Encore une fois, la diaspora est écartée des affaires politiques d’Haïti

Ce court texte est, malheureusement, une tentative désespérée pour chercher à comprendre, mais d’une façon incompréhensible, l’écartement de la communauté haïtienne de la diaspora au Conseil présidentiel.

La Constitution haïtienne de 1987 ne reconnaît pas la double nationalité. « Être haïtien d’origine et n’avoir jamais renoncé a sa nationalité », voilà donc les conditions constitutionnelles si on voulait toutefois briguer un poste électoral comme député, sénateur ou président de la République. 

Mais presque trente-sept ans après le vote de la constitution post-Duvalier, la diaspora ne semble toujours avoir que des devoirs à savoir: envoyer de l’argent en Haïti, participer à des compétitions sportives à l’échelle internationale, faire pression quand la nation est en danger face aux dictateurs et aux putschistes ou quand l’image des Haïtiens est en jeu, comme dans le cas du SIDA le 20 avril 1990. 

Plus de trente-six ans après le vote de la Constitution le 29 mars 1987, les problèmes demeurent entiers quand il s’agit pour la diaspora de partir à la conquête de ses droits politiques. L’ haïtiano-américain, l’haïtiano-canadien et tous les autres Haïtiens vivant à l’étranger ne jouissent toujours pas du droit à la double nationalité. Ils ne peuvent ni élire ou se faire être élire. Impossible donc pour eux d’occuper au vu et au su de tous des postes électifs.  «Ayisyen ki ap viv lòt bò dlo yo pa dwe konsidere kòm etranje pou Ayiti ». S’ils ne sont pas étrangers quand ils doivent apporter leurs contributions économiques, mais politiquement, ils sont plus étrangers que les membres de la communauté internationale, particulièrement ceux du Core Group ou de la CARICOM.

Pour certains, la diaspora est considérée comme l’oxygène qui permet à Haïti de respirer économiquement. Questions pour dire, c’est à cette communauté de compatriotes vivant à l’étranger que des familles haïtiennes se réfèrent pour des problèmes économiques.

Malgré leur mode de vie dans un contexte économique difficile et une politique d’immigration de jour en jour plus compliquée dans leurs différents pays d’accueil principalement les États-Unis et le Chili, les migrants haïtiens continuent de plus en plus à assumer de leurs responsabilités à l’égard de leurs membres de leurs familles et d’amis en Haïti. 

Mais comme dans le passé, le boycott continue.  Quand ce n’est pas un boycottage constitutionnel utilisé par des politiciens sur le terrain pour garder certains cadres haïtiens de l’extérieur à distance, cette fois-ci c’est à travers le Conseil Présidentiel que la diaspora est donc écartée.

N’en déplaise aux membres du Conseil Présidentiel, si les membres de la diaspora ne peuvent pas être présents dans des rencontres avec la CARICOM pour discuter des problèmes politiques du pays, donc on se rendre compte que la diaspora n’a qu’un rôle à savoir: envoyer de l’argent en Haïti, jouer au football, faire du lobby auprès des officiels américains, et à la rigueur, mobilisé par-devant des consulats ou ambassades d’Haïti dans leur pays de résidence. 

En définitive, le Conseil Présidentiel est composé de neuf (9) anciens politiciens de la classe politique traditionnelle du pays.  Pas un représentant de jeunes. Pas une femme.  Pas un membre de la diaspora. Et l’ironie dans tout cela, il y a forte chance que le prochain ministre du ministère des Haïtiens vivants à l’étranger ne sera pas un militant et cadre compétent vivant en terre étrangère dans la diaspora. Il sera de préférence, un citoyen d’Haïti au ministère des Haïtiens vivants à l’étranger.

 

Prof. Esau Jean-Baptiste

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