Haïti : les prix des produits alimentaires grimpent malgré une baisse constatée au niveau mondial

Au niveau mondial, les prix de certains produits alimentaires sont en baisse, a fait savoir l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au début de septembre. En Haïti, les prix de ces produits sont à leur pic malgré une baisse continue du dollar américain. Selon les observateurs, cette persistance de la cherté de la vie est due à cause de l'insécurité, de l'instabilité politique et du contrôle d'une bonne partie du territoire par les gangs armés qui empêchent la circulation des biens et des personnes.

Les prix internationaux des produits alimentaires ont baissé en août, tirés par les denrées de base autres que le riz et le sucre, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’Indice FAO des prix des produits alimentaires, qui suit les variations mensuelles des prix internationaux des produits alimentaires échangés dans le monde, s’est établi en moyenne à 121,4 points en août, contre 124,0 points le mois précédent. Les prix des huiles végétales ont baissé de 3,1% en août, inversant en partie la forte hausse de 12,1% enregistrée en juillet. L’indice d’août est le plus bas depuis mars 2021 et est également inférieur de 24% au record historique atteint en mars 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie", a martelé l'instance onusienne.

Parallèlement, sur le marché haïtien, il y a une baisse du taux de change constatée depuis plusieurs mois. Le dollar américain qui avoisinait les 160 gourdes en avril dernier se trouve désormais à 134 gourdes, suivant les dernières publications de la Banque de la République d'Haïti (BRH). Par contre, la dépréciation du roi dollar sur le marché n'a en aucun cas influencé les prix des produits alimentaires qui, à la base, ont de grandes répercussions sur le taux de l'inflation, dont plus de 40% selon les dernières données de l'Institut haïtien de statistiques et informatique (IHSI).

En Haïti, la hausse accélérée du coût de la vie constitue toujours une source de préoccupations pour les membres du secteur informel. Pour les petits détaillants, les prix des produits demeurent inchangés en dépit d’une baisse relative du billet vert sur le marché des changes. Ils soulignent que l’on obtient près de 13 mille 300 gourdes pour 100 dollar américains qui s’appréciaient auparavant jusqu’à 15 mille gourdes.

La diminution sensible constatée au niveau de quelques produits ne suffit pas à combattre la cherté de la vie, ont indiqué les détaillants ajoutant que les clients se font aussi rares en raison de la crise économique et financière qui sévit en Haïti.

Plus loin, ces marchandes s’insurgent du fait que les autorités gouvernementales n’ont pas pris des mesures célères pour décrisper l’économie et soulager les petites bourses. Ils fustigent particulièrement le ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) qui n’a pas fixé les prix des produits laissant la voie libre aux membres du secteur privé des affaires pour majorer leurs profits.

En ce sens, les produits importés et les produits locaux subissent tous les effets de l'insécurité qui empêche la bonne circulation des biens et des personnes sur le territoire. Marie Carmelle (nom d'emprunt), cette commerçante de profession exprime son inquiétude par rapport à la hausse de prix des produits alimentaires. «Pri pwodui yo tèt nèg. Wout nasyonal yo se gang ki kontwole yo. Pou w achte yon sak yanm fò w gen omwen 30 000 goud. Yon sak patat koute plis pase 1 000 dola, malanga menm se pa pale», a t-elle lancé. 

Selon plusieurs commerçants, il s'agit entre autres de l'insécurité qui est à la base de la cherté de la vie en Haïti. Parallèlement, ils soulignent que l'instabilité politique joue également un rôle prépondérant, au point que la dégradation du climat sécuritaire est avantageuse pour certains politiques. Donc, ils prétendent que l'appréciation de la gourde face au dollar pourrait quelque part faciliter une baisse du prix des produits alimentaires sur le marché, tout en précisant que la sécurité et la stabilité sont des éléments qui peuvent garantir la croissance et promouvoir la sécurité sociale et alimentaire à tous les niveaux. 

 

Oberde Charles

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