Décidément, rien de nouveau sous notre soleil!

Je vous parle d'un pays qui ne connaît pas l'urgence. Une société où faire passer le temps est devenu le nouveau sport national. Aujourd’hui, au pire moment de notre histoire, d'habiles procéduriers nous font la démonstration de leur nuisible « ingéniosité ».

Cette fin de semaine, le gouvernement a publié le décret donnant vie au Conseil présidentiel de transition (CPT). Un soupir de soulagement, telle une clameur sourde dans la ville, pouvait s'entendre. Ce précieux numéro du Moniteur se transmettait en boucle sur les réseaux sociaux. Devant les rayons vides des supermarchés, des ménagères s'arrêtaient même pour discuter de l'événement. Pour dire l’intérêt et surtout l’espoir qu’il a suscités.

Un ex-chroniqueur de l’ancien hebdomadaire Petit Samedi Soir et correspondant bénévole à Montréal s’est empressé de nous contacter pour confirmer la nouvelle tant attendue dans nos diasporas.

Et puis, coup de théâtre ! À la lecture du décret, on découvre une déconvenue grosse comme une montagne : le Conseil est certes « reconnu » en tant que nouvelle instance devant gérer la transition, mais un paquet de contraintes « légales » et constitutionnelles renvoyait son installation aux calendes haïtiennes. Vraiment personne ne s’y attendait, car on pensait qu’après des années de vagues maigres à tous points de vue, les politiques allaient, pour une fois, faire bouchées doubles pour faire avancer les choses. Mais non ! Et les bonnes nouvelles - telle que la décision enfin des États-Unis de soutenir directement les forces de sécurité haïtiennes, y compris l'armée - étaient passées au second plan.

À vrai dire, les exigences légalistes de l'actuel gouvernement sont « recevables » dans un contexte normalisé. Or, comme nous écrivions la semaine dernière, au moment où la capitale est isolée des autres départements et du monde, il y avait « célérité dans l'urgence ». Plus de temps à perdre pour des broutilles, surtout que différends et désaccords il y en aura toujours.

Un communiqué des parties prenantes au CPT accuse le gouvernement de deux poids, deux mesures. D'autres accords comme ceux du 11 septembre 2021 et du 21 décembre 2022 ayant été pourtant publiés sans autre forme de procès. Pourquoi faire durer celui-ci alors que notre temps est compté ? Cécité, cynisme ou indifférence ? Peu importe, le résultat est le même : l’immobilisme.

Quoi qu'il en soit, au moment où de partout on félicite les parties haïtiennes pour leur esprit « d'abnégation », nos habiles rhéteurs étalent l'étendue de leur capacité de ...nuisance, devenue entre-temps une idiosyncrasie. Voire même une culture.

 

Roody Edmé

 

 

 

 

 

 

 

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