etuRESCIF promeut le développement durable et encourage la mobilité étudiante

Dans cette interview, Dieuvenson Dieudonné parle de son expérience en tant que président du comité d’etuRESCIF, la cellule étudiante du Réseau francophone d’excellence en sciences de l’Ingénieur. Aussi, il explique surtout comment cette association promeut le développement durable et encourage la mobilité étudiante, et comment les étudiants haïtiens peuvent en bénéficier.

Le National : Comment vous présenter brièvement à nos lecteurs?

Dieuvenson Dieudonné : Je suis Dieuvenson Dieudonné et je suis né en Haïti. J’ai fait mes études secondaires et une partie de mes études universitaires en Haïti. En fait, j’ai été à la Faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire (FAMV) — précisément à l’option « Économie et développement rural » — de l’Université d’État d’Haïti (UEH). J’ai suivi les cours théoriques et pratiques en Haïti, puis je suis venu en Belgique pour réaliser mon mémoire de fin d’études. Parallèlement à la rédaction de mon mémoire, j’ai suivi deux (2) cours à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain) : un sur la « Responsabilité sociale des entreprises (RSE) » et un autre sur le « Management de l’entreprise ». J’ai eu quelques expériences de travail dans des entreprises publiques, privées et dans des ONG en Haïti. Terminé avec le mémoire, je fais une maîtrise en science du travail à l’UCLouvain, en horaire décalé, c’est-à-dire le soir. À côté, je suis également professeur à l’école classique.

 

L. N. : Présentez-nous etuRESCIF.

D. D. : etuRESCIF est la cellule étudiante du réseau RESCIF (Réseau d’excellence des sciences de l’ingénieur de la francophonie). Il s’agit d’un réseau transnational de dix-sept (17) établissements universitaires de technologie francophones dont l’objectif est d’établir des partenariats entre ses membres et de développer des activités scientifiques notamment dans les domaines suivants : l’eau, l’énergie, la santé, la nutrition, l’urbain et l’entrepreneuriat.

L’ambition du RESCIF est de faire de la culture francophone un vecteur d’innovation technologique dans la compétition scientifique internationale en réunissant des universités de pays dits « développés » et de pays dits « émergents ».

Le RESCIF a vu le jour dans le cadre du 13e Sommet des chefs d’États et de gouvernement de la Francophonie organisé par la Suisse à Montreux, en octobre 2010, sous l’initiative de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) avec le soutien des autorités suisses.

Au sein d’etuRESCIF, nous avons trois (3) champs d’activités :

  1. Nous octroyons des bourses de stage aux étudiants des universités membres du réseau qui souhaitent effectuer un stage dans une autre université membre. À date, nous avons déjà financé plus de quarante (40) mobilités Nord-Sud, Sud-Nord et Sud-Sud.
  2. Nous avons un concours annuel pour nos étudiants à l’issue duquel l’équipe gagnante bénéficie d’une finance pour la mise en place du prototype de son projet dans un de nos laboratoires partenaires. Cette année, nous travaillons sur la 3e édition.
  3. Nous finançons également les projets qui sont menés par nos délégués. Pour chaque université membre, etuRESCIF dispose d’un étudiant délégué.

 

L. N. : Parlez-nous un peu de votre expérience avec etuRESCIF.

D. D. : J’ai pris connaissance d’etuRESCIF en 2018 alors que j’étais en 4e année à la FAMV. Le professeur délégué du RESCIF cherchait un étudiant pour représenter l’UEH dans le réseau. Comme j’étais à l’époque président du Conseil des étudiants de la FAMV et le représentant des étudiants au Conseil de l’UEH, il voyait en moi la personne la mieux placée pour remplir cette tâche. Dès lors, puisque j’aime bien faire du volontariat et gérer des activités d’équipe qui peuvent me permettre de développer mon leadership tout en faisant quelque chose de bien, je me suis tout de suite intéressé une fois que le professeur me l’avait proposé. Puis, j’ai entrepris des démarches afin de mettre en place un comité régional du réseau en Haïti, ce qui n’existait pas auparavant. Ce comité est constitué de membres de l’UEH et de l’UniQ (Université Quisqueya), une autre institution membre du réseau. Avec ce comité, nous avons pu réaliser des activités extraordinaires en Haïti. Il existe encore avec de nouveaux membres. À noter que, depuis février 2022, je suis le président du comité central de l’association — dans lequel sont représentées quatre (4) nationalités : libanaise, suisse, française et haïtienne.

 

L. N. : Pourquoi pensez-vous que les jeunes d’Haïti devraient être intéressés par les programmes de soutien financier proposés par etuRESCIF ?

D. D. : etuRESCIF regorge d’universités de grande renommée à travers le monde comme l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne en Suisse, l’École Polytechnique de Montréal, etc. Pour moi, si un étudiant haïtien bénéficie d’un stage au sein de ces institutions, c’est quelque chose qui pourrait lui être utile pour son parcours académique et même professionnel. Faire un stage international, c’est très valorisé par les entreprises et cette opportunité pourrait amener d’autres comme le fait de faciliter l’étudiant de poursuivre ses études dans cette même université.

 

L. N. : Pouvez-vous nous donner des exemples de projets ou de stages qu’etuRESCIF a soutenus et qui ont déjà bénéficié à des jeunes d’ici ? Merci de préciser les domaines d’études considérés par etuRESCIF.

D. D. : De 2018 à date, etuRESCIF a déjà financé six (6) bourses d’étudiants haïtiens : deux (2) pour l’UNIQ (génie civil) et quatre (4) pour l’UEH (pharmacie, biologie médicale et agronomie). L’association a aussi financé une conférence sur l’existence du pétrole en Haïti qui s’est tenue en 2019 : une activité qui avait attiré beaucoup de monde.

 

L. N. : Quels sont les critères de sélection pour les bénéficiaires des programmes de soutien financier proposés par etuRESCIF ? Quelles sont les compétences que les jeunes du pays doivent développer pour réussir dans les projets et les stages soutenus par etuRESCIF ?

D. D. : Les critères sont simples : il faut être un étudiant actif d’une institution membre du réseau (UEH, UNIQ).

Nous considérons qu’un « étudiant » a déjà le strict minimum pour bénéficier de nos programmes. Il faut seulement qu’il soit un étudiant avisé qui nous suit et qui peut répondre aux offres lorsqu’elles sont lancées.

 

L. N. : Comment etuRESCIF peut aider les jeunes du pays à postuler et à obtenir une bourse pour un projet ou un stage ?

D. D. : Les financements d’etuRESCIF sont accessibles à tous les étudiants des institutions membres. Un étudiant qui souhaite bénéficier d’une bourse doit visiter régulièrement notre site internet ou nous suivre sur les réseaux (Facebook, Instagram, Linkedln) sur lesquels nous publions les opportunités de stage ou les inscriptions pour notre concours. Autre démarche : un étudiant qui a déjà été accepté pour un stage et qui n’a pas de financement peut aussi nous solliciter ; mais pour cela, il faudrait que le stage ait lieu dans une université membre du réseau. J’en profite pour encourager les étudiants à prendre connaissance de la liste de nos universités membres sur notre site internet.

 

L. N. : Comment etuRESCIF collabore avec les établissements d’enseignement supérieur d’Haïti pour encourager les jeunes à participer à ses programmes de soutien financier ?

D. D. : Comme je l’ai dit plus haut, etuRESCIF dispose d’un délégué dans chaque institution membre. Pour Haïti, nous avons, actuellement, un délégué pour l’UEH et une déléguée pour l’UNIQ. Ces derniers ont le rôle de partager les informations aux étudiants de leurs universités respectives, de les informer quand il y a une opportunité de stage, un concours ou autre chose. Ils peuvent aussi faire des demandes de financement au comité etuRESCIF pour des projets d’étudiant de leurs universités qui sont intéressants et d’une grande portée.

 

L. N. : Quels sont les avantages pour les jeunes du pays de participer aux projets et stages d’etuRESCIF ?

D. D. : Comme je l’ai déjà dit, faire un stage international est un plus pour son CV. Un étudiant qui cherche un boulot après ses études et qui a été à l’extérieur recueille plus d’avantages qu’un autre. Et plus encore, quand tu étais dans une université pour un stage, ça peut ouvrir des portes pour toi si jamais tu aimerais y revenir pour faire des études dans cette même université ou une autre. Et de l’autre côté, un étudiant qui prend part activement aux projets peut développer davantage son leadership et ses capacités de gestion de projets ; car en travaillant pour le réseau, tu mets en lumière tes capacités en ce sens et tu aiguises tes connaissances pour le futur.

 

Le National : Comment etuRESCIF prévoit de développer ses programmes de soutien financier dans les années à venir pour mieux servir les jeunes Haïtiens en particulier ?

Dieuvenson Dieudonné : Nous aimerions, dans les années qui viennent, mettre un peu plus de focus sur la promotion du réseau au milieu universitaire. Jusqu’à présent, etuRESCIF n’est toujours pas connu du grand public et c’est d’ailleurs notre intention de faire cette interview que nous pensons qui nous aidera à élargir notre visibilité grâce à votre large audience à travers le pays. Nous pensons aussi à modifier un peu les critères d’éligibilité afin de faciliter certains étudiants qui ont des idées intéressantes — mais qui ne sont pas dans une institution membre du RESCIF — de bénéficier également de nos financements.

 

Propos recueillis par :

Fabienne Estimable

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