PLATEFORME D'ÉDUCATION FINANCIÈRE

Une Banque Centrale libérée de la dominance fiscale peut adopter sans contrainte une Politique monétaire conventionnelle ou non conventionnelle et même une politique monétaire moderne

Un Gouverneur de Banque Centrale à besoin à la fois d'une indépendance administrative et politique dans la conduite de la politique monétaire d'un pays afin d'atteindre une seule et unique finalité qui est en général la stabilisation des prix. En Haïti, la BRH la Banque Centrale s'occupe également de la stabilisation de la monnaie nationale.

 

Si les mains d'un Gouverneur de la BRH sont liées au pouvoir politique, il ne pourra pas avoir l'efficacité nécessaire pour combattre la dépréciation de la Gourde et la montée de l'inflation dans l'Économie haïtienne.

 

En termes d'efficacité et de crédibilité dans la conduite de la politique monétaire, le Gouverneur de la Banque Centrale doit être libéré de la dominance fiscale.

 

La Dominance fiscale est une situation où la politique monétaire est dépendante de la politique budgétaire du Gouvernement en clair, la BRH se trouve dans la situation de financer le déficit budgétaire du Gouvernement et elle ne peut pas refuser.

 

Dans le cadre de la libéralisation du marché, la Banque centrale peut adopter une Politique monétaire conventionnelle ou non conventionnelle et même une politique monétaire moderne.

 

A- La politique monétaire conventionnelle

Une politique monétaire conventionnelle est un ensemble d'instruments dont dispose une Banque centrale pour piloter le niveau de la masse monétaire.

La politique monétaire conventionnelle est articulée autour de trois (3) axes: les opérations d'open market, les réserves obligatoires et le Taux directeur.

 

1- Les opérations d'open market ou de marché libre. En Haïti, la BRH fait des injections de Dollars américains pour empêcher une trop grande dépréciation de la Gourde.

2- Les réserves obligatoires.

Les banques commerciales ont l'obligation de mettre en réserve des fonds auprès de la BRH qui peut décider d'augmenter ou de réduire le montant de ses réserves obligatoires pour influer sur le niveau de la masse monétaire....

 

3- Le taux directeur: la gestion des taux directeurs est l'instrument principal de la politique monétaire conventionnelle. Il s'agit de taux appliqués aux banques commerciales qui empruntent ou déposent de la monnaie auprès de la Banque Centrale. La Banque centrale peut ainsi influencer le coût du crédit des banques.

Souvent, pour faire baisser un taux d'inflation jugé trop élevé la Banque Centrale augmente son taux directeur. Ce qui est en accord avec les évidences théoriques et empiriques.

 

B- La politique monétaire non conventionnelle

Cette politique est appliquée quand il y a: apparition d'un risque de déflation, krach boursier, faillite bancaire, crise de confiance au niveau du marché financier, etc.

 

Ces mesures non conventionnelles prennent la forme de mesures d'assouplissement de certaines normes de la politique monétaire conventionnelle. On parle alors d'assouplissement quantitatif.

 

L'assouplissement quantitatif ou * the quantitative easing* (QE) consiste pour la Banque centrale à acheter massivement des actifs financiers des banques.  Le but étant d'injecter dans l'économie les liquidités ainsi créées afin de relancer l'activité économique et pour lutter contre la déflation.

 

C- Une politique monétaire moderne

According to the "Modern Monetary Theory (MMT), il serait possible pour un État de dépenser autant qu'il le souhaite puisqu'il a le pouvoir de créer de la monnaie dont il a besoin. Cette approche, un peu populaire aux États-Unis, trouve une forte opposition dans certains secteurs.

L'Économiste de gauche Stéphanie KELTON, est en faveur de la MMT, surtout pour le financement des dépenses sociales.

Pour l'Économiste Larry Summers, qui est contre la MMT, les dépenses publiques doivent être financées par les recettes fiscales et non par la création monétaire, cette dernière étant souce d'inflation.

Le prix Nobel Paul KRUGMAN est très sceptique vis-à-vis de la MMT, il pense qu'une forte hausse des dépenses publiques financée par la création monétaire conduirait soit à une hausse de l'inflation, soit à une hausse des taux d'intérêt.

 

Conclusion

 

Disons que la Banque Centrale devrait avoir qu'un seul objectif: la stabilisation des prix ou la maîtrise de l'inflation. Une fois cet objectif atteint, les deux (2) autres à savoir la stabilisation de la monnaie nationale et la croissance économique s'en suivront.

 

Les Politiques monétaires  conventionnelles fonctionnent avant tout par temps calme,  en période de crise économique et/ou financière souvent, à cause de la spéculation sur les marchés financiers, la Finance est devenue folle, les Banques Centrales ont recours à une politique monétaire dite non- conventionnelle.

De fait, l'articulation des politiques monétaires conventionnelles et non conventionnelles fait aujourd'hui l'objet d'un policy-mix en soi.

 

La Théorie monétaire moderne a quelque chose à voir avec la création du BRICS en 2011, cet acronyme désigne un groupe de cinq(5) pays : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud. Le BRICS veut donc se doter d'une nouvelle monnaie adossée à l'or en opposition avec le Dollar américain indépendant de l'or depuis le 15 août 1971 et qui est trop largement utilisé dans le commerce international.

 

La prochaine réunion du BRICS prévu du 22 au 24 août 2023 dans un centre de convention de Johannesburg en Afrique du Sud va-elle consacrer l'existence des systèmes bi-et multipolaires avec la création d'une nouvelle monnaie aussi forte que le Dollar américain?

Haïti ne pourra jamais se positionner dans ces sphères à cause de nos hommes politiques mafieux et de nos Oligarques corrompus, est-ce une malédiction?

 

Dr Eddy Labossière

09/08/2023

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