Insécurité : comment freiner la machine ?

L’insécurité bat son plein. Des cas d’homicide et d’enlèvement sont signalés presque tous les jours à Port-au-Prince comme dans les villes de province. Personne ne semble avoir la formule magique pour venir à bout de ce fléau. Des citoyens et anciens dirigeants continuent de dénoncer l’irresponsabilité de l’État.

Durant le week-end écoulé, le pays a enregistré au moins cinq cas d’enlèvement au niveau de la capitale, dont ceux commis sur le jeune économiste, Mike Bellot et un chauffeur et propriétaire d’une compagnie de transport en commun. Des citoyens ont bloqué le quartier de Portail Léogane et d’autres ont menacé d’organiser un sit-in devant la résidence officielle du Premier ministre et de l’Ambassade des États-Unis en Haïti. Les victimes, en fin de compte, ont été libérées, ce lundi. Mais cela n’a pas arrangé la situation, car, d’après Etzer Émile, l’un des initiateurs du sit-in, le problème reste entier. La vie de tous les citoyens haïtiens est encore en danger.

Selon Himmler Rebu, ancien secrétaire d’État à la Sécurité publique, il est inconcevable de parler de phénomène d’insécurité en Haïti. Pour lui, la situation qui prévaut actuellement n’est autre qu’une compromission entre l’État et les bandits armés. Pour mieux terroriser la population, l’État utilise le phénomène de l’insécurité comme arme. Les hommes au pouvoir contrôlent tout, y compris les gangs armés. Et pour prouver cette compromission entre l’État et les bandits armés, Himmler Rebu parle des récentes recommandations des bandits aux autorités étatiques pour enlever les séparateurs au Bicentenaire.

Pour freiner ce phénomène, Himmler Rebu propose un changement radical. À travers leurs taxes, les membres de la population paient pour leur sécurité, poursuit-il. En ce sens, Rebu croit qu’il nous faut un soulèvement général, suivi d’un changement de régime. Car, selon lui, Haïti applique très mal les prescrits du régime démocratique. La transition démocratique n’a pas réellement eu lieu. Et pour sortir de ce labyrinthe où tout le monde a tendance d’agir comme bon lui semble, sans crainte de se faire punir par la loi, il préconise le chambardement du système.

Depuis de nombreuses années, le mariage, entre pouvoir politique et le banditisme, est un constat patent en Haïti. La question du banditisme a toujours été un outil politique au service des acteurs politiques que pour la prise et la gestion du pouvoir politique. Mais avec le régime en place, la situation s’est détériorée. Qu’il s’agisse des députés, sénateurs, ministres ou même le président de la République, le pays a connu plusieurs gros scandales autour des éventuelles relations entre des autorités au sein du pouvoir et des bandits armés. Mais jusqu’à date, aucune suite judiciaire, ni de sanction morale de la part de la société.

Sur cette administration, le pays a connu la fédération des gangs armés. La commission présidentielle qui a été nommée pour faciliter la réinsertion et le désarmement dans les quartiers populaires a plutôt favorisé le renforcement des gangs armés à travers une plateforme dénommée « G9 an fanmi et alliés ». L’insécurité qui est aujourd’hui considérée comme le résultat d’un ensemble de violences à la fois morale, politique, économique exercées par la bourgeoisie sur les classes défavorisées est en train de saper les fondements de la société haïtienne.

Cette maladie contagieuse qui frappe de plein fouet les jeunes des quartiers populaires tend à devenir encore pire si rien n’est fait en ce sens. Himmler Rebu croit qu’il y a urgente nécessité d’adopter des mesures drastiques pour contrecarrer le phénomène. Les autorités de cet État coupable, regrette-t-il, n’ont pas l’intention d’adopter des mesures coercitives envers les bandits qui travaille à leur solde. La population a intérêt à lutter pour briser le système de compromission afin de favoriser l’émergence d’une classe politique qui pourra prendre en considération les besoins de la société.

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