PLATEFORME D'ÉDUCATION FINANCIÈRE

Peut-on s'en passer de «la Banque centrale», est-ce un mal nécessaire?

Un secteur bien déterminé parle de plus en plus de l'élimination de la Banque Centrale.

Le nouveau président de l'Argentine Janvier Milei, un ultralibéral d'extrême droite, est un partisan de cette élimination, il est aussi un grand adepte de l'économie de marché.

Même si on peut ne pas l'accepter, on comprend bien cette position extrême du nouveau Président, face à l'incapacité de la Banque Centrale Argentine à faire face à une situation financière catastrophique avec: une inflation supérieure à 142%  en glissement annuel en décembre 2023, un peso qui est passé sur une année de 1USD pour 150 pesos à environ 1USD pour 1000 pesos aujourd'hui et une pauvreté de plus de 40% de la population.

Il est évident qu'avez de tels résultats la politique monétaire conduite par la Banque Centrale d'Argentine en 2023 a été  un échec. Mais les lois de ce pays ne permettent pas à un Président d'effacer aux pieds levés une institution Régalienne qui a bien d'autres missions.

En tout état de cause, on peut se demander à juste titre quelles sont les missions d'une Banque Centrale?

La banque centrale est l'institution unique qui conçoit et exécute la politique monétaire dans un État. Ainsi, elle émet les billets de banque,  octroie le crédit à l'État et à l'économie, agrée et supervise le secteur bancaire et joue le rôle de prêteur de dernier ressort du système national de paiement. Cette banque centrale participe à la création et à la destruction de la monnaie par ses interventions sur les taux d'intérêt,  sur le taux de réescompte ou sur la masse monétaire dans le cadre des mesures quantitatives en particulier en période de crise( crise financière 2008-2009).

Une banque centrale a pour principales tâches  de mener une politique monétaire de nature à assurer la stabilité des prix, c'est-à-dire avoir une inflation faible et stable et une monnaie nationale tout aussi stable. Elle doit aussi contribuer à la gestion des fluctuations économiques.

 

En Haïti, la législation en vigueur assigne quatre(4) missions fondamentales ou rôles à la BRH, ainsi énoncés

1- défendre la valeur interne et externe de la monnaie nationale qui est la Gourde;

2- assurer l'efficacité, le développement et l'intégrité du système de paiements;

3- assurer la stabilité du système financier;

4- agir comme banquier, caissier et agent fiscal de l'État.

 

La BRH aujourd'hui fait face à des défis et enjeux majeurs, en particulier dans le domaine de l'innovation et des nouvelles technologies et face à une économie Haïtienne en phase de déconstruction. 

 

Conclusion.

Avant même de parler d'élimination de la banque centrale, il faut bien prendre le temps de s'enquérir de ses missions réelles dans l'économie d'un pays et en ce qui nous concerne dans l'économie haïtienne.

Les Défis et enjeux que la BRH doit affronter au quotidien dans un environnement très volatile et dès fois informel sont énormes.

De plus en référence à ses missions, la BRH ne mène pas que la politique monétaire du pays, elle est impliquée dans bien d'autres activités telles, le financement monétaire du déficit budgétaire du Gouvernement, le contrôle des banques commerciales, le contrôle du secteur coopératif et même du secteur informel du marché des changes, le secteur de la télécommunication, etc.

En Haïti aujourd'hui on peut se demander par quelle autre institution il serait possible de remplacer la BRH.

De plus, la constitution et les lois de la République consacrent l'existence d'une Banque centrale.

Pour nous, la BRH doit rester un pilier du développement économique et social d'Haïti. En effet, elle peut aider Haïti à devenir un pays émergent à l'horizon 2035 (1) mais il y a des conditions.

Au cours des soixante dernières années, les Gouverneurs qui se sont succédé à la tête de la BRH ont été des citoyens compétents, cependant les autorités à la tête de l'État et les Oligarques corrompus les en ont empêchés de donner leur pleine mesure.

 

Dr Eddy N. Labossière

01/13/2024

 

( 1) Dans un autre texte, je dirai comment

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