Une trêve ou un vrai nouveau départ ?

Le pays est fatigué. La capitale n’en peut plus des pluies de balles et des tempêtes de haine. Et comme un malheur n’arrive jamais seul : ces jours-ci il tombe la bonne vieille pluie venant du ciel. Dans un pays sans infrastructure comme Haïti, après la pluie, ce n’est jamais le beau temps : des inondations au bas de la ville charrient les déchets de plus d’un mois de non-ramassage des ordures.

La demande d’État est plus que jamais à l’ordre du jour. Mais un État soucieux de l’intérêt général. Les citoyens ont marre de ces prétendues affaires courantes. Pendant toutes ces années d’immobilisme mortifère, nous n’avons fait que gérer justement des affaires courantes. Aucun grand chantier en cours, sinon des projets brutalement arrêtés ou qui se sont fracassés contre le mur de nos délires politiques. Une société sans État comme la nôtre est une société « sou woulib » qui dévale à grande vitesse la pente funeste de la déchéance.

Aujourd’hui, une nouvelle gouvernance est mise en orbite. Le Conseil présidentiel de transition (CPT) se prépare à être installé. Cette nouvelle instance souhaite que son intronisation se fasse dans le « Saint des Saints » du pouvoir, à savoir le Palais national. Tout un symbole de récupération du centre symbolique de la gouvernance, pourtant si tumultueuse ces dernières décennies. Mais on se demande si cela va être possible vu que les bandes armées maintiennent une insupportable pression depuis un mois sur le Champ-de-Mars et ses environs.

C’est pourquoi certains suggèrent que cette prestation se fasse dans un espace culturel. Un autre symbole qui, rapporte-t-on, veut envoyer le message que le savoir n’est pas négociable. Il s’agirait pour ledit Conseil de réaffirmer sa foi dans une société de la connaissance, marquant ainsi son opposition à la déroute permanente de l’intelligence.

D’autres Haïtiens estiment qu’il ne faut pas laisser le Palais national otage de groupes qui promeuvent la terreur et l’obscurantisme.

Ces débats sur le lieu et le temps de la prestation de serment ne doivent cependant pas nous faire oublier l’essentiel : l’urgence d’agir.

L’opinion attend avec impatience la formation du gouvernement autour d’un Premier ministre de « consensus ». Les gens ont soif de paix, mais aussi de progrès, car là où le bien-être fait défaut, il est difficile d’y faire régner la paix et l’ordre. Le CPT serait-il cette opportunité que le pays attendait ? On le saurait au cours des prochaines semaines. En tout cas, on a envie d’y croire, contre toute... espérance.

 

Roody Edmé

 

 

 

 

 

 

 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES