Jeunes d'Haïti & Internet: passer du divertissement à la rentabilité

Cela fait des années que je le dis, depuis l'avènement de l'Internet, il n'y a plus cinq, mais six continents, tant les moyens et occasions de vivre et même de s'enrichir sont nombreux, variés et souvent relativement faciles, avec des possibilités qui n'ont pour limites que notre imagination.

Fort heureusement, un nombre croissant de jeunes et de moins jeunes s’approprient dans notre pays certains espaces commerciaux sur Internet, dont le plus connu probablement est Facebook Market Place. Ils utilisent cette plateforme pour vendre leurs produits et services à l’interne, mais aussi, quelques fois, à l’externe.

Malgré les efforts louables de cette minorité qui se débrouille sans l’aide de personne, force est de constater qu’une écrasante majorité de nos jeunes continue de percevoir et d’utiliser Internet, et singulièrement les réseaux sociaux, uniquement comme des outils de diversement.

 

État des lieux

D’après le site haititechnews.com, en 2017 il y avait plus de 1 million 600 mille utilisateurs de Facebook en Haïti. Sachant que le temps quotidien passé sur les réseaux sociaux par les Haïtiens ne fait qu’augmenter, il est plus qu’évident que Facebook devient un marché à part entière pour qui veut bien se donner la peine de s’en servir correctement.

Les vendeurs de panneaux solaires et de véhicules en savent quelque chose, car certains d’entre eux tirent jusqu’à 80% de leur clientèle de leurs publications sur Facebook Market Place.

 

Quelles stratégies?

 En termes de stratégie, il y a d’abord une stratégie du numérique que devrait avoir l’État haïtien. Il devrait définir une politique non seulement facilitant la mise en place et l’amélioration des infrastructures relatives au numérique, mais aussi une politique vis-à-vis de la population s’agissant d’Internet. Quel type d’Internet veut l’État? Quel type d’économie numérique veut-il favoriser dans le pays? Quel Internet haïtien l’État veut créer dans 10 ou 15 ans? Bref, toute une série de questions cruciales dont les dinosaures au pouvoir, aujourd’hui comme hier, semblent être à des années-lumière.

Malheureusement, ces dirigeants, qui en fait ne dirigent rien, sont enfermés dans une logique totalement déphasée de notre époque. Une logique qui les pousse à croire qu’il suffit de réunir quelques dizaines de jeunes au Palais présidentiel ou dans un obscur ministère, leur faire l’aumône de quelques dizaines ou quelques centaines de milliers de gourdes, et ainsi continuer le cycle infernal des importations de consommation, pour que l’économie nationale décolle.

Faute de stratégie de l’État, les jeunes et moins jeunes qui sont intéressés à tirer leur épingle du jeu sur Internet doivent impérativement définir une stratégie. Ils doivent en premier lieu savoir s’ils visent en priorité le public local ou une clientèle internationale. Ensuite, ils devront définir les produits ou services qu’ils offriront… Bien entendu, nous ne débattrons pas ici en détail de la stratégie à adopter, mais nous pensons qu’il est absolument crucial d’avoir une stratégie, surtout lorsqu’il s’agit d’e-commerce.

 

Investissements

Pour ce qui est des investissements, tout dépendra de chacun. Car, il faut rappeler que Facebook Market Place est une place de marché virtuelle totalement gratuite. Et il n’est absolument pas nécessaire de posséder quoique soit pour vendre sur cette place de marché. Je m’explique. Un exemple parmi tant d’autres: certains jeunes arpentent les rues à la recherche de véhicules en vente. Ils s’entendent avec le propriétaire pour le prix, prennent des photos dudit véhicule et ensuite les postent sur Facebook Market Place avec un prix légèrement supérieur (leur pourcentage) en indiquant bien entendu leur propre numéro de téléphone. Une fois le prix négocié avec un acheteur, ils le redirigent vers le propriétaire pour l’essai du véhicule et éventuel la transaction. Voilà comment certains jeunes dynamiques, positifs parviennent à vivre de Facebook sans pourtant y avoir investi une gourde. Les exemples de jeunes ou moins jeunes vivant de l’Internet sont légion.

Bien entendu, il y a d’autres formules, avec ou sans Facebook, dans lesquelles il est possible de gagner beaucoup plus, mais en y mettant un certain investissement.

Conclusion

Il est plus que temps que certains jeunes arrêtent de se plaindre du pays et de leur indigence et se mettent à faire fonctionner leur intelligence et surtout leur positivité pour prendre leur part du gâteau Internet. Il faut aussi rendre un immense hommage à ces femmes et ces hommes qui malgré l’absence d’encadrement vivent et parfois s’enrichissent d’Internet. Des femmes et des hommes qui sont des modèles positifs pour une jeunesse à laquelle on n’offre malheureusement presque toujours que des modèles négatifs.

 

Dimitri Cyprien

dimitricyprien@gmail.com

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