Les Amazones s’impose comme une force de recomposition culturelle. Fondée pour promouvoir l’écriture des femmes issues de divers horizons, cette maison s’érige aujourd’hui en espace d’avant-garde où la littérature devient outil d’émancipation, domaine de résistance et lieu de métamorphose identitaire. Sa mission dépasse la seule publication : elle vise à redonner une place légitime aux voix que l’histoire littéraire n’a pas suffisamment entendues.
C’est dans cette perspective que naît Pen To Power, un projet littéraire déployé d’octobre à novembre 2025. Ces ateliers d’écriture, gratuits et accessibles, cherchent à offrir aux écrivaines débutantes la possibilité d’émerger, de se redéfinir et de se raconter avec la dignité que leur confère la prise de parole.
Un atelier conçu comme une plateforme de légitimation symbolique
Pen To Power n’est pas une simple formation : c’est une plateforme où la narration individuelle redevient un acte politique. Pensé pour des participant·e·s provenant de milieux sous-représentés, ce programme entend réparer un manque historique celui du soutien, de la visibilité et des structures d’accompagnement pour les voix créoles, féminines et caribéennes. Animé en français, créole et anglais, l’atelier embrasse la pluralité linguistique de la diaspora. Ce choix est stratégique : il permet à chaque participant·e de naviguer dans la langue de son émotion, de son enfance ou de son exil. Il reconnaît que la création n’est pas un geste neutre, mais un mouvement qui traverse des histoires, des cultures et des réalités géographiques souvent fragmentées. Soutenu par la Mairie de Boston, notamment par le Bureau des affaires culturelles pour l’inclusion et l’équité, Pen To Power s’inscrit dans un élan institutionnel qui comprend la littérature comme un vecteur essentiel de cohésion sociale et de justice culturelle.
Objectifs : instruire, transformer, réparer Les objectifs pédagogiques de Pen To Power témoignent d’une vision à la fois littéraire et humaniste : transmettre une méthodologie d’écriture adaptée aux contextes culturels des participant·e·s ;
utiliser les récits personnels comme matériaux créatifs et espaces de guérison ;
créer un lieu de bienveillance où chacun·e est reconnu·e dans son identité et son histoire ;
permettre des rencontres avec des auteur·e·s dont les trajectoires résonnent avec celles des participant·e·s ; offrir des conseils pratiques sur l’édition, la publication et l’expression littéraire autonome. En d’autres termes, l’atelier crée un environnement où l’écriture n’est plus un acte solitaire, mais un processus collectif de légitimation et de transmission.
Un lancement ancré dans la célébration du créole : une langue, une mémoire, un monde
Le programme a été inauguré le 30 octobre 2025, à la French Library de Boston et Cambridge, au cœur de la Journée internationale du Créole. Cette date, symboliquement forte pour la diaspora haïtienne et caribéenne, place l’atelier sous le sceau de la mémoire, de la résistance linguistique et de l’affirmation culturelle. Le créole n’est pas qu’une langue : c’est un territoire affectif, un réservoir d’imaginaire, un lieu de réconciliation avec l’héritage caribéen. En inscrivant le lancement de Pen To Power dans cette journée, Les Amazones affirment leur volonté de légitimer le créole dans les espaces littéraires, de le repositionner au cœur des pratiques d’écriture, et de redonner à cette langue sa place de langue-monde pour la diaspora.
Boston célèbre Les Amazones Cette démarche visionnaire a valu à la Maison d’Édition Les Amazones et à sa cofondatrice Djenika Mars une distinction officielle de la Ville de Boston et du Conseil municipal. Cette reconnaissance souligne non seulement la qualité du travail éditorial accompli, mais aussi l’importance du leadership féminin dans les mouvements culturels contemporains. Elle salue une direction qui promeut l’équité, la diversité et l’inclusion par le biais de la littérature.
Une initiative qui dépasse le cadre de l’atelier
Au-delà de l’apprentissage et de l’écriture, Pen To Power contribue à instaurer un nouvel écosystème littéraire dans la diaspora. Il redéfinit ce qu’écrire veut dire lorsqu’on se situe à l’intersection de l’exil, de la mémoire caribéenne et de l’expérience féminine. Il ouvre un espace où naissent des récits capables de traverser les frontières, de toucher, de réparer, et d’enfin représenter celles et ceux que la littérature avait coutume d’ignorer.
Godson MOULITE
