Le collectif Défenseurs Plus présente son rapport trimestriel

Le collectif Défenseurs Plus a présenté, ce vendredi 12 avril 2024, son premier rapport trimestriel de janvier à mars 2024, axé sur la situation sociale, économique et politique du pays. Dans ce document, le collectif a cité des cas de violations des droits humains où la jouissance de ces droits fondamentaux est entravée par une situation socio-politique tumultueuse, entraînant des conséquences désastreuses sur le mode de vie de la population.

En effet, le collectif Défenseurs Plus se dit alarmé par la montée de la violence en fin de trimestre 2024, ce qui a entraîné le déplacement interne de 362 000 personnes à travers le pays, dont environ 160 000 dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. L'expansion de la violence des groupes criminels s'est étendue dans l'Artibonite avec une recrudescence des violences sexuelles dans plusieurs communes.

Le responsable des affaires juridiques du collectif Défenseurs Plus, Wilkenson F. Jean Denis, souligne que cette violence a entraîné une insécurité chronique dès le début de l'année 2024, où le pays a connu une vague de violences sans précédent. La capitale est le théâtre d'affrontements entre les forces de l'ordre et les bandits armés.

Ainsi, 4 policiers ont été tués au sous-commissariat de Bon-Repos, dont l'inspecteur Marion Junior. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, au moins 806 personnes non impliquées dans les échanges ont été tuées, blessées ou kidnappées au cours du mois de janvier 2024. On note également que 300 membres de gangs ont été tués ou blessés, ce qui porte le nombre de victimes à 1108, soit le triple du nombre enregistré en 2023.

À côté de ces violences, les forces de l'ordre ont porté atteinte au droit à la vie lors des mobilisations antigouvernementales de rue et des troubles civils qui ont eu lieu dans 24 villes du pays. Entre le 20 janvier et le 7 février 2024, au moins 16 personnes ont été tuées et 29 autres blessées lors des affrontements entre manifestants et policiers.

Le rapport a également noté la situation du droit à l'éducation fragilisée au cours de ces trois premiers mois par la situation sécuritaire. Sur environ 55 jours de classe, seulement 20 jours ont été respectés dans presque tout le département de l'Ouest.

Aux Gonaïves et dans d'autres régions du département de l'Artibonite, la réalité a été encore plus grave. Beaucoup d'écoles ont été la cible d'attaques des groupes armés, dont le Petit Séminaire Collège St. Martial et l'école mixte Frères Nau. Le nombre d'écoles contraintes de fermer en raison de la violence et de l'insécurité a augmenté ces derniers mois. À la fin du mois de janvier, environ 900 écoles avaient été temporairement fermées, privant environ 200 000 enfants de leur droit à l'éducation.

En ce qui concerne la situation du droit à la santé, Frimens D. Duval, responsable de communication au sein de cette structure de droits humains, a présenté un tableau sombre de la situation. Le droit à la santé est l'un des droits fondamentaux dont devraient jouir toutes personnes indistinctement. Dans la Constitution de 1987, on reconnaît que l'État a l'obligation de garantir le droit à la vie, à la santé, à tous les citoyens conformément à la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Déjà en 2023, il a été révélé difficile de faire respecter ce droit, par rapport à un ensemble de facteurs politiques, économiques et sociaux. Ajouté à ces raisons, une grande partie de la population est au chômage, se trouvant ainsi dans l'incapacité de se payer les frais médicaux. Les centres hospitaliers offrent leurs services à un coût élevé, ce qui implique l'incapacité de la population à accéder à ces services. Au début de 2024, la situation empire avec les violences continues des groupes armés, ce qui a provoqué la fermeture de l'hôpital de l'université d'État d'Haïti, avec ses douze services offerts et 12 autres centres hospitaliers.

Durant ces trois premiers mois, une crise sanitaire de grande envergure s'est abattue sur le pays, caractérisée par le manque d'approvisionnement en fournitures médicales et un manque criant de personnel soignant. Beaucoup de spécialistes sont obligés de fuir le pays, d'autres se trouvent en difficulté de se rendre sur leur lieu de travail. Déjà les centres médicaux existants ne suffisaient pas pour servir la population, pourtant l'insécurité a contraint dix-huit d'entre eux à la fermeture de leurs portes, notamment : l'hôpital Saint-François de Salle, l'hôpital de l'université d'État d'Haïti, l'hôpital français, etc.

Citant le dit rapport, les droits à la santé, à l’éducation, aux loisirs ainsi que l’accès aux services publics sont loin d’être garantis. Le document a encouragé le renforcement de la police nationale d’Haïti afin de contrecarrer les assauts des bandes de plus en plus puissantes.

La situation du droit à l'alimentation a été évoquée où l'incidence des différents troubles politiques a laissé de graves conséquences sur le droit à l'alimentation dans le pays. L'Associated Press rapporte qu'environ 1,4 million d'Haïtiens sont sur le point de mourir de faim et plus de quatre millions nécessitent une aide alimentaire. Comme autre conséquence, cette situation de malnutrition engendre une montée des maladies endémiques comme la tuberculose.

Dans ce rapport, le collectif « Défenseurs Plus » a fait plusieurs recommandations aux autorités haïtiennes, appelant à des mesures concrètes afin de faire cesser les pratiques de violations des droits humains dans le pays.

 

Gerard H. Resil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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