Les pièces de Mélissa Béralus, Erickson Jeudy et Phanuella Lincifort pré sélectionnées du prix RFI théâtre 2024

"Perejil" de Mélissa Béralus , " Brigitte endiablée" de Erickson Jeudy et " On ne part pas en guerre avec une vie qui danse " de Phanuella Lincifort ont été les pièces pré sélectionnées du prix RFI théâtre 2024.138 textes issus de 16 pays pour la majorité africains ont été soumis à l' appréciation des membres du jury du comité du concours de cette année.

Trois pièces de trois jeunes auteurs haïtiens ont été retenues dans la pré sélection du prix RFI théâtre 2024. Il s' agit de :" Perejil" de Mélissa Béralus, "Brigitte endiablée" de Erickson Jeudy et " On ne part pas en guerre avec une vie qui danse" de Phanuella Lincifort. Le comité de lecture en a fait l' annonce le 9 juillet 2024.". Cette année, ce sont 138 textes provenant de 16 pays pour la grande majorité africains qui s’offrent à notre découverte. À l'heure où les discours xénophobes, racistes, homophobes et antisociaux se banalisent, il est important d'ouvrir les portes aux artistes du monde entier. Parmi eux, 25 % d’autrices, une progression à saluer. Le nom du ou de la lauréat(e) du Prix RFI Théâtre 2024 sera annoncé le dimanche 29 septembre et le prix remis à Limoges, dans le cadre du festival Zébrures d'automne. Dans :" Perejil" Mélissa Béralus met en scène Anacaona qui s'apprête à s’exiler en République Dominicaine pour fuir les massacres perpétrés par les gangs à Port-au-Prince et dans les villes de province à Haïti, sa grand-mère Tifi sort de son mutisme et lui raconte le massacre du Persil (pérejil) qu’elle a connu là-bas dans le pays voisin. Anacaona se questionne sur son droit à vivre, à vivre bien, à partir, à rester. Un dialogue, selon le comité de lecture d'une grande sensibilité qui revisite l'histoire de Haïti dans une langue inspirée.

De son côté , Erickson Jeudy dans :" Brigitte endiablée" nous emmène en 1790, à Saint-Domingue, pour suivre l' itinéraire d' une femme, Brigitte, ancienne esclave affranchie et bannie des plantations et aujourd’hui sage-femme, se voit accusée des meurtres de plusieurs enfants. Les gardes coloniaux viennent l’arrêter. En tant qu’affranchie, elle a le privilège de prononcer un discours avant la sentence. Arrivera-t-elle à justifier ses actes ?

Un texte puissant et lumineux sur le prix de la liberté. Et dans :" On ne part pas en guerre avec une vie qui danse" Phanuella Lincifort revient sur la vie d' une femme qui attend son exécution en prison. Elle a tué ses neuf agresseurs et avorté de l'enfant du viol. Elle convoque, grâce au rituel vaudou, cet enfant non-né pour faire connaissance avec lui et revenir sur ce qui l'a amenée à lui refuser la vie, comme un ultime geste de résistance à l'horreur. Une écriture âpre et puissante qui déplie le drame haïtien sous le prisme de la lutte des femmes.

Pour le comité de lecture , les pièces des auteurs et autrices francophones pré sélectionnées ouvrent des horizons pluriels si nécessaires face aux violents replis sur soi auxquels nous assistons partout dans le monde." Au centre de cette nouvelle moisson, une préoccupation propre aux jeunes générations : comment agir pour dépasser la catastrophe, comment changer de récits et se donner la possibilité d’un renouveau, d’horizons désirables. Plus que jamais se voit dénoncé l’héritage du passé colonial dans toutes ses ramifications politiques et économiques, à travers la corruption des régimes, les drames de l'exil, le terrorisme, mais aussi – thème apparaissant avec force – les ravages du dérèglement climatique, avec un appel au sacré pour lire autrement la préservation de nos écosystèmes. Et toujours : le désir de parler face aux tentations du silence et l’affirmation d’une parole engagée pour évoquer l'évolution des regards sur la condition des femmes et la question de l'homosexualité ou de la transidentité face au poids des traditions.

Cette parole plurielle est d’autant plus enthousiasmante qu’elle multiplie les registres et les formes dramatiques, laissant libre cours à la puissance d’un souffle poétique imagé autant qu’à la fantaisie, à l’humour et à l’ironie la plus mordante. Le monde du vivant, tous êtres confondus, y côtoie le monde des fantômes et des objets animés. Les temps s’y bousculent et s’y télescopent. Les univers fantasmatiques y percutent la réalité. Le comité de lecture du prix RFI théâtre 2024 a également souligné que "Beaucoup de pièces enfin s’emparent du travail sur la langue pour promouvoir la diversité et la richesse des parlers français par le monde et réinterroger les enjeux du multilinguisme : quelle langue choisit-on pour s'exprimer en fonction de son interlocuteur, de ce qu'on a à dire ou à cacher, le français est-il outil de domination ou d'émancipation ?"

 

Schultz Laurent Junior avec RFI

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

1 COMMENTAIRES