Enseigner l'économie en Haïti à travers les proverbes !

Dans le célèbre proverbe «pise gaye pa fè kim», l’homme ou la femme, l’entrepreneur ou le parent est invité à concentrer ses investissements et à consolider ses acquis ou économie, de façon à voir  augmenter ou prospérer ses résultats.

 

«Depiw manje lajan chango, fò w peye chango», «Machandiz ofri pa gen pri», «règleman jis pa gate zanmi»,«pito ou travay pase ou mande», «byen san swe pa pwofite», «achte, peye, prete, remèt, men sa ki fè yon nonm», sont parmi les sagesses populaires à retenir dans le cadre d’une éducation populaire prenant en compte les traditions ancestrales et les valeurs sociales traduites et traversant les générations en Haïti.

 

Dans l’intimité de nos traditions ancestrales et populaires, il est possible d’extirper des sagesses les plus inspirantes et les plus instructives pour sensibiliser le plus grand nombre de jeunes et des parents sur le plan économique et financier en Haïti. Au début de chaque cours d’introduction à l'économie, le professeur devrait pouvoir disposer de certaines références populaires pour faire passer son message, sans tomber dans la démagogie ou le folklore.  

 

Dans le proverbe « Lajan fè chyen danse», nous disposons suffisamment d’exemples et d’arguments pour comprendre certains comportements et réactions à tous les points de vue, dans cette forme de rationalité financière et d’intelligence économique qui déterminent le fonctionnement des sociétés capitalistes.

 

Des réflexions et des références scientifiques ne trouveront certaines pas de meilleures illustrations pour aborder  la circulation de la monnaie ou de l’attraction de la richesse ou de la finance, à travers des adages comme : «Lajan al kay lajan».  

 

Des sagesses populaires comme dans les compositions musicales en Haïti, elles sont nombreuses connaissances, les compétences et surtout les contes, les légendes, les proverbes et les valeurs qui abordent au quotidien l'économie et la finance, tout en influençant de manière significative les réflexions et les  comportements des enfants et des parents, des jeunes et des professionnels en Haïti et dans la diaspora de A à Z.

 

Des mots comme argent/monnaie, budget, capital ou crédit, dette et dépenses, épargne ou enchère, salaire, liquidation, parmi d’autres trouveront certainement des explications et des enseignements à la fois théoriques et pratiques dans le langage populaire en Haïti. Entre les parents et les grands-parents, les marchands ambulants et les marchés communaux et régionaux, des boutiquiers et d’autres entrepreneurs qui facilitent ou participent dans les échanges des biens, de services, tout en enrichissant le vocabulaire populaire sur le plan économique et social, nombreux sont les concepts à retenir qui participent grandement dans l'éducation financière en Haïti de manière informelle.

 

Des proverbes à la fois instructifs autant que destructifs continuent d’influencer le quotidien des familles haïtiennes. En dehors des sagesses qui encouragent une meilleure gestion des ressources et encouragent la création de richesses, il existe quelques autres qu’il faudrait réviser.

 

Dans l’adage: «Pitit se richès malere», tout éducateur responsable et visionnaire devrait prendre le temps de prouver aux jeunes et aux professionnels, combien une telle sagesse n’encourage nullement la création de richesse au sein de notre société, en considérant comment et combien l’entretien, l’encadrement et l'éducation d’un enfant est un projet très coûteux et exigeant actuellement, et ceci, depuis toujours ?

 

Dans une telle illusion de faire comprendre à certains parents que : «Pitit se richès malere», nombreux sont les hommes et les femmes en couples ou séparés, qui s’amusent à mettre au monde des enfants, sans une planification et une prise en compte de leur capacité économique et sociale pour prendre soin et assurer le bien-être de l’enfant.

 

Dans les rues, comme sur les trottoirs, nombreux sont les enfants démunis qui se livrent dans toutes sortes d'activités malsaines et illégales, qui sont en majorité issus de familles misérables, avec des parents sans emploi, mais qui disposent de beaucoup d’enfants à élever. La grande majorité des femmes et beaucoup de filles qui se prostituent justifient souvent leurs actions en raison de leurs enfants génétiques ou des petits frères et sœurs qui sont à leur charge. Autant faire comprendre à la génération actuelle que l’enfant est loin d'être une richesse, même s’il permet de bénéficier de certains supports financiers.

 

Dans un autre sens, avoir beaucoup d’enfants et ne pas disposer des moyens pour prendre soin d’eux, se confirme comme l’un des pires handicaps qui empêcheront aux parents d’assurer leur vieillesse et leur retraite, dans l’espoir d’exiger ou d’attendre une assistance des enfants en retour, pour ne pas mourir dans la crasse.

 

D’autres proverbes qui vont à contre-courant d’une éducation économique responsable et réaliste permettront de ne pas tomber dans l’illusion de partager des connaissances saines aux enfants, qui sont foncièrement endoctrinés dans des logiques archaïques et démodées. Si le proverbe : «Sa pòv genyen se li l pote nan mache», se justifie par une logique simple, de l’utilisation des ressources disponibles à commercialiser pour survivre et se rentabiliser. Cela n'empêche pas de rappeler dans le langage populaire, une utilisation parfois humble, mais abusive de la part des paysans, et parfois des grands planteurs et grands propriétaires terriens des termes comme: «Malere», «Pòv», entre autres dans une forme de marronnage économique. «Malere pa dezonè», «malere pa chen», entre autres.  

 

Définir les limites entre l’investissement, la solidarité et la charité dans le processus d'éducation financière permet de se démarquer de certaines pratiques irresponsables qui risquent de pousser l’entrepreneur dans la faillite, à force de se laisser tomber dans la pratique abusive de l’adage : «Bay piti pa chich».  

 

De la bouche d’un monsieur du troisième âge, je retiens cette phrase: «Apre pòtre, vach pa chè», une sagesse ou critique qui concerne en premier lieu les femmes, et pourtant qui s’inscrit dans l’imaginaire populaire, en considérant la vache comme l’un des investissements les plus importants consentis par les entrepreneurs et les familles dans la vie paysanne en Haïti.

Dans le proverbe: «Rat kay kap manje pay kay», même s’il propose de nombreuses interprétations sur le plan social, des relations personnelles, des approches comme l’hypocrisie et la trahison, cela n'empêche pas d’adapter cette sagesse à l’éducation financière puisqu’il aborde l’exploitation, l’utilisation ou l'épuisement des ressources interne de la maison, qui peut faire également référence à une entreprise, entre autres.  

 

De façon rationnelle, un autre proverbe haïtien comme :«Saw fè se li ou wè», invite à une forme de prise de conscience à tous les points de vue, autant sur le plan karmique que sur le plan économique. Sans tergiverser, il rappelle tout simplement que le résultat obtenu sera toujours la somme des actions réalisées. Ce qu’on plante, on finit par le récolter. Celui qui travaille aura un salaire, celui qui épargne ou investit va certainement avoir des économies ou des actifs. Une manière de rappeler que l’inverse est aussi vrai, particulièrement dans le cas d’Haïti, qui ne produit presque rien, et qui vit dans l'instabilité chronique et qui pense pouvoir sortir de la misère et du sous-développement. Somme nulle !  

À suivre 

Dominique Domerçant

  

 

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