Haïti/Insécurité

le secteur touristique mis à genou

Les activités dans le secteur touristique en Haïti ont considérablement baissé ces dernières années. L’artisanat, la branche Restaurant et Hôtel ont fortement subi les conséquences de la violence des gangs qui empêchent la libre circulation des vies et des biens sur le territoire. Et le pire, de plus en plus de pays de la région continuent d’exiger à leurs ressortissants de quitter le pays à cause de l’insécurité et des troubles sociopolitiques qui peuvent survenir.  

Le Canada et les États-Unis sont les deux puissances, qui ont récemment demandé leurs ressortissants de quitter le territoire haïtien . À travers un communiqué publié à la fin du mois de juillet 2023, les autorités canadiennes alertent leurs citoyens en Haïti en ce sens: «La situation sécuritaire demeure instable. Les rassemblements de manifestants sont spontanés et imprévisibles. Ils donnent parfois lieu à des confrontations avec les forces de l’ordre et à des actes de violence. Des barrages routiers et des barricades enflammées sont parfois érigés de façon soudaine, perturbant ainsi certaines routes importantes dans diverses régions, notamment à Port-au-Prince et dans les environs de l’ambassade du Canada. L’accès à l’aéroport international Toussaint-Louverture pourrait en être affecté (...) Les taux de criminalité sont élevés dans les grands centres comme le centre-ville de Port-au-Prince, où opèrent des gangs armés, ainsi que près de la frontière avec la République dominicaine, où les activités criminelles sont répandues. Le nombre d’incidents violents a augmenté depuis 2020, notamment les enlèvements à Port-au-Prince et ses alentours", ont-ils précisé. Entre autres, toutes ces déclarations ont d’énormes répercussions sur le fonctionnement du tourisme, a commenté un agent du secteur. 

Godson Lubrun, Coordonnateur du Groupe d’Appui et de Réflexion sur le Tourisme en Haïti (GARTH), remonte à la crise sociopolitique du pays comme l’un des éléments dévastateurs du secteur depuis 2018. «L’industrie est mise à plat. Les crises à répétition mènent le secteur à une situation compliquée. La liberté des personnes qui est un principe élémentaire du tourisme n’est pas garantie. La crise des "pays lock", la crise sanitaire du Coronavirus de 2020, les épisodes d’instabilité politiques et l’insécurité généralisée qui viennent à la suite ont occasionné une décroissance du secteur. D’où au niveau économique,  il n’y a aucune recette alors qu’en plein été, c’est la période les fêtes champêtres, les fêtes patronales, les journées récréatives et des festivals partout sur le territoire".

Coriolan Jonel, un artiste peintre qui expose ses dizaines de tableaux près de la place Saint-Pierre et de l’hôtel Kinam à Pétion-Ville explique qu’il y a une forte diminution des activités touristiques dans la commune.Tout cela, dit-il, est dû à la dégradation du climat sécuritaire du pays et l’instabilité politique qui fait rage ces dernières années. «J’ai plus de 10 ans d’expérience dans la vente de tableaux artisanaux.  Ces trois dernières années peuvent être considérées comme les pires que nous avons vécu. Pas de touristes, les activités du secteur sont au point mort, nous sommes incapables de répondre même aux besoins de notre famille convenablement. L’ insécurité provoque un ralentissement total de toutes les activités, les gens ont peur de circuler, les touristes étrangers et les gens de la diaspora ont peur de venir en Haïti. Ils s’inquiètent de leurs vies, ils ne veulent pas s’y rendre pour ne pas être victimes du kidnapping " , a-t-il lancé.

 Abner Septembre, entrepreneur, propriétaire d’un hôtel à Petit-Goâve décrit à partir d’un tableau sombre les calamités du secteur durant ces dernières années. «Situé à la deuxième section communale, l’hôtel Villa Banyen se donnait pour mission de desservir la communauté à partir des ressources locales disponibles. Notre clientèle se composait entre autres de professionnels venus de divers endroits du pays, des familles de l’étranger et de la diaspora haïtienne et principalement ce qui nous attirait le plus de touristes c’est l’événement baptisé «foire de la montagne ou l’écotourisme de la montagne»,qui réunissait autrefois un grand lot de touristes dans la localité. Depuis la recrudescence de l’insécurité sur le territoire, toutes nos activités ont baissé. Sauf une situation d’urgence peut emmener une personne à héberger dans un hôtel à Petit-Goâve pendant plusieurs jours, depuis la montée de l’insécurité dans le pays», précise-t-il.


La paralysie des activités du secteur ont des conséquences graves sur l’économie rappelle le responsable du GARTH. Celle-ci provoque une absence de devises étrangères, conduit à un nombre considérable de personnes au chômage, relate-t-il puisque le secteur du tourisme garde à lui seul un nombre considérable d’emplois à travers la branche Hôtel et Restaurant. Entre autres, l’insécurité réduit les entrées de capitaux et les investissements en ce sens, ajoute-t-il.

Ainsi, Godson Lubrun plaide pour la restauration d’un climat sécuritaire propice au développement du tourisme et la stabilité socio-économique du pays. Pour sa part, Abner Septembre appelle à la production de richesse, la création de l’emploi et un dialogue manifeste entre les acteurs haïtiens en vue de donner une réponse à la crise, résoudre le problème de l’insécurité et les principaux problèmes environnementaux pour faciliter la relance des activités touristiques et relever les défis économiques. D’un autre côté, en tant qu’artisan, Jonel croit que le secteur du tourisme peut contribuer au développement de plusieurs autres secteurs d’activités du pays. En ce sens, il croit qu’il est important de placer ce secteur au centre du développement du pays.


 

Oberde Charles

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