Mettre fin au faire semblant de gouverner

Les citoyens avisés comprendront la difficulté de l’installation du Conseil au Palais national. Cette installation est hautement symbolique et aller la faire ailleurs c’est reconnaître la main mise sur notre territoire d’un terrorisme bien planifié. Mais comme nous l’avons signalé dans des éditoriaux antérieurs, s’étonner de cette situation serait faire preuve d’incompréhension et de naïveté. Les pouvoirs antérieurs ne se sont jamais souciés de la sécurité de la nation, attentifs seulement à la sécurité de la jouissance des privilèges des membres du gouvernement, de leur clan et de leurs fidèles. Les alentours du Palais national, dans un rayon de moins de trois cents mètres, a toujours été un no man land où se déploie dans toute sa magnificence la médiocrité pour ne pas dire l’inexistence du pouvoir haïtien. Quel centre de pouvoir accepterait qu’à une centaine de mètres se déploie l’armement d’un gang de bandits jusqu’à ce que des balles perdues – étaient-elles réellement perdues – atteignent la cour du Palais national ? Le faire semblant de gouverner nous a construit à la catastrophe.

À ce stade de pourriture du pays, on peut comprendre qu’il n'est plus possible de tolérer des comédiens au pouvoir, c’est-à-dire des gens qui font semblant d’avoir une responsabilité vis-à-vis de cette terre, de cette population, mais qui ,dans la réalité, s’en foutent totalement, car leur seul objectif est la jouissance des privilèges qu’offre le pouvoir politique. Pour changer les choses, il faut des hommes et des femmes qui pensent le pays comme s’il s’agissait de leur propre chair. Des hommes et des femmes qui souffrent pour un enfant qui tombe à Fond Jean Noël comme à un enfant qui tombe à Pétion-Ville. Il faut des hommes et des femmes qui souffrent pour chaque égratignure faire à une portion de notre territoire. Des hommes et des femmes qui peuvent vivre les douleurs et les joies de chaque famille haïtienne, quel que soit l’endroit où elle se trouve.

La rupture doit être ce changement dans nos têtes. La rupture ne doit pas être un mot d’ordre seulement pour ceux qui aspirent à diriger le pays. La rupture doit être aussi vécue par chaque citoyen. Il faut un changement dans la vie de tous les jours. Sur les réseaux, il faut que cesse cette ébullition de haine et de destruction de l’autre. Il faut que nous vivions la renaissance de notre patrie par une union positive autour de propositions visant à nous sortir de ce chaos. Il y a trop d’égos surdimensionnés chez nous. Personne n’a et n’aura le monopole de la vérité. La vérité ne sera que la mise en commun de toutes nos intelligences, de toutes nos volontés et de tous nos efforts pour surmonter ces trop nombreux défis qui se posent à nous.

 

Gary Victor

 

 

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