Éducation et économie: le cri d’alarme des écoles haïtiennes…!

De 2018 à 2023, la société haïtienne s’est inscrite dans une nouvelle dynamique autodestructrice qui n'épargne aucun secteur, en dehors des industries de l'insécurité et de la violence qui fonctionnent à plein régime. Le secteur de l’éducation la première touchée et la principale victime de ce cette situation chaotique assiste passivement à son étouffement et à son épuisement.

Dans la semaine qui suit l’organisation des examens officiels pour les classes terminales, offre souvent l’occasion de faire le bilan partiel dans les établissements scolaires, afin de mieux préparer la prochaine rentrée scolaire qui devrait se faire dans les premières semaines du mois d’aout, si et seulement le système éducatif haïtien voulait se rattraper et se mettre au pas avec le standard international.

Déficit ou perte importante au niveau de la programmation et des prévisions  pour un grand nombre d'établissements scolaires privés, en particulier des écoles laïques qui ne bénéficient ni de subvention de l’État ou de l’international et qui doivent répondre aux exigences de la fiscalité comme toutes les autres entreprises de la place.  À quand des états généraux sur le financement de l'éducation en Haïti ? Quelles sont les possibilités pour voir créer un fonds d'investissement ou de renforcement des acteurs du système éducatif haïtien ? 

Durant cette nouvelle année académique 2022-2023 qui vient de s’achever entre la fin de juin et le début du mois  d’aout, avec certains retards rattrapés en cours de route, l'année académique n’a pas été de tout repos, après les deux à trois premiers mois avortés par la dernière saison de pays lock. Si bon nombre de parents étaient contraints de payer les frais annuels et l'écolage mensuel, malgré le nombre de jours de classes interrompu, un grand nombre des responsables des établissements scolaires allaient faire face à l’augmentation significative des prix de la gazoline et des autres produits pétroliers, pour les principaux établissements qui utilisent des génératrices, des équipements informatiques et domestiques, comme la climatisation pour aérer certaines salles ou pour protéger des équipements.

Des dépenses imprévisibles et des manques de rentrées durant l'année académique, les responsables des établissements scolaires privés, en particulier des écoles laïques, qui ne disposent pas de parrainage local ou de subventions ou des dons de l’international, viennent de confirmer plus que jamais que le secteur de l'éducation est un des domaines d’investissement en Haïti à haut risque. Ce qui confirme la réticence de certaines entreprises financières ou bancaires à accorder aux entrepreneurs, aux  opérateurs éducatifs, encore moins aux professeurs des prêts.

Décapitalisation progressive et significative du secteur de l'éducation en Haïti,  pour de nombreux opérateurs et dans pratiquement toutes les filières pour ne pas dire tous les maillons de la chaîne. Au niveau préscolaire, fondamental, secondaire, professionnel et universitaire entre autres,  ce sont les établissements scolaires et de formation supérieure qui vont fermer leurs portes une nouvelle fois. Face à la dépréciation de la gourde, pour payer les loyers en dollars, et la clientèle qui réduit considérablement, même avec des augmentations des frais de scolarité, certaines institutions ne pourront pas tenir.

Durant l'année académique 2022-2023, le programme humanitaire des États-Unis n’a pas épargné la communauté éducative haïtienne. Des dizaines, des centaines et des milliers d’élèves inscrits ou en attente de la lettre de confirmation sont partis au milieu de l’année académique, sans se présenter dans les salles de classe encore moins pour payer la scolarité. Plusieurs membres du personnel de nombreuses institutions éducatives et  du corps professoral en particulier, ont été contraints par les violences  pour ne pas pouvoir  se présenter en sale de classe, quand ils ne suivent pas les mêmes voies des élèves. Les déplacements planifiés et les voyages humanitaires figurent parmi  les grands ennemis du système éducatif haïtien depuis plus de cinq ans. 

Devant cette sombre radiographie de la migration comme option de survie pour les familles du pays, la planification devient presque impossible. La sociologie et l'ingénierie économique et financière du secteur éducatif représentent de nouveaux défis pour les acteurs. On assiste à une forme de destruction silencieuse des bases qui pouvaient garantir une certaine qualité de l’éducation en Haïti. 

De l’autre côté de la frontière, les autorités éducatives et financières de la République dominicaine se frottent les mains, malgré les déportations massives des Haïtiens en situation irrégulière, avec l’arrivée massive de nouvelles familles haïtiennes, accompagnées de leurs enfants. Ils sont plusieurs centaines de milliers,  ces écoliers et ces étudiants haïtiens qui doivent poursuivrent leurs études primaires, secondaires, techniques et universitaires chez le voisin bien-aimé. Une belle récolte des transferts d'argents de la diaspora haïtienne va renforcer l'économie de la République dominicaine face au déclin du système éducatif haïtien. 

 

Dominique Domerçant

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