial Park qui offrait des loyers à long terme aux espaces de l'université exclusivement à des entreprises de haute technologie. Ainsi, des entreprises telles que Varian Associates, Eastman Kodak, General Electric, Admiral Corporation, Lockheed Corporation, Hewlett-Packard ont transformé le Stanford Research Park en la première région de fabrication de haute technologie aux États-Unis. L’approche de la Stanford a facilité la création de clusters d'innovation économique où de nouvelles technologies ont germé à un rythme stupéfiant. Les clusters (concentrations géographiques d'entreprises interconnectées, de fournisseurs et d'institutions) sont reconnus pour leur habilité à rehausser l'innovation, l'efficacité et la productivité (Baily & Montalbano, 2018). Ces réservoirs de capitaux, d'expertise et de talents alliés au rôle des institutions facilitatrices du « Doing Business » ont favorisé le développement de nouvelles industries et des méthodes optimales de faire des affaires (Engel, 2015).
Du leadership de Terman à la Stanford, un cercle entrepreneurial vertueux a été tissé entre les différentes entités de l’université et des industries pour adresser du coup la fuite de cerveaux dont faisait objet la région (Adams, 2005). Les professeurs étaient mobilisés dans des consultations auprès des entreprises ; les chercheurs industriels dispensaient des cours et les entreprises recrutaient les meilleurs étudiants. À mesure que davantage d'entreprises s'installaient dans la région, alimentant ainsi la demande en produits électroniques de base, en compétences techniques et en fournitures commerciales, de nombreux anciens employés du secteur des hautes technologies ont créé leurs propres entreprises.
Externalités positives des recherches
Lorsque les recherches empiriques à l’université s’associent aux besoins réels des sociétés, cela incite l’esprit de compétitivité et d’entrepreneuriat. À plus long terme, la vulgarisation des connaissances entraînera la création de la richesse et une hausse du niveau de vie. Par leurs impacts ainsi que leurs externalités positives, les recherches - particulièrement celles effectuées à l’université - ont la vertu de créer des effets multiplicateurs sur la croissance économique (Woodward et al., 2006 ; Aghion & Jaravel, 2015). Sous un angle multinational, Bhidé (2009) soutient que la diffusion de la recherche et de l’innovation par le processus de la délocalisation se révèle un jeu gagnant-gagnant. Les multinationales produisent de manière plus efficiente en réduisant leurs coûts grâce aux innovations frugales mises en œuvre par les entreprises sous-traitantes. Celles-ci y génèrent des revenus substantiels qu’elles n’auraient pas pu engranger en absence de ce processus d’externalisation des services (Manning, 2013).
À observer la motivation d’une sommité de la trempe de Samuel Pierre dans l’offre sociétale de la Cité du Savoir proposée par GRAHN-Monde dont l’ISTHEA constituerait l’instance responsable de la formation académique (Ariste, 2021), une histoire inspirante similaire aurait pu être racontée en Haïti. Magnanime est la vision du docteur Pierre, maintes fois couronné pour ses prouesses intellectuelles et son immense valeur ajoutée dans les recherches et les avancées technologiques au Canada. Partageant une vision similaire, le professeur Pierre aurait pu jouer un rôle comparable à celui du professeur Terman, qui a servi de médiateur entre l’Université de Stanford et la Silicon Valley.
En s’évertuant à dispenser une formation de standard international orientée vers la création d’entreprises pour préparer plusieurs centaines d’universitaires en des domaines à la pointe de la technologie, la Cité du Savoir a pris l’option de jouer un rôle moteur dans le projet de développement de certains pôles géographiques (Pierre et al., 2023). Si elles étaient soutenues par des infrastructures et recevaient des incitations, les entreprises compétitives ne tarderaient pas à connaître des expansions régionales et internationales. Cependant, il manque surtout en Haïti une entité axiale pour en constituer la « Triple Hélice » dont a bénéficié la Silicon Valley : le gouvernement. En effet, c’est à peine que le gouvernement haïtien accorde une attention à cette œuvre magistrale du Pôle d'innovation du grand Nord (PIGRAN) associé au projet de la Cité du Savoir.
L’écosystème de la Silicon Valley se révèle favorable à d’intenses productions académiques ; il est aussi doté d’infrastructures modernes à proximité des clusters qui favorisent les inventions et l’esprit de créativité. Ceci a permis un saut significatif du niveau de production économique de la région. Par exemple, entre 2022 et 2023, le nombre de brevets d’inventions à la Silicon Valley est passé de18 800 à 19 500, soit le plus important aux États-Unis (Silicon Valley Index).
La noble vision de l’ingénieur Samuel Pierre, visant à répandre un savoir pragmatique au pays tout en le rendant utile pour la transformation et l’amélioration de l’économie locale, ressemble à celle exprimée par l’ingénieur Frederick Terman, l’un des pionniers de la Silicon Valley. Cependant, le rôle du gouvernement et bien d’autres acteurs essentiels inhibe le rêve idyllique de constituer à des régions du pays des pôles de développement similaires, ne serait-ce qu’en miniature par rapport à celle de la Silicon Valley.
Des pôles technologiques similaires
Bien qu’ils n’aient pas atteint la notoriété de la Silicon Valley, plusieurs clusters d'entreprises centrés sur l'innovation ont été développés au États-Unis. D'autres régions hors des États-Unis ont également tenté de suivre l’exemple de l'écosystème entrepreneurial adopté dans la Silicon Valley. Ibrahim (2008) reconnaît que la plupart de ces modèles ont échoué car n’étant pas en mesure de bénéficier des avantages adhocratiques offerts à la Silicon Valley. Très peu d’écosystèmes « copy cats » se sont attelés à répliquer ce succès florissant basé sur un esprit d’initiatives et d’innovations supporté par les stratégies de la Triple Hélice. Ce modèle favorise une évolution vers des relations collaboratives entre les trois principales sphères institutionnelles (l’université, l'industrie et le gouvernement). Chaque sphère se dynamise en s’adaptant aux nouvelles réalités, en assumant de nouveaux rôles pour que la politique d'innovation s’aligne aux défis et enjeux du moment (Viale & Etzkowitz, 2010).
Parmi les modèles proches de la Silicon Valley, on y recense par exemple la "Silicon Hills" d'Austin qui est considérée dans le classement Forbes 2010 comme la deuxième région la plus innovante des États-Unis après la Silicon Valley. Analogue à la Silicon Valley qui a bénéficié des recherches de l’Université de Stanford, la "Silicon Hills" s’est appuyée sur l’intensification des recherches scientifiques et technologiques de l'Université du Texas. Cette région d’Austin jouit d’une politique gouvernementale propice à l’entrepreneuriat, notamment au niveau local. Ainsi, elle attire de grandes et petites entreprises technologiques liées par des clusters d'activités. Il y existe une panoplie de groupes de soutien œuvrant à maintenir un environnement créatif et de haute qualité. La "Silicon Hills" héberge également de grandes compagnies telles que IBM, Cisco, eBay, Amazon, Indeed, Intel, Texas Instruments, Oracle Corporation, etc.
À Massachussetts, la « Route 128 » constitue une technopole qui s’appuie sur la communauté académique de Boston qui sert à améliorer la qualité de la main-d'œuvre et stimuler les industries basées sur la connaissance. Le flux d'entrepreneurs provenant de Harvard et du MIT a contribué de manière significative à la dynamisation de l'économie locale de Boston grâce à leurs startups. Des compagnies comme Intel, IBM, Facebook et Twitter ont considérablement diversifié l'économie de Boston, attirant d'autres entreprises dans les domaines de la biotechnologie, de la finance et des technologies de l'information. Plusieurs autres états ont également essayé de mimer la Silicon Valley. Par exemple, Portland est réputé pour la Silicon Forest ; et à New-York, on dénote la Silicon Alley qui constitue un écosystème entrepreneurial basé sur des acteurs multipartites, l’interconnexion, l’avantage géographique et un meilleur accès au financement (Gilman, 2019).
Au cours des dernières décennies, l’esprit de la Silicon Valley a été également insufflé à des régions au-delà des frontières des États-Unis. La Silicon Valley North à Ottawa, la Silicon Island au Singapour, la Silicon Wadi en Israël, la Silicon Glenn en Ecosse y sont des écosystèmes semblables (Adams, 2005). Plusieurs autres pays asiatiques tels que la Chine, le Japon, l’Inde et la Malaisie détiennent des espaces technopolitains similaires à la Silicon Valley. Dans la même ligne, l’Afrique du Sud a développé The Innovation Hub ; la Thaïlande, The Thailand Science Park et le Sénégal capitalise sur le Technopole de Dakar pour y promouvoir un esprit d’entrepreneuriat compétitif. On recense aussi la Silicon Allee à Berlin (Allemagne), qui est une communauté, un networking, des machines et des idées façonnées par les travailleurs, les étudiants et les bureaucrates de Berlin (Phillips, 2016). Ce système est maintenu à travers des pages web, des messages texte, des salles de classe, des espaces universitaires, des rencontres, des camps, des tweets, des espaces de coworking, des discussions dans les cafés et les bureaux (Phillips, 2016).
Compte tenu des prérequis mentionnés plus haut, en l’occurrence la « Triple Hélice », pour attirer un écosystème entrepreneurial compétitif, le pari de calquer fidèlement la Silicon Valley n’est pas évident. Parmi les nœuds gordiens, il convient de noter le positionnement géographique (Saxenian, 1994) et surtout le manque de flexibilité dans les législations (Chander, 2013), obstacle rencontré particulièrement en Europe et en Asie.
Un écosystème entrepreneurial en Haïti mimant la Silicon Valley
S’il est vrai que plusieurs conditions sont requises, notamment un solide réservoir de talents et d’esprits créatifs, pour établir des écosystèmes similaires à celui de la Silicon Valley, une vision politique axée sur le développement d’un dynamisme entrepreneurial en est la principale (Leslie & Kargon, 1996). À l’instar de l’éminent professeur Samuel Pierre, plusieurs autres citoyens Haïtiens se sont investis pour véhiculer des idées innovantes et encourager des partenariats et des modèles de réseautage susceptibles de propulser la création de la richesse par une meilleure adoption des outils de la technologie et de l’innovation. D’autre part, il existe au pays quelques initiatives qui auraient incité au développement de l’offre de certains produits dans des secteurs spécifiques, notamment l’agro-industrie. Par exemple, des entreprises telles que JOBPAW, CEDEL et BANJ ont fait montre d’un désir ardent à connecter des consommateurs, des producteurs et des utilisateurs sur plusieurs marchés en Haïti. Il suffirait d’un climat attractif favorable à des regroupements d’entreprises que l’État est censé garantir, et l’on pourrait obtenir des effets d’entraînement pour converger vers des représentations identiques à la Silicon Valley.
Une étude du MCI-PNUD en 2012 présente un inventaire de produits typiques qui expose d’énormes avantages compétitifs d’Haïti dans une panoplie de produits agricoles et touristiques (MCI-PNUD, 2014). Le potentiel de la chaîne de valeur, de création d’emploi, de diversification des produits dérivés, de valeur nutritive et d’impact environnemental sont autant de critères qui ont été considérés pour sélectionner de tels produits. Ainsi, on y a identifié par exemple le café, le miel, la mangue Francisque, etc. Cet inventaire et bien d’autres études de faisabilité dans des secteurs porteurs pourraient inspirer et canaliser de potentiels entrepreneurs à investir. Qu’il soit le secteur agricole, artistique ou artisanal, il y aurait donc des possibilités garanties de concevoir des startups intégrant des composantes technologiques pour pouvoir mieux transformer les produits typiques et mieux se tirer d’affaires. Malheureusement, les infrastructures et les structures d’encadrement font souvent défaut et empêchent la production à grande échelle de ces produits et de leurs dérivés.
Dans le domaine de l’aquaculture (Gilles et al., 2021) et de l’horticulture (MARNDR, 2016), Haïti détient également d’énorme potentiel économique, avec possibilité de contribuer substantiellement à la sécurité alimentaire. Le pays devrait commencer par mettre en place des techniques modernes, adapter les cursus d’enseignements professionnels et universitaires en tenant compte des avantages économiques. De surcroît, l’université en Haïti devrait envisager de mimer les bonnes pratiques (Gibson & Butler, 2013) en mobilisant des laboratoires pour assister à la formation de startups, promouvoir la collaboration avec les industries, les investisseurs et d'autres parties prenantes dans la transformation et la commercialisation des produits. D’autre part, les entités telles que le MCI et la DGI devraient faciliter les nouveaux entrepreneurs dans le processus de création de leurs entreprises.
À défaut d’une Silicon Valley, qui requiert beaucoup d’originalité, Haïti aurait pu créer des zones d’attraction économique comme celle de Bangalore de l’Inde (Saxenian, 2002) qui rafle de nombreux contrats de l’outsourcing. Un point de départ pour Haïti consisterait par exemple à réunir des compétences et des moyens financiers pour développer des compagnies de services externalisés dans le domaine de l’ITO (Information Technologie Outsourcing). Ainsi, il faudra en parallèle établir des plans d’interconnexion entre les réseaux d’experts et d’entrepreneurs à nourrir par une combinaison efficiente des ressources humaines locales et de la diaspora. Ce n’est certainement pas une potion magique ; par contre un tant soit peu, cette approche apporterait une contribution significative pour assurer le développement du pays.
La Triple Hélice d’une coopération entre les universités, les entreprises et le gouvernement se trouve à la base de l’extension de la plupart des pôles technologiques viables. L'excellence scientifique, le développement de nouvelles technologies pour les industries émergentes, l'attraction de grandes entreprises technologiques ainsi que la création d'entreprises technologiques locales sont les pylônes du développement de telles zones technologiques et industrielles. Ainsi, une université phare se dresse fort souvent comme institution clé pour favoriser la croissance axée sur la technologie dans la région technologique considérée (Adams, 2005 ; Gibson & Butler, 2013). Et si Haïti opte d’imiter une telle approche ?
Plausiblement, les sceptiques et les réfractaires au changement peuvent percevoir une utopie dans la création d’une Silicon Valley en Haïti. À défaut de rêver si grand pour l’instant, ne pourrait-on pas quand même jeter un regard sur ce que font de nouveaux pays émergents ? En effet, quoiqu’ils n’aient pu encore créer des Silicon Valley, mais en capitalisant sur des paradigmes de développement, le Rwanda, les Philippines, l’Afrique du Sud et l’Inde ont mis en place des programmes axés sur des principes institutionnels, d’intégration et d’inclusion qui mobilisent leur capital humain local et international (Ancho & Park, 2018 ; Shindo, 2012).
Haïti ne doit-elle pas se résoudre d’adopter des stratégies et des modèles analogues pour que la création et le partage de la richesse deviennent définitivement un rêve concrétisé ?
Carly Dollin
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Références
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