Le développement d’Haïti par le support de la coopération internationale, entre hypocrisie et utopie

L’ONU, créée en 1945, soixante-dix-huit ans d’existence ; le FMI a pris naissance à la même année ; la Banque mondiale, en 1944, quasiment octogénaire ; l’OEA, née en 1948, septuagénaire ; la BID, en 1959, soixante-quatre ans en des bilans mitigés entre missions légendaires et réalisations décevantes (Toussaint, 2020; Toussaint & Balbuena, 2005 ; Delcourt, 2021). Ces organisations internationales se vantent d’entretenir dans la permanence des « réflexions et des projets » régionaux et internationaux qui garantissent la prévention des crises et le développement intégré des nations du globe (FMI ; Bertrand Gilles, 2009 ; Ghizoni, 2013). Dès leur genèse, Haïti siège à titre d’État membre de toutes ces organisations internationales « omniscientes et omnipotentes » ou les a rejointes très tôt dans une palanquée de coopérations multilatérales.

En dépit de la présence séculaire de ces agences richissimes qui sillonnent les contours socioéconomiques des pays du Sud, aucun effet de levier n’a été déclenché dans aucun secteur. La précarité des infrastructures économiques et sociales d’Haïti qu’ils perçoivent comme la brebis galeuse de l’Hémisphère affiche la quasi-stérilité sinon la méchanceté de ces organismes multilatéraux qui fonctionnent sous divers angles comme des sociétés secrètes. Tel que révélé à travers leur immixtion dans plusieurs élections truquées, entre autres impairs, les acteurs de la communauté internationale sont souvent les principaux architectes de la conception des crises sociétales des pays du Sud. À preuve, depuis la fin de la dictature duvaliériste en 1986, il y a évidence que seules les élections générales de 1990 entreprises sous le leadership d’Ertha P. Trouillot ne souffraient de la toxicité de l’immixtion condescendante de la communauté internationale. Dans « L’échec de l’aide à Haïti », Ricardo Seteinfus a vertement critiqué la farouche ingérence de l’OEA, de l’ONU et de plusieurs ambassades aux scrutins post-séisme concoctés dans une opacité ténébreuse pour imposer en violation de toutes les références méritocratiques un fils prodigue endurci à la première magistrature du pays. Sans conteste, Michel Martelly faisait le jeu et satisfait les enjeux de l’Occident opulent, omniscient et omniprésent dans son avarice funeste nourrie par la convoitise des ressources humaines et naturelles.

L’emprise de cette communauté internationale hypocrite dans les affaires politiques d’Haïti constitue un lourd fardeau, sinon une anicroche à une trajectoire florissante du dernier de la classe de l’Hémisphère. Tandis que la convention de Vienne signée en 1969 interdit aux organismes internationaux de fourrer leurs nez dans les projets souverains des États membres, la communauté internationale s’octroie le loisir de trôner qui elle veut aux postes stratégiques du pays. Ainsi, des présidents et Premiers ministres peuvent être accouchés soit par le truchement d’élections frauduleuses ou par des tweets nocturnes. Quand c’est de cette manière qu’une nation laisse des « faux-amis » plébisciter à sa sphère politique des dirigeants impotents, elle ne peut que croupir dans l’indignité. De tels interlocuteurs sont incapables d’objecter aux désirs les plus pernicieux de ces pharisiens étrangers qui s’érigent en sponsors politiques pour facilement tirer le drap de leur côté.

La logique veut que le partenariat sincère se révèle d’une grande utilité, mais tout comportement paternaliste constitue du gaz carbonique aux poumons de l’édifice du développement endogène. Dans la perspective d’emprunter véritablement la voie du développement, il y a nécessité pour l’élite probe de cogiter sur de nouvelles alternatives qui intègrent le cachet de l’autodétermination de la république historique. 

Les missions des prestigieuses organisations internationales, très nobles et fascinantes sur du papier, mettent le focus sur l’éradication de la pauvreté, l’intégration économique, l’égalité des chances, la justice sociale, la protection de l’enfance, l’encadrement de la jeunesse, la promotion des talents sportifs et culturels, l’émergence et le support aux entreprises, etc. (Coicaud, 2001 ; De Senarclens, 2001 ; Toussaint & Balbuena, 2005) . C’est en remplissant de telles responsabilités de production de biens publics au niveau mondial que les organisations internationales ont acquis une légitimité sociale et politique en tant qu'institutions engagées dans la réalisation d'objectifs d'intérêt commun (Coicaud, 2001). Malheureusement, un ensemble d’études dénotent une diminution de la légitimité des organisations internationales due aux effets néfastes résultant de l'absence de convergence et de cohérence dans leurs actions.

En Haïti et au sein d’une multitude de sociétés de l’Afrique subsaharienne, on recense plusieurs dizaines d’organisations internationales qui disent œuvrer dans la promotion de la justice, la démocratie, un climat social stable et un développement économique soutenable. Ces institutions multilatérales - dont la Banque mondiale, le FMI, l’OEA, l’USAID, les multiples agences des Nations unies (PNUD, FNUAP, UNICEF, UNESCO, …), l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI), la BID, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’Union Européenne, etc. - ont développé des coopérations avec Haïti qui ont déjà soufflé de multiples bougies. Pourtant la précarité des résultats émanés des coopérations avec ces partenaires techniques et financiers saute aux yeux. Tandis que dans tous les domaines des enveloppes aux montants colossaux ont été « consacrées » en appui à la reconstruction et au développement du pays, Haïti ne compte pas un hôpital, un stade ou un campus universitaire de standard qui ont été érigés sous l’égide de ces organisations « partenaires ». Entretemps, des sommes gigantesques se dissipent dans des projets « fallacieux » dans un copinage malsain entre corrupteurs et corrompus d’ici et d’ailleurs.

Les mauvaises gestions sinon les corruptions des différentes parties impliquées dans les coopérations internationales avec Haïti datent de plusieurs décennies. La catastrophe naturelle la plus sanglante de l’histoire récente d’Haïti illustre dans une sombre clarté l’incompétence, l’inefficience voire la malveillance des acteurs de la plupart de ces coopérations bilatérales et multilatérales. Le séisme du 12 janvier 2010 a mis à nu les gabegies des organisations internationales. Cet évènement cruel avait suscité une psychose sans précédent quant à l’éventualité d’Haïti de s’effacer de la carte mondiale. Le séisme a causé d'énormes dégâts au pays, évalués à 7,9 milliards de dollars, soit 120 % du produit intérieur brut (PIB) en 2010 (Banque mondiale). La perte en capital humain a été très significative, avec une réduction de 17 % des effectifs de la fonction publique, incluant des personnalités dotées de grandes compétences académiques et d’expériences pertinentes dans divers domaines. Parmi les victimes, on recensait entre autres des professeurs, des étudiants et des membres du personnel administratif, affaiblissant davantage une université déjà fragilisée par la fuite massive de cerveaux. Cet événement tragique a coûté la vie également à d'illustres figures de l'élite économique et intellectuelle.

C'était un moment où les motivations variaient entre une véritable générosité dans une émotion d’une sincère philanthropie et une opportunité affairiste pour des flibustiers locaux et internationaux de tirer profit de « l'industrie de l'humanitaire ». Tous les regards étaient rivés sur Haïti. De cette sensibilisation au sommet, des professionnels de la Hollywood, des sportifs et un nombre gigantesque de « bons samaritains » avaient pris la direction de la Caraïbe. Les ONG, déjà très présentes dans cette région de l'archipel des Antilles, ont proliféré de manière exponentielle, au point que la description d'Haïti comme la "république des ONG" était tout à fait appropriée. Des annulations de dette, des promesses de financements supplémentaires et le renforcement des coopérations bilatérales et multilatérales ont été annoncés, du moins dans les discours et les plans d’action.

Malheureusement, cette empathie et ces énergies intenses n’ont pas été contrôlées, orientées et harmonisées pour accuser des résultats socialement et économiquement rentables en faveur d’Haïti. Dans une combinaison de myopie interne et de complicité externe, les fonds de la CIRH et ceux de la coopération bolivarienne issus du malheur sismique ont fait l’objet de l’une des plus grandes gabegies administratives du siècle.

 

La coopération internationale : dilemme et conflits d’intérêts

La coopération internationale poursuit trois missions principales : i) soutenir et renforcer les efforts des nations en développement pour établir des normes sociales fondamentales et universelles, permettant ainsi à leurs citoyens de jouir de leurs droits fondamentaux ; ii) encourager les pays en développement à progresser vers des niveaux de vie et de bien-être plus élevés, tout en réduisant les profondes inégalités internationales ; iii) favoriser la participation active des nations en développement dans la prestation de biens publics mondiaux (Severino & Ray, 2009 ; Alonso & Glennie, 2015). Alors que de telles missions sont magnanimes, en réalité la majorité de ces coopérations s’attèlent davantage à mobiliser des moyens immenses en des projets de saupoudrage et des publicités beaucoup plus qu’elles s’évertuent à développer des stratégies favorables à l’émergence économique des pays partenaires. Coicaud (2001) a fait remarquer que les organisations liées au "consensus de Washington", telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), se confortent à tolérer les disparités entre les nations plutôt qu'à les atténuer. Lors de l’assemblée générale de ces organisations en 2020, Toussaint (2020) plaide pour l’abolissement des institutions de Bretton Woods pour plutôt les substituer à des institutions internationales démocratiques. Le porte-parole international du Comité pour l'abolition des dettes illégitimes (CADTM) a dressé une liste impressionnante de gouvernements despotiques issus de coups d’État militaires, perpétrant des crimes contre l’humanité qui ont été pourtant soutenus par la Banque mondiale. Depuis la dictature du Shah d’Iran en 1953 jusqu’aux récentes dictatures d’Idriss Déby au Tchad ou de Sissi en Égypte, la Banque mondiale a développé cette pernicieuse manie de renforcer des pouvoirs despotiques.

Les partenaires internationaux semblent agir de manière opportuniste en des incitations antagoniques par rapport aux intérêts des sociétés en développement. En effet, l’organisation internationale justifie son existence et sa survie dans les problèmes qu’elle prétend résoudre. Il se pose clairement un problème classique d’asymétrie d’informations voire de conflit d’intérêts comme dans le contexte du problème d’aléa moral du principal-agent. Les ennuis des « pays partenaires » sont pour l’organisation internationale ce que le risque est à un gestionnaire de prime d’assurance. De manière subtile alors, les organisations internationales qui se disent à but non lucratif opèrent comme font les compagnies lucratives de l’industrie moderne. Auprès de leurs contribuables (citoyens et institutions donatrices), elles se mobilisent pour continuer d’amasser des sommes faramineuses. Dans une hypocrisie révoltante, elles se vantent d’être des sauveurs qui interviennent au secours des plus nécessiteux.

« Dans le business de l’humanitaire, chacun plante son drapeau, marque sa cible, déclame son chiffre ; un bidon d’huile, un sac de riz, une maison en bois ; rien n’y échappe. On épelle son nom sur la portière de sa voiture. La dictature de l’aide est violente, arbitraire, aveugle, …, elle fait semblant de résoudre les problèmes qu’elle s’applique à entretenir. (Assistance Mortelle) ».

En absence d’une gouvernance empreinte de systèmes de contrôle efficaces pour exiger des redditions de comptes, les États membres sont inaptes à appliquer des mécanismes pour surveiller ou vérifier les actions des organisations internationales. Il en résultera un comportement évasif des partenariats internationaux à échapper aux audits et aux supervisions des grands commis de l’État. In fine, l'administration publique, l'éducation, la santé, la sécurité sociale et la sécurité publique en pâtissent (Ocampo, 2015 ; Speijcken & Bakker, 2011). Haïti est un prototype de cette logique d’un tandem de pullulement des OI et des ONG au sein d’un État affaibli qui finit toujours par aboutir à des échecs de coordination.

Conformément aux exigences de leurs missions multilatérales, les OI reçoivent des États membres des soutiens importants. Pour persuader les donateurs du renouvellement de leurs contrats ou de potentielles augmentations budgétaires, les représentants des coopérations sont enclins à inventer toute sorte de narratives. Quitte à confondre des maquettes et des présentations PowerPoint avec des réalisations concrètes. Dans leurs pratiques, les OI déploient des missions onéreuses pour géoréférencer des projets miroitants sur du papier, mais bidon sur le terrain. En des scènes hollywoodiennes, elles exposent des sourires angéliques d’enfants heureux qui vont à l’école, de parents bénéficiaires de supports financiers, d’agriculteurs ayant accès au crédit agricole, des commerçantes des zones rurales sorties de la pauvreté, des jeunes initiés à des sports, etc. Les résultats navrants parlent plus que les paroles de vantardise.

Dans la réalité, la part du budget allouée aux « experts » pour leurs honoraires et les primes de risques est de loin surévaluée par rapport aux montants réels destinés à l’exécution des projets. Il est révoltant de constater que même quand une expertise professionnelle locale se prouve, les OI préfèrent mobiliser des consultants étrangers qui explosent la masse salariales des projets. Tandis que plus de 80% des Haïtiens les mieux formés résident à l’étranger (Banque mondiale), le renversement de cette préférence de l’expertise internationale dans les projets des OI est à encourager puisqu’il peut contribuer à la rétention et à une fuite inversée de cerveaux au profit du pays. Parallèlement, une priorité de recrutement des nationaux aurait tiré vers le haut le niveau économique et social par l’amélioration du capital humain engendré (Docquier, 2007).

 

La corruption, source d’inefficacité des OI

Tandis que les activités de corruption fragilisent les systèmes économiques en perturbant la concurrence, en sapant le développement et en déstabilisant la bonne gouvernance (George et al., 2000 ; Hamra, 2000), peu de succès en ce qui concerne l'impact des efforts de lutte contre la corruption soutenus par les donateurs a été enregistré (Disch et al., 2009). Ce cancer au développement (sic. James Wolfensohn) qui demeure un problème international grave sur le plan politique, économique et juridique a aussi atteint des fonctionnaires étrangers (Pacini et al., 2002). C’est pourtant depuis le début de la décennie 1990 que des institutions avaient exprimé un intérêt manifeste à lutter contre ce fléau. La corruption décourage les investissements directs étrangers (IDE) par des taxes irrégulières aux entreprises et du manque d’incitations à investir (Hafner-Burton & Schneider, 2019 ; Cuervo-Cazurra, 2006 ; Habib & Zurawicki, 2002).

Un vaste champ d’études (e.g., Sandholtz & Gray, 2003 ; Gerring & Thacker, 2005) ont établi que les pays mieux intégrés dans la société internationale sont davantage exposés à des pressions économiques et normatives visant à lutter contre la corruption. Par exemple, Les membres des organisations internationales qui s'adonnent à la corruption risquent d'être sanctionnés plus facilement par leurs collègues au sein de l'organisation, ce qui pourrait les priver d'avantages financiers ou d'autres privilèges en raison de leurs actes répréhensibles (Sandholtz & Gray, 2003). C’est la même idée que véhicule Johnston (2001) en stipulant que les organisations internationales peuvent jouer un rôle dans l'établissement et la propagation de normes et de pratiques, qui finissent par être adoptées par les élites politiques. Cependant, n’empêche de constater que la corruption continue de ronger le développement de plusieurs pays signataires des conventions internationales. C’est le cas d’Haïti dont la participation à des conventions et traités internationaux est pourtant vieille de longue date. Haïti se dresse comme une confirmation de l’autre thèse qui admet que les organisations internationales peuvent inciter plutôt que dissuader les abus de pouvoir, indépendamment de ce que prônent les règles officielles. La corruption se propage de manière dynamique, passant d'un individu ou d'un groupe à des niveaux organisationnels, voire institutionnels et internationaux.

Des dirigeants politiques inaptes à saisir la dimension de leurs attributions facilitent l’expansion de diverses formes de corruption à la fois au sein des organisations et entre les pays (Becker et al, 2009). Mais aussi, la corruption peut se propager verticalement à travers les réseaux personnels d'élite en dehors de l'organisation, ainsi que par le biais d'institutions nationales (Hafner-Burton & Schneider, 2019). Les auteurs critiquent l’œil aveugle de l’internationale dans les systèmes à fort taux de corruption en ce sens qu’elle peut non seulement accroître les pressions et les incitations à la corruption parmi ses membres, mais elle peut également refuser de fournir des normes contre les abus de pouvoir. Par exemple, Lynch (2022) et Lynch (2007) ont évoqué des scandales de mauvaises gestions et de corruption généralisée du personnel de l'ONU en République démocratique du Congo et en Haïti. Il ressort que les pratiques de corruption des coopérations internationales n’ont pas cours uniquement dans les pays en développement. Par exemple, Warner (2011) suggère que l'adhésion à l'Union européenne n'a non seulement échoué à réduire la corruption dans les États membres, mais elle a également exacerbé et institutionnalisé ce cancer.

Il s'avère que les initiatives internationales de lutte contre la corruption ne sont pas la panacée pour moderniser les pays, car les organisations internationales comportant des membres corrompus peuvent servir de canaux qui tolèrent la corruption et échappent ainsi à l'application des règles (Hafner-Burton & Schneider, 2019). En l'absence d'une vision et du respect des principes, les sociétés sous l'influence des organisations internationales peuvent même voir la corruption s'aggraver (Fleming & Zyglidopoulos, 2008 ; Forsberg & Severinsson, 2013). Par conséquent, ce sont les institutions chargées de surveiller et de sanctionner les comportements illicites des gouvernements et des entreprises qui devraient jouer un rôle essentiel, sinon résoudre complètement le problème (Rose-Ackerman et Palifka, 2016). L'efficacité des institutions locales chargées de faire respecter la loi, afin de tenir les acteurs responsables de leurs actes répréhensibles, s’avère pertinente pour promouvoir l’éthique et obtenir des résultats probants dans les coopérations.

 

La gouvernance internationale requiert des révisions en profondeur

Chaque organisation internationale gère annuellement de lourdes enveloppes budgétaires ; pourtant, mesurés à l’aune de leurs missions et leurs attributions, les résultats produits par la plupart des OI sont décevants. Telle organisation détient pour mission la préservation de la paix et de la sécurité internationale ; telle lutte contre la pauvreté en apportant des aides, des financements et des conseils aux pays en voie de développement. Telle autre consolide la démocratie représentative et favorise le développement économique, social et culturel ; enfin telle autre œuvre dans la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales et fait la promotion de la coopération et l’intégration régionale.

D’aucuns seraient tentés d’acquiescer la soutenabilité de cette pratique ignoble des organisations internationales qui ont failli à implémenter des projets de paix et de développement dans la sincérité. Ce serait accorder carte blanche à la tromperie et à l’inefficacité. Il convient de se référer aux termes de références des organisations pour déduire que celles-ci ne devaient point chercher à faire perdurer la douleur de la pauvreté. En effet, les consignes et les notes postulées dans les idéologies, les missions et les valeurs dégagées par les institutions multilatérales sont tellement justes qu’elles se rapprochent des prescrits sacro-saints transcrits dans les Saintes Ecritures. À la seule différence, on constate que l’hypocrisie humaine y fait rage et sape les objectifs magnanimes, seulement noirs sur blanc, que se disent poursuivre ces organisations internationales. À travers le monde et particulièrement dans les pays accusant des retards économiques fulgurants, les ONG et les OI sont fort souvent indexées de malversation, de corruption et d’exploitation multiforme. Des alternatives de contrôles semblent alors s’imposer pour effectivement accomplir les nobles Objectifs de développements durables.   

Si pour des raisons d’ordre écologique, sociopolitique, géopolitique les organisations internationales devraient conserver leur importance en politique internationale pour cinq raisons principales (Coicaud, 2001), celles-ci sont aussi conviées à remplir les attributions qui leur confèrent leur existence. Cela ne fait aucun sens que des coopérations bilatérales et multilatérales, de plus d’un demi-siècle, huilées dans la somptuosité et la richesse prodigieuse ne puissent accoucher des projets soutenables visibles au profit du bien-être collectif.

Trop de malades sans accès aux soins de santé, trop d’enfants démunis privés du pain de l’instruction, trop de famine, trop d’insécurité, trop de Ti-Sentaniz, trop de « Diamants » dans les rues, dormant à la belle étoile et sur les galeries des édifices fissurés. S’imposent alors de nouvelles approches empreintes de sincérité et d’une volonté manifeste de produire des résultats concrets et durables.

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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Références

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