Pour son troisième Symposium, IGgEP mobilise les citoyens du Nord autour de la Gouvernance

L'institut de gestion, de gouvernance et des Études politiques (IGgEP) a organisé dans le Nord du pays, les 21 et 22 juillet dernier, deux journées de discussion autour de la gouvernance. Réunissant des cadres et des spécialistes de plusieurs secteurs, cette activité a été l'occasion de mobiliser des citoyens du département sur des sujets liés à l'engagement citoyen, le développement, la politique, l'économie et la santé. Déus Deronneth, directeur exécutif de l'institution rappelle qu'il s'agit d'un devoir d'engager les problèmes du pays avec les acteurs. D'où la nécessité, dit-il, d'organiser la conciliation d'intérêt qui peut s'avérer divergente dans l'administration entre les dirigeants et les dirigés.

 

 

« La gouvernance par sa simple définition traduit la manière de gouverner et d'exercer le pouvoir. Dans un État, lorsque les intérêts sont mal gérés, il y aura toujours des crises. En Haïti, il y a un système de gouvernance hybride qui se repose sur l'administration de l'État et celle des collectivités territoriales qui ne cessent de poser des problèmes quant à leurs modes de fonctionnement. Depuis 1987, le pays fait face à des difficultés de décentralisation qui causent beaucoup d'injustices aux responsables des collectivités. En outre, il y a un budget de l'État qui met de côté celui qui pourrait fixer les normes liées au bon fonctionnement des municipalités et des sections communales. De par la finalité de la gouvernance qui vise la création de valeurs et du bien-être collectif, nous nous demandons pourquoi en Haïti, il y a autant de malheurs et de misères, pourquoi la faim, pourquoi la corruption, l'insécurité, entre autres », s'interroge l'ancien député de Marigot à la 50e législature.

 

 

En conséquence, la mauvaise gouvernance qui sévit dans le pays depuis plusieurs décennies a donné pour résultat un échec unanime et visible de la politique haïtienne. « Les indices qui caractérisent l'évolution du pays sur le plan politique, social, culturel, écologique et économique mettent à l'évidence la faillite totale de l'Etat et la désagrégation générale de notre société, menacée aujourd'hui de disparition. Durant ces dix dernières années, le pays fait face à un déficit de souveraineté, multiplication des actes de violence et de l'insécurité, incapacité des autorités locales d'organiser des élections sans un support de la communauté internationale; la loi et les principes sont violés, l'injustice se propage dans tous les recoins du pays, pas de protection sociale pour les plus vulnérables, etc. L'État est quasi-inexistant! L'espace de gouvernance est confié à ceux qui ne sont pas citoyens, des gens qui n'ont rien à voir avec l'article 52-1 de la constitution, stipulant les diverses caractéristiques pour être citoyen. L’Université n'est pas au service de la gouvernance, encore moins de la société. Les problèmes du pays ne concernent guère les universitaires. L'un s'exprime en Français, l'autre vit dans la misère. Les gens éduqués se retirent de la politique, les hommes de science ne se mettent plus au service du pays, l'inflation fait écho, les cadavres ruent partout, le pays est mal dirigé, rien ne fonctionne », a poursuivi M. Deronneth. 

 

Face à ce constat alarmant, le professeur d'université et homme politique s'insurge contre la situation du pays. Selon lui, le problème de l'exclusion sociale au sein de la société haïtienne doit être abordé avec soin. « Pour chaque 10 000 habitants, on dispose moins de deux médecins, moins d'un dentiste, moins d'un infirmier ou d'une infirmière. La majeure partie de la population est dépourvue d'accès à l'eau potable, une école divisée avec des programmes de formation différente pour les différentes couches de la population. Les citoyens ne sont pas aptes à servir le pays et réussir leurs vies professionnelles. Notre pauvreté est donc le résultat de l'organisation sociale choisie. Celle-ci n'est pas une fatalité, c'est une création pour peindre la misère de toute une nation », révèle-t-il.

 

 

Entre autres, après le département du Nord, l'IGgEP entend ses séries de débats dans diverses régions du pays. Pour les prochains Symposiums, les responsables fixent le Nord'Ouest, ensuite le grand Sud, dans le souci de rendre l'université utile à la communauté, rendre la science utile à la politique et mobiliser davantage les citoyens vers une meilleure pratique de la politique. 

 

 

Oberde Charles

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