Dès la publication de la liste des candidats qui seront retenus pour les prochaines compétitions électorales en Haïti, à tous les postes retenus selon la loi électorale, tous les hommes et les femmes qui seront retenus comme candidats indépendants, et ceux issus des partis politiques seront invités à mobiliser la grande machine de communication et de marketing pour réaliser et réussir la campagne électorale.
De quoi auront-ils besoin véritablement ces candidats et candidates pour gagner les élections ? Certainement un bon programme et un bon parcours dans les masses dans certains cas, un capital politique et social, et surtout des ressources économiques et financières, en dehors d'une équipe préparée, motivée et de confiance. Plus que ces atouts, la réussite de cette entreprise politique va inévitablement passer par la mobilisation des ressources culturelles et des compétences artistiques multiples.
Difficile de parler de campagne électorale d'hier à nos jours surtout, en Haïti comme dans plusieurs autres coins du monde, tels les pays d'Afrique, aux États-Unis ou en Europe, sans mentionner l’apport significatif et capital des professionnels et des entreprises qui évoluent dans les industries culturelles. Impossible de penser à la campagne électorale sans établir la liste des produits et des services culturels, connexes et complémentaires à la communication et à l'animation.
Dans l'objectif d'influencer les sens dans tous les sens, de façon objective à permettre au plus grand nombre de garder le focus sur le numéro et l'emblème, sur les couleurs et le visage du candidat et du parti politique, toutes les formes d'expressions artistiques et culturelles seront mis en avant dans la planification et la communication. La musique et le théâtre, les arts plastiques et visuels, les impressions et l'animation, les créations numériques et l'innovation, les traditions et les légendes vont alimenter ce cocktail culturel indispensable à proposer dans la bataille électorale.
Des secteurs d'activités hautement importants et stratégiques, dans lesquels les partis politiques et les candidats les plus agressifs et visionnaires devraient investir, avant la grande messe. À travers les campagnes électorales qui ont conduit aux élections des quatre derniers chefs d'État haïtiens : Jean-Bertrand Aristide, René Préval, Michel Joseph Martelly et Jovenel Moïse, on peut facilement identifier les apports et l'influence de ces produits et services culturels dans la réussite de ces derniers ? Une bonne occasion n'est-ce pas pour encourager certains jeunes à se former et à développer leurs compétences dans ces champs professionnels ?
Des partis politiques, parmi les plus riches et les plus influents qui disposent des moyens pour mobiliser et se procurer toutes ces ressources culturelles en Haïti et à l'extérieur, à travers des services et produits de qualité, n'auront certainement pas à s'inquiéter. Dans l'autre camp, composé des partis et des candidats aux moyens limités, ces derniers devraient commencer par anticiper des mois et années avant, pour investir soit dans la formation des ressources, ou dans la création des entreprises qui devront leur offrir les meilleurs produits et services incontournables, qui doivent servir à moindre coût, de l'essence dans la prochaine campagne électorale.
Des ateliers d’impressions sur tissus (maillots, banderoles, oriflammes, etc.), utilisant les techniques artisanales ne demandent pas beaucoup en termes d’investissement pour fonctionner. En dehors de l'acquisition des intrants et du recrutement des professionnels comme des techniciens de l’impression et les professionnels du graphisme, ce sont parmi les investissements culturels intelligents que les politiques devraient consentir avant la fièvre électorale. Combien de partis politiques disposent déjà de ces ressources humaines, pour la plupart formées à l’École nationale des Arts (ENARTS) qui pourraient faire fonctionner ces ateliers ?
Dans la fabrication des maillots et d’autres vêtements utilitaires et occasionnels, qui seront imprimés avec les couleurs, les logos ou emblèmes, et les images du candidat, la formation et l'encadrement des hommes et des femmes, ces couturiers et techniciens spécialisés dans la couture domestique et industrielle représentent des investissements durables, tant pour les partis politiques, les candidats et pour toute la communauté. Cela va permettre aux politiques de disposer une certaine longueur d’avance sur leurs compétiteurs.
Durant toute la campagne électorale, l’apport des professionnels photographes et vidéographes sera déterminant pour la réussite de ces grandes rencontres publiques et privées, et ces manifestations mobilisant les masses. Chaque candidat devrait avoir au moins son photographe personnel. Ce dernier sera obligatoirement assisté de plusieurs autres photographes qui devront se positionner dans plusieurs angles et dans les différents coins et les positions stratégiques pour la couverture, la documentation et l'archivage des événements politiques et des manifestations publiques.
Depuis toujours, le travail des professionnels de l’audiovisuel (photographes, vidéographes, créateurs de contenus numériques et du multimédia) ne se limite pas uniquement à l'activité de production, de documentation et de communication visuelle classique et basique. La présence même du photographe dans les espaces publics mobilisant de grandes foules, participent de façon complémentaire dans le travail des responsables de protocole et de la sécurité. Sa seule présence peut dévier certaines intentions, dérives, provocations, actions et réactions imprévisibles, lorsque certaines personnes peuvent se retrouver dans l'angle de vue, sachant qu'elle pourrait se faire repérer à travers certaines images et des archives.
Des mois et des années avant l’organisation des élections, on pourrait se questionner sur le nom des partis politiques en Haïti, qui disposent d’un responsable de formation, qui prendra le soin d'encourager le parti à former certaines ressources indispensables pour les prochaines campagnes ? Comment ce dernier participe-t-il et anticipe-t-il dans la recherche des bourses d'études pour les membres dans ces domaines artistiques et techniques ? Comment arrive-t-il à identifier ces formations stratégiques au profit des membres, qui pourraient servir de façon active au sein de l’organisation à l'avenir dans des postes de confiance, de compétence et de créativité ?
Des investissements culturels stratégiques à encourager autant dans les partis politiques en Haïti, ainsi que dans la planification (à court, moyen et long termes) des candidats qui veulent à tout prix entreprendre dans l'industrie de la politique dans le pays, on peut citer la formation des jeunes dans les domaines du domaine de la photographie et la vidéographie, les métiers du graphisme et de l'impression en 3D, l’animation culturelle, de l’animation numérique, de la sonorisation, et des réseaux sociaux parmi ces investissements culturels rentables et durables.
Dans l’inventaire des besoins de produits et services culturels indispensables pour toute campagne électorale que chaque organisation politique devrait lancer des mois à l'avance, afin d'anticiper la disponibilité et l'augmentation des coûts de services et de production, l'identification des talents et la préparation des ressources par la formation sont plus que nécessaires. Il n’est jamais trop tôt pour investir dans la formation initiale et continue des jeunes talents, ainsi que dans le renforcement des entreprises culturelles qui pourraient recruter progressivement des artistes, des créateurs et des techniciens créatifs qui vont faire bouger la machine de la campagne électorale à l'avenir.
D’ici les premières semaines qui suivront, la saison de recrutement des partis politiques et des candidats, les meilleures entreprises culturelles, autant que les meilleurs créateurs et des techniciens culturels commenceront par faire augmenter les enchères. Suivant le capital politique, populaire et certainement économique de chaque parti ou de chaque candidat, les prix seront modifiés, en dehors de la disponibilité et de la qualité des services qui seront fournis en temps et lieu. Autant anticiper, en commençant par investir dans la formation des ressources artistiques et culturelles internes du parti. Autant investir dans la création et/ou le renforcement des entreprises culturelles et de communication connexes et de confiance, qui deviendront des partenaires stratégiques pendant les prochaines campagnes électorales. La victoire des partis politiques dépendra de leur choix d'investir ou non dans les ressources artistiques et le renforcement des entreprises culturelles, en particulier avant les élections, et non pendant la campagne électorale.
Dominique Domerçant
