Suivi de l’anthropisation des écosystèmes forestiers dans la commune de Vallières en République d’Haïti de 1984 à 2019 NDLR: la version originale de ce texte a été publiée en anglais dans la revue Trees, Forests and People

Résumé

Les ressources forestières de la commune de Vallières en Haïti subissent des pressions anthropiques sans cesse croissantes, menant à la régression de leur superficie et à la dégradation de leurs services écosystémiques. Cette étude a quantifié la dynamique spatiale des écosystèmes forestiers de la commune de Vallières de 1984 à 2019 à partir de l’approche cartographique couplée au calcul des indices de structure spatiale. La tendance évolutive du paysage de la commune de Vallières et de ses sections communales révèle qu’en 35 ans la superficie des forêts a régressé à travers le morcellement des grandes taches initiales par opposition à la dynamique progressive des zones agricole et dénudée, principalement sous-tendue par la création et la fusion de leurs taches. Les causes sous-jacentes de la dynamique paysagère observée sont la pression démographique couplée à l’absence d’un programme approprié pour la préservation des ressources forestière et l’amélioration du niveau de vie de la population locale. Nos résultats justifient la mise en place des stratégies de préservation des rares taches des forêts qui subsistent, en tenant compte du contexte socio-économique local.
Mots clés : Déforestation, Paysage, Activités anthropiques, Télédétection/SIG, Haïti.

Introduction

Les paysages naturels d’Haïti, notamment les zones forestières, sont soumis à des phénomènes naturels destructeurs tels que les cyclones notamment. Cependant, la récente explosion démographique, a ajouté à ces phénomènes naturels, les activités anthropiques dans la dégradation de ces paysages naturels (MDE, 2019). Estimée à près de la moitié de l’étendue du pays (27 750 km2) au début du 20e siècle, la couverture forestière a chuté de 2% à 5% du territoire national en 2015 (FAO 2015). Lorsque les plantations forestières sont prises en compte, certains auteurs estiment à environ 30% l’étendue du territoire couverte par des espaces boisés (Tarter et al., 2016). La régression des écosystèmes forestiers d’Haïti entraîne entre autres l’érosion de la biodiversité, une dégradation de la qualité agricole des sols suite aux érosions, une raréfaction des ressources en bois, etc. (MARNDR, 2010 ; MDE, 2019).

La commune de Vallières, située sur le massif du Nord d’Haïti et reconnue jadis pour ses forêts luxuriantes, n’est pas épargnée par le phénomène de déforestation. En effet, malgré l’importance de ses ressources forestières dans la préservation des bassins-versants, mais aussi dans l’économie locale, cette commune fait face à la forte dépendance des populations locales aux ressources naturelles pour subvenir à leurs besoins de base. Au sein de cette commune, l’agriculture sur brûlis, l’urbanisation spontanée, la production du charbon de bois et du bois pour la construction sont autant d’activités responsables de la déforestation et constituent en même temps une sérieuse menace sur la diversité et endémicité exceptionnelles de la commune de Vallières (IRATAM, 2012).

Bien qu’il soit clairement constaté que beaucoup d’espaces forestiers de la commune de Vallières ont été subséquemment convertis en cultures saisonnières durant les dernières décennies (MARNDR, 2011 ; Célicourt, 2020), aucune information n’existe à ce jour sur la dynamique spatiale de l’occupation du sol à l’échelle des sections communales considérées comme les subdivisions administratives de cette commune. Pourtant, ces sections communales se distinguent au niveau des conditions socio-économiques (MARNDR, 2011) qui ont pourtant une large influence sur la dynamique des paysages (Bogaert et al., 2008, Useni et al., 2017). Dans le contexte actuel de la décentralisation, l’étude des dynamiques paysagères à l’échelle des sections communales paraît très pertinente d’autant plus que l’affectation et la désaffectation des occupations du sol qui ont des impacts majeurs sur le paysage de la commune, sont de la compétence des sections communales. L’échelle de la section communale est alors pertinente pour toute étude pouvant aboutir à la mise en place d’une stratégie de gestion responsable des écosystèmes forestiers dont dépend la survie des populations locales. Pour cette raison, il urge de comprendre l’impact des activités des populations locales sur la dynamique des écosystèmes forestiers de la commune de Vallières (et ses sections communales) afin d’assurer leur gestion durable.

Ainsi, la présente étude cherche à apprécier la dynamique spatiotemporelle des écosystèmes forestiers au niveau de la commune de Vallières (Haïti) en s’appuyant sur la télédétection, les Systèmes d’Information géographique (SIG) et les outils d’analyse de l’écologie du paysage. Il a été émis l’hypothèse que la gestion inappropriée du développement agricole et de l’expansion de l’habitat a conduit à un changement de la structure spatiale du paysage matérialisé par la fragmentation (diminution de l'aire, augmentation du nombre de taches) des écosystèmes forestiers à des degrés variables selon le contexte socio-économique des sections communales qui composent la commune de Vallières

Matériel et méthodes

Milieu d’étude : la commune de Vallières et ses trois sections communales

L’étude a été réalisée dans la commune de Vallières (19°24'00''-19°33'10'' N et 71°53'00''-72°05'00'' W) située dans le département du Nord-Est d’Haïti et composée de trois sections communales (Trois-Palmistes, Écrevisse ou Grosse-Roche et Corosse, Figure 1). La commune de Vallières s’étend sur près de 158,46 km² avec une altitude oscillant entre 517 m et 1 136 m et un relief dominé par une succession de montagnes abruptes très accidentée. Son climat est de type Af (tropical) selon le système de classification de Köppen-Geiger, caractérisé par des températures moyennes annuelles de l’ordre de 21,1°C à 24,9 °C et des précipitations totales annuelles atteignant 2 036 mm réparties sur deux saisons pluvieuses (Mai à Juin et Septembre à Décembre ; MARNDR, 2011). La saison de pluies est entrecoupée d’une sècheresse hivernale de Janvier à février et d’une sécheresse estivale de Juin à Août (IRATAM, 2012 ; Célicourt, 2020). La végétation ligneuse naturelle de la commune de Vallières est essentiellement constituée d’écosystèmes forestiers dominés par le Pinus occidentalis L. La population de la commune de Vallières, estimée à 23 536 habitants (IHSI, 2015), s’adonne essentiellement à l’agriculture de subsistance, à l’élevage, au commerce et à l’exploitation du bois pour la construction et à la production du bois de chauffage/cuisson, etc. (PADEDD, 2008). Il existe aussi des ressources minières (Cuivre et or) dans la commune de Vallières, mais dont l’exploitation reste encore essentiellement artisanale (MARNDR, 2011). Les sections communales qui composent la commune de Vallières ont des caractéristiques socio-économiques contrastées. Ainsi, la section communale de Trois-Palmistes abrite le bourg de Vallières avec les services déconcentrés de l’État haïtien (mairie, Direction générale des impôts, etc.). La zone de Corosse reste la section communale à accès plus difficile en dépit de l’aménagement d’un nouveau tronçon de route MARNDR (2011). Environ 60% des terres sont destiné à l’agriculture dans les sections communales des Trois Palmistes et de la Grosse contre 75% à Corosse (MARNDR, 2008).



Figure 1 : Situation géographique de la commune de Vallières au Nord-Est de la République d’Haïti et de ses sections communales : Trois Palmistes (1), Grosse Roche (2) et Corosse (3).

Choix de données et matériels utilisés

Pour la quantification de la dynamique de l’occupation du sol de la commune de Vallières, trois images Landsat d’une résolution spatiale de 30 m ont été utilisées. Ces images datent du 30/01/1984 (Capteur Multispectral Scanner System), du 23/12/1998 (Capteur Thematic Mapper) et du 01/12/2019 (Capteur Operational Land Imager). Toutes ces périodes choisies correspondent à la saison sèche afin de minimiser l’effet des brumes et des nuages (Clerici et al., 2006). Des données additionnelles telles que les fichiers de forme (Shapefiles) illustrant les limites des sections communales et de la commune de Vallières, issues du Centre Nationale de l’Information Géographique et de Statistique (CNIGS). Le prétraitement et l’analyse spatiale des images satellitaires acquises ont été faits sous Les logiciels ENVI 5.3 et ArcGiS 10.5.1.
Prétraitement des images Landsat

Les différentes images utilisées ont été reprojetées dans le système UTM (Universal Transverse Mercator) / Zone 19 N en se basant sur l’ellipsoïde de référence WGS 84 (World Geodesic System). Par la suite, l'orthorectification des images les plus anciennes (1984 et 1998) a été vérifiée sur la base de l’image OLI 2019 à partir de 64 points de contrôle de terrain invariants et bien répartis sur toute la zone d'étude. La précision géométrique du calage entre les différentes scènes était inférieure à 1 pixel afin d’assurer l’efficacité de l’analyse des changements (Mas, 2000).

Classification supervisée et validation de la qualité de la classification

Des compositions colorées fausse couleur des images isolées de la commune de Vallières ont été réalisées en combinant les bandes proche-infrarouge, rouge et vert ; les deux premiers canaux étant adaptés pour la discrimination de la végétation (Bonn et Rochon, 1992). Les zones d’entraînement ont été délimitées lors des travaux de terrain effectués durant le mois d'octobre et de novembre 2019, à travers le géoréférencement de 640 parcelles homogènes sous forme de polygone à l'aide d’un GPS Gamin 66s (précision 3 m). parmi ces points, 360 ont servi à la classification supervisée des images Landsat basée sur l’algorithme du maximum de vraisemblance. Initialement, huit classes d’occupation de sol ont été identifiées et finalement regroupées en trois catégories : zone agricole (jachère, pâturage, cultures et systèmes agroforestiers), zone forestière (forêt de feuillus et forêt de conifères) et zone dénudée (sol nu, habitation, et routes). Par la suite, 280 parcelles homogènes ont été utilisées pour l’évaluation de la fiabilité de la classification supervisée des différentes images Landsat. Cette évaluation a été réalisée à partir du coefficient Kappa et de la précision globale, deux indices issus de la matrice de confusion et appropriés pour la validation des classifications supervisées.

Analyse de la dynamique structurale

L'impact humain sur la morphologie du paysage de la commune de Vallières et de ses sections communales a été mis en évidence à partir du calcul de l’aire moyenne (AMOY), l’aire médiane (AMED) et l’aire totale(ATOT), de la densité des taches (DT) définie comme étant le rapport entre le nombre et l’aire totale des taches au sein du territoire considérée, de index of the largest patch (LPI) de la grande tache au sein d’une classe de l’occupation du sol, de l’indice de perturbation (U) définie par O’Neill et al (1998) comme le rapport de l’aire cumulative des classes anthropiques (Zones agricole et dénudée) et de l’aire cumulative des classes naturelles (Zone forestière).

Par ailleurs, l’arbre dichotomique proposé par Bogaert et al., (2004), qui s’appuie essentiellement sur les principaux éléments de la configuration du paysage que sont entre autre autres le nombre de taches (exprimé dans cette étude à travers la densité de taches) et l’aire totale des taches, a permis d’identifier les processus de transformation spatiale qui sous-tendent les changements observés au sein des trois classes de l’occupation du sol étudiées. La comparaison des valeurs t_obs=a_0/ a_1 (0 est considéré comme l’année initiale de la période et 1 l’année terminale de la période) à celle prédéfinie de t=0,5 a permis de dissocier la fragmentation de la dissection (Barima et al., 2016). Les valeurs inférieures à 0,5 suggèrent d’une fragmentation ; celles comprises entre 0,5 et 0,59 témoignent d’une dissection tendant vers la fragmentation. En revanche, les valeurs supérieures ou égales à 0,6 suggèrent d’une dissection.

Résultat

Classification et cartographie de la composition du paysage

L’évaluation des résultats de la performance des images Landsat classifiées indique des valeurs de précision globale oscillant entre 97,50% et 98,93 % (Tableau 1). Ces précisions ont été confirmées par les coefficients de Kappa dont les valeurs ont varié de 96,13%, à 99,45%, suggérant une bonne discrimination des classes de l’occupation du sol pour chacune des images classifiées. Toutefois, les quelques confusions relevées dans le Tableau 1 ont été principalement observées entre la zone dénudée et la zone agricole en 2019 notamment où 6,15% des pixels de la zone dénudée ont été classés dans la zone agricole. Certaines confusions ont été également enregistrées entre la zone agricole et la zone forestière où 2,15% de pixels de la « zone agricole » ont été rangés en 2019 dans la zone forestière. Avec, des précision de l’utilisateur comprises entre 99 et 100%, la zone forestière a été la classe d’occupation du sol qui a été la moins affectée par les échantillons des autres classes au niveau de la commune de Vallières. L’image de 1998 indique une meilleure classification de la zone dénudée avec 98,36% des pixels correctement rangés. Trois cartes de l’occupation du sol, illustrant à la fois la tendance évolutive de l’occupation du sol dans la commune des Vallières, mais aussi dans ses 3 sections communales, ont été produites (Figure 2). L’analyse visuelle de l’évolution spatiale du paysage entre 1984 et 2019 fait ressortir globalement une régression spatiale des zones forestières au profit des zones agricoles principalement, mais aussi des zones dénudées dans une moindre mesure (Figure 2).

Tableau 1 : Matrice de confusion résultant de la vérification des classifications des images Landsat de 1984, 1998 et 2019 de la commune de Vallières. Les cellules des matrices représentent les pixels. Pr : la précision du réalisateur ; Pu : la précision de l’utilisateur.

Données classifiées

Données de référence Zone forestière zone agricole zone dénudée Total Pr(%)
1984 zone forestière 123 0 0 123 100,00
zone agricole 0 96 2 98 97,96
zone dénudée 0 0 59 59 100,00
Total 123 96 61 280
Pu 100,00 100,00 96,72
Précision globale= 98,93 Coefficient Kappa= 98,33%

1998 zone forestière 122 0 0 122 100,00
zone agricole 1 95 1 97 97,94
zone dénudée 0 1 60 61 98,36
Total 123 96 61 280
Pu 99,19 98,96 98,36
Précision globale= 99,67% Coefficient Kappa 99,45%

2019 zone forestière 121 1 0 122 99,18
zone agricole 2 91 0 93 97,85
zone dénudée 0 4 61 65 93,85
Total 123 96 61 280
Pu 98,37 94,79 100
Précision globale= 97,50% Coefficient Kappa= 96,13%

Figure 2 : Cartes d’occupation du sol de la commune de Vallières (Haïti) obtenues sur la base de la classification supervisée des images Landsat de 1984, 1998 et 2019 appuyée sur l’algorithme du maximum de vraisemblance.

Dynamique de composition

Les résultats de l'évolution de l’occupation du sol, entre 1984-1998 et 1998-2019, montrent que la zone forestière qui constituait la matrice dominante du paysage en 1984 et 1998 a été remplacée par les zones agricole et dénudée qui ont connu un accroissement de leur superficie à l’échelle de la commune de Vallières et de ses sections communales. Dans la section communale de Corosse, la déforestation semblait être la plus marquée entre 1998-2019 en comparaison à la période 1984-1998. Quant à la zone agricole, elle a connu une dynamique progressive matérialisée par sa superficie qui a triplé, que ce soit dans la commune ou ses sections communales et est devenue ainsi la nouvelle classe dominante du paysage en 2019 (Figure 3).

Figure 3: Composition (en %) de l’occupation du sol au niveau des sections communales de Trois Palmistes (A), de Grosse Roche (B), de Corosse (C) et de la commune de Vallières (D). Les données sont issues de la classification d’images Landsat sur la base de l’algorithme du maximum de vraisemblance.

Dynamique structurale et anthropisation des paysages

Entre 1984 et 1998, la commune de Vallières a connu une augmentation de la densité des taches des zones forestières suivie d’une diminution de l’aire totale, suggérant ainsi de la dissection (tobs= 0,73 ˃ t=0,5) comme processus de transformation spatiale dominant (Tableau 4). Au niveau des sections communales, la tendance à la dissection des taches de forêts a été aussi observée durant cette même période (tobs= 0,71 pour Trois Palmistes, tobs= 0,68 pour Grosse Roche et tobs =0,86 ˃ t= 0,5 pour Corosse). La deuxième période (1998-2019) a été caractérisée par la diminution de l’aire totale parallèlement à l’augmentation de la densité des taches des zones forestières au niveau de la commune de Vallières, ce qui est une indication d’une transition de la dissection vers la fragmentation (t_(obs=) 0,52 ˃ t=0,5) comme processus de transformation spatiale dominant. La section communale de Trois Palmistes a également connu une dissection tendant à la fragmentation des taches de forêts (t_(obs=) 0,58˃ t=0,5) tandis qu’à Grosse Roche et à Corosse, les zones forestières ont connu une fragmentation des taches (t_obs=0,49 et 0,43 ˃ t=0,5) traduite par une augmentation de la densité des taches suivie d’une diminution de leur aire totale (Tableau 2).

Cette tendance à la dissection et la fragmentation des taches de forêts a été aussi observée par la diminution des tailles des grandes taches des zones forestières de la commune de Vallières entre 1984 et 2019 en passant de 98,99% à 26,82%. Il est à noter que cette diminution a été la plus importante entre 1998 et 2019, car la valeur de la dominance est passée de 94,22% à 26,82%, soit une diminution d’environ 4 fois en 21 ans (1998-2019). Ce processus a été également observée dans les 3 sections communales où la proportion des grandes taches est passée de plus de 90% en 1984 et en 1998 à respectivement 18,78%, 8,77% et à 13,29% en 2019 à Trois Palmistes, à Grosse Roche et à Corosse. Ceci traduit une dynamique de morcellement des grandes taches de forêt dans le paysage en un nombre élevé de petites taches probablement couplée à un isolement spatial plus important, notamment au cours de la deuxième période étudiée. La diminution des aires moyennes et médianes de la zone forestière confirme également cette tendance (Tableau 3).

Entre 1984 et 1998, la création a été le processus de transformation spatial dominant de la zone agricole et de la zone dénudée à l’échelle de la commune de Vallières et dans toutes les trois sections communales, suite à un accroissement de la densité et de l’aire totale des taches (Tableau 2). En revanche, les processus de l’agrégation et de création ont été les processus de transformation spatial dominant respectivement des taches de la zone agricole et dénudée à l’échelle de la commune de Vallières entre 1998-2019. En effet, l'augmentation de l’aire totale de taches a été accompagnée d’une réduction et d’une augmentation de la densité de taches. La zone agricole a enregistré, dans toutes les trois sections communales, un accroissement de la densité et de l’aire totale des taches, suggérant la création comme processus de transformation spatiale dominant. Les sections communales de Trois Palmistes et de Grosse Roche ont également connu la création des taches des zones dénudées comme processus de transformation spatiale dominant pendant que l’agrégation des taches a été observée dans la section communale de Corosse (Tableau 2). Cette tendance à la fusion des petites taches des zones agricole et dénudée dans le paysage a été traduite aussi par l’augmentation de la taille de leurs grandes taches au fil du temps, également de l’aire moyenne et médiane, (Tableau 3). D’autant plus, les plus grands taux de variation des aires moyennes, médianes sont observés au niveau des zones forestières comparativement aux classes anthropiques indiquant la prépondérance des taches forestières de petite taille dans le paysage de la commune de Vallières et de ses sections communales. Dans les zones forestières, les amplitudes de la dynamique spatiale sont, en effet, plus fortes notamment au niveau des sections communales de Grosse Roche et de Corosse (Tableau 3).

L’ampleur de l’anthropisation du paysage au niveau de la commune de Vallières et de ses sections communales a été également quantifiée par l’indice de perturbation (U). La valeur de l’indice de perturbation, a été multipliée par 8 en 35 ans en passant de 0,27 en 1984 à 2,30 en 2019 au niveau de la commune de Vallières. La progression de la valeur de l’indice de perturbation qui a quasiment décuplé à Trois Palmistes (0,26 en 1984 et 2,10 en 2019), à Grosse Roche (0,28 en 1984, et 2,69 en 2019) et à Corosse (0,27 en 1984 et 2,38 en 2019) exprime une dynamique importante de la diminution de la proportion des formations naturelles et leur conversion en des occupations de sols anthropiques dans le paysage des sections communales (Tableau 3).

Tableau 2 : Evolution de l’aire totale (at) en km2 et de la densité des taches (dt) exprimé en nombre de tâche au km2 au niveau des sections communales et de la commune de Vallières en 1984, 1998 et 2019.

Indices Trois Palmistes Grosse Roche Corosse Commune Vallières
ATOT 1984 64,86 36,33 21,78 122,97
Zone forestière DT 1984 0,66 0,22 0,32 0,47
ATOT 1998 45,86 24,81 18,82 89,49
DT1998 5,91 6,21 2,13 5,20
ATOT 2019 26,80 12,25 8,18 47,23
DT 2019 40,01 41,46 38,75 40,17
Zone agricole ATOT 1984 16,18 9,18 5,59 30,95
DT 1984 31,45 21,89 32,73 34,83
ATOT 1998 34,29 19,84 8,30 62,43
DT1998 26,25 27,26 56,03 30,53
ATOT 2019 51,79 28,87 18,39 99,05
DT 2019 31,28 42,06 72,48 25,23
Zone dénudée ATOT 1984 0,69 1,13 0,26 2,08
DT 1984 124,10 106,67 135,14 116,03
ATOT 1998 1,49 2,09 0,49 4,07
DT1998 186,43 193,41 521,39 303,46
ATOT 2019 4,52 4,11 1,09 9,72
DT 2019 277,25 243,67 343,72 325,38

Tableau 3 : Evolution de la dominance de la plus grande tache (LPI) en pourcentage, de l’aire médiane (AMED) en km2 et de l’aire moyenne (AMOY) en km2 des différentes classes de l’occupation de sol au niveau des sections communales et de la commune de Vallières. Ces données sont issues des images Landsat de 1984, 1998 et 2019 de la commune de Vallières (Haïti).

Indices Trois Palmistes Grosse Roche Corosse Commune Vallières
Zone forestière 1984 LPI 98,24 98,24 99,78 98,99
AMOY 1,41 4,55 3,10 2,12
AMED 0,01 0,02 0,01 0,01
1998 LPI 93,10 93,05 98,51 94,22
AMOY 0,17 0,04 0,47 0,19
AMED 0,00 0,01 0,00 0,00
2019 LPI 18,78 8,77 13,29 26,82
AMOY 0,02 0,02 0,02 0,04
AMED 0,00 0,01 0,00 0,00
Zone agricole 1984 LPI 35,10 35,10 12,16 4,69
AMOY 0,00 0,02 0,01 0,04
AMED 0,00 0,00 0,00 0,00
1998 LPI 18,73 11,45 31,18 10,29
AMOY 0,04 0,16 0,02 0,03
AMED 0,00 0,00 0,00 0,00
2019 LPI 57,93 62,35 43,50 60,70
AMOY 0,04 0,32 0,21 0,09
AMED 0,01 0,01 0,01 0,00
Zone dénudée 1984 LPI 9,35 9,35 9,72 3,47
AMOY 0,01 0,01 0,01 0,00
AMED 0,00 0,00 0,00 0,00
1998 LPI 16,13 45,32 23,69 2,70
AMOY 0,01 0,01 0,01 0,00
AMED 0,00 0,01 0,00 0,00
2019 LPI 2,43 4,56 66,76 3,00
AMOY 0,02 0,01 0,02 0,01
AMED 0,01 0,01 0,01 0,02


Discussions
Approche méthodologique

Les images Landsat sont gratuitement disponibles et peuvent être préconisées pour des études à grande échelle, car elles permettent d’avoir une vision globale de tout le paysage (Bamba, 2010 ; Barima et al., 2011 ; Mama et al., 2013). Couplées au nombre réduit des classes de l’occupation du sol définies et à la bonne connaissance du terrain, les classifications supervisées des images Landsat ont abouti aux valeurs acceptables de précisions de cartes produites (Mama et al., 2014). Par ailleurs, les données de bases utilisées pour analyser les dynamiques d’anthropisation des écosystèmes forestiers de la commune de Vallières sont issues des indices de structure spatiale relatifs à l’aire et au nombre de taches et qui sont susceptibles d’élucider la fragmentation des paysages complexes (Burel et Baudry, 2003 ; Bogaert et Mahamane, 2005). Il est à noter que peu d’indices ont été utilisés, car la plupart sont fortement corrélés (Bogaert et Mahamane, 2005).

Dynamique paysagère, anthropisation et conséquences écologiques sur les écosystèmes forestiers dans la commune de Vallières
L’analyse de la dynamique du paysage de la commune de Vallières montre que la formation naturelle a été remplacée par les formations anthropiques (zone agricole et zone dénudée). Les résultats obtenus illustrent l’ampleur et le rythme de la déforestation atteignant un taux annuel de 1,92% entre 1984-2019, qui reste bien supérieurs aux taux enregistrés entre 1985 et 2018 au niveau des parcs nationaux de La Visite (1,2%) de Macaya (1,4% ; Salomon et al., sous presse). C’est la section communale de Corosse qui enregistre le plus fort taux de perturbation et de perte de superficie forestière (2,41%) au cours de la deuxième période (1998-2019) probablement en raison de l’ouverture de nouveaux tronçons de routes, facilitant ainsi le commerce intensif du charbon de bois et de bois pour la construction. Nos résultats corroborent les conclusions de Bamba et al (2010) et cabala et al., (2017) selon lesquelles il existe un lien entre la présence des routes et la dynamique de la déforestation. De plus, la zone de Corosse présente une plus grande densité de la population évaluée à 181,47 habitants/km2 contre 148,12 habitants/km2 pour la zone de Grosse-Roche et 142,21 habitants/km2 pour Trois-Palmistes (IHSI, 2015). Ceci vient révéler la pertinence de l’influence de la densité de la population sur la déforestation, tel que confirmé par Useni et al. (2017) à Lubumbashi (RDC) et Kouakou et al. (2017) dans la forêt classée du Haut-Sassandra (Côte d’Ivoire).

L’effet de l’anthropisation sur la dynamique forestière s’est illustré par le morcellement et l’isolement des taches et leur conversion en des occupations de sols anthropiques dans le paysage. L’anthropisation des paysages a été également matérialisée par la présence d’une plus forte amplitudes de la dynamique spatiale des taches forestières par opposition aux occupations anthropiques, particulièrement au niveau des sections communales de Grosse Roche et de Corosse. Cette situation pourrait être expliquée par les conditions socio-économiques précaires de la population couplées à l’absence des services déconcentrés (hôpital, Direction Nationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement, crédit agricole, Direction des impôts, etc.) de l’État haïtien dans ces zones (MARNDR,2011). Ces résultats corroborent aussi les conclusions de Salomon et al., (2021) dans l’unité 2 des Parc nationaux naturels de la Forêt des Pins, mais aussi celles de Versluis et John Rogan (2010) à Fonds-Verrettes où les activités anthropiques ont contribué au changement de la configuration et la composition des paysages en faveur de l’agriculture. Cela sous-entend que la conquête des sols fertiles pour l’agriculture, notamment l’agriculture sur brûlis, serait à la base de la dégradation forestière au niveau des zones forestières d’Haïti. En effet, étant dépourvu de tout accompagnement étatique, la population en milieu rural d’Haïti, aux faibles possibilités de diversification économique, considère les ressources forestières comme le principal moyen pour subvenir à sa subsistance (IRATAM, 2012). De plus, avec des moyens financiers réduits qui ne permettent pas aux populations locales de s’approvisionner en intrants agricoles comme les engrais chimiques, les sols forestiers sont très appréciés par les ménages agricoles de la région en raison de leur fertilité chimique. Dans ce contexte, le rendement agricole est augmenté par le système de culture sur l’abattis-brûlis tel que démontré par les rendements du maïs (de 0,79 t/ha) et du haricot (0,36 t/ha) qui est nettement inférieurs aux rendements obtenus dans des terres fertiles qui est autour de 4 t/ha pour le maïs et 1,5 t/ha pour le haricot (MARNDR, 2017). Ainsi, suite à l’intensification des activités agricoles et l’extension urbaine sous l’effet de la croissance démographique, la zone forestière tendent vers l’épuisement de ses terres, étant donné le caractère limité de l’espace géographique selon la choralogie (Bogaert et al., 2015).

Aussi, il est à noter que les arbres des forêts sont coupés pour l’exploitation du bois d’œuvre, du charbon de bois et du bois de chauffe. En effet, le charbon de bois et le bois de chauffe sont apparus comme les seuls combustibles accessibles dans plus de 70% des ménages en zone urbaine et plus de 90% des ménages en zone rurale (Racicot, 2011), dans un contexte d’une paupérisation croissante de la population rurale d’Haïti qui vit en deçà du seuil de pauvreté (May, 2015 ; Hérard, 2019). Face à cela, l’exploitation des espèces ligneuses est considérée généralement comme palliatif logique et se fait généralement de manière non-sélective (Bellande, 2009). Toutefois, l’ampleur que prennent ces facteurs varie d’une zone à une autre et d’une période à une autre, conduisant ainsi à une répartition inégale de la perte de la couverture forestière. Ainsi, de 1984 à 1998, les changements de la couverture forestière ont été moins importants au niveau de la section communale de Corosse suite à l’accès réduit à cette section communale, matérialisée par l’absence de route la reliant aux autres zones. De plus, cette section communale a enregistré une croissance démographique relativement modeste au cours de cette période (1984-1998) contrairement à la deuxième période allant de 1998 à 2019 (PADEDD, 2008 ; IRATAM, 2012). Ainsi, entre 1998 et 2019, la section communale de Corosse a enregistré la perte forestière la plus élevée (environ 60%) de toutes les sections communales de la commune de Vallières et du pays qui n’a enregistré que 7% entre 2001 et 2017 (MDE, 2019). La dégradation accentuée du couvert végétal a mené inéluctablement à la création de zone dénudée, tel que démontré dans cette étude qui montre que ces zones couvrent environ 3,94% du paysage de Corosse, 6,88 à Trois-Palmistres en 2019 et jusqu’à 9% du paysage à Grosse Roche. Ces résultats corroborent ceux du Recensement Générale Agricole (RGA) indiquant que les 25% de terres agricoles sont abandonnée suite à la dégradation des sols à Grosse Roche, contre 20% à Trois-Palmites et 15 % à Corosse (MARNDR, 2008). Tout cela est aussi imputable à la faible capacité des différentes parties prenantes (la Mairie, les Conseil d’Administration des Sections communales, etc.) d’adresser efficacement le problème de gestion et de préservation des ressources forestières à l’échelle des sections communales de la commune de Vallières.

Implications pour l'aménagement du territoire, la gestion et la conservation

Cette étude a révélé que la production agricole et énergétique contribue à la régression des écosystèmes forestiers, probablement associée à la perte d'espèces végétales ; ceci est typique pour la plupart des zones forestières en Haïti ( MARNDR, 2010 ; Salomon et al., 2021). La fragmentation est reconnue comme la cause première de l'érosion de la biodiversité, entre autres par la perte d'habitats comme le démontre notre étude. De plus, les fragments forestiers restants peuvent être de plus en plus isolés, limitant les échanges de propagules entre les populations d'espèces animales et végétales. Pourtant, la végétation naturelle est une composante vitale de l'écosystème en fournissant des services écosystémiques comme les habitats fauniques, la régulation du climat, la fourniture de divers produits forestiers, etc. Par conséquent, il est important de préserver les quelques parcelles forestières restantes en optant pour l'amélioration des terres la sécurité foncière, l'amélioration de pratiques agricoles plus durables par les producteurs, et la mise en œuvre et l'application de la législation forestière existante. En effet, nos résultats montrent que l'expansion des zones agricoles entraîne une déforestation importante. Dans un contexte de pauvreté et de coût élevé des engrais minéraux, les agriculteurs défrichent les forêts pour planter leurs cultures pendant deux à trois ans, avant d'en ouvrir de nouvelles lorsqu'ils observent une tendance à la baisse des rendements. Une telle pratique pourrait conduire à une saturation foncière car l'espace géographique est une ressource limitée (Bogaert et al. 2015 ), dans une zone où le taux de croissance démographique reste élevé alors que le rendement des principales cultures reste inférieur à leur potentiel. Parallèlement, il est nécessaire de former les agriculteurs locaux à la pratique de l'agroforesterie. Des espèces d'arbres de la famille des Fabacées capables de créer des symbioses avec des bactéries pour la fixation d'azote au profit des cultures ou celles capables de créer des symbioses mycorhiziennes existent dans la région (Koohafkan et Liline, 1987). Afin de favoriser les échanges entre communautés végétales/animales en fragments isolés, des corridors plantés d'espèces végétales indigènes devraient être créés. Cette approche a déjà été testée au Bénin ( Bogaert et al., 2011). Bien que le bois ne joue plus un rôle énergétique important dans le monde et soit remplacé par d'autres sources d'énergie (charbon, gaz, énergie nucléaire), le bois continue de jouer un rôle important en Haïti où il couvre plus de 70 % des besoins énergétiques. Cependant, nos résultats montrent que la ressource bois se raréfie dans le paysage de Vallières, ce qui a des conséquences à la fois économiques (perte d'emplois et de revenus pour les charbonniers) et sociales (le manque de bois énergie limite la quantité d'aliments cuisinés et a donc des conséquences pour la nutrition et la santé). Il est à noter que le développement rapide du réseau de charbon de bois est une réaction populaire au dysfonctionnement du système d'approvisionnement en électricité des villes haïtiennes. Ainsi, afin de réduire la collecte de bois pour la production d'énergie, de nouvelles techniques et pratiques doivent être adoptées (Bangirinama et al., 2016 , Useni et al, 2017 ).

Conclusion

La présente étude a permis d’évaluer les changements opérés dans le paysage de la commune de Vallières (Haïti) et de ses sections communales à travers les outils d’analyse de l’écologie du paysage couplée à la télédétection et aux Systèmes d’Information Géographique (SIG). Notre hypothèse centrale affirmait que la gestion inappropriée de l'expansion des terres agricoles et nues dans le paysage a conduit à la fragmentation et à l'isolement des parcelles d'écosystème forestier, à des degrés divers du contexte socio-économique de chaque section ; sur la base de nos observations et analyses, nous confirmons cette hypothèse. En effet, les résultats obtenus révèlent que les classes anthropiques ont enregistré une augmentation de leur surface au niveau de la commune de Vallières et de ses sections communales au détriment des zones forestières. Ainsi, la création de nouvelles taches des zones agricoles suivie de leur fusion a entraîné une modification de la structure spatiale du paysage de la commune de Vallières et de ses sections communales à des rythmes différents. Dans ce contexte, les zones forestières sont de plus en plus menacées par les activités anthropiques. Ainsi, entre 1984 et 2019, la proportion des zones forestières a fortement régressé dans le paysage à travers le morcellement de ses taches. Les forêts qui dominaient largement le paysage entre 1984 et 1998 au niveau de toutes les sections communales, se sont retrouvées en 2019 à l’état des fragments au sein d’une matrice agricole. Les conditions socio-économiques précaires de la population locale en rapide croissance couplée à l'absence d'une politique de bonne gouvernance des ressources forestières sont à la base de la dynamique paysagère observée.

Remerciements

Les auteurs sont très reconnaissants envers l’Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieure- Commission de la Coopération au développement (ARES-CCD) et l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) pour le support financier à la réalisation de ce travail.

Waselin Salomon, PhD-C, Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech, Unité Biodiversité et Paysage, 2 Passage des Déportés, 5030 Gembloux (Belgique). Université d'État d'Haïti, Haïti, Campus Henri Christophe de Limonade. 1130, Rte Nationale # 6 Limonade (Haïti).

*Auteur correspondant : s.waselin@yahoo.fr, w.salomon@uliege.be ; Tel : +32465289793 et +50933511330

Yannick Useni Sikuzani, PhD, Professeur associé, Unité Écologie, Restauration écologique et Paysage, Faculté des Sciences agronomiques, Université de Lubumbashi, 1825, Lubumbashi (RD Congo). SikuzaniU@unilu.ac.cd,

Akoua Tamia Madeleine Kouakou, PhD, Université Jean Lorougnon Guédé, Unité de Formation et de Recherche Environnement, 150 Daloa (Cote d'Ivoire). tamia_akoua01@yahoo.fr ;

Sadaiou Sabas Barima, PhD, Professeur, Université Jean Lorougnon Guédé, Unité de Formation et de Recherche Environnement, 150 Daloa (Cote d'Ivoire). byssabas@yahoo.fr,

Jean Marie Theodat, PhD, Professeur, Université d'État d'Haïti (Haïti), Faculté des sciences, URBATeR, URBALaB, Angle Rues Joseph et Mgr Guilloux, Port-au-Prince, Ouest (Haïti). Université Paris 1, Laboratoire de géographie PRODIG, Campus Condorcet Bâtiment Recherche Sud 5, cours des Humanités 93 322 Aubervilliers Cedex. jmtheodat@yahoo.fr
Jan Bogaert, PhD, Professeur ordinaire, Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech, Unité Biodiversité et Paysage, 2 Passage des Déportés, 5030 Gembloux (Belgique). Ecole régionale postuniversitaire d'aménagement et de gestion Intégrée des forêts et territoires tropicaux, Kinshasa, République Démocratique du Congo, J.bogaert@uliege.be,


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