L’ONU identifie des acteurs clés finançant la violence armée en Haïti

Le  Conseil de sécurité des Nations unies a rendu public dans la nuit du mercredi 18 août, un rapport sur le financement de la violence armée en Haïti soumis par le Groupe d’experts créé par la résolution 2653. Selon cette enquête, l’ancien président Joseph Michel Martelly, les ex-parlementaires Youri Latortue et Prophane Victor et l’homme d’affaires Reynold Deeb sont de ceux qui alimentent la violence et l’instabilité dans le pays.

Ce document de 158 pages révèle que des anciens chefs d’État et membres du pouvoir législatif font partie des personnes qui ont créé une situation de trouble dans le pays. Joseph Michel Martelly, qui a été président de 2011 à 2016, s’est servi des gangs pour étendre son influence dans les quartiers afin de faire avancer son agenda politique, il a ainsi contribué à un héritage d’insécurité dont les effets se font encore sentir aujourd’hui. » Le Groupe d’experts a reçu des informations selon lesquelles, pendant son mandat, M. Martelly a financé plusieurs gangs, tels que Base 257, village de Dieu, Ti Bois et Grand Ravine, notamment en leur fournissant des fonds ou des armes à feu", a révélé les enquêteurs.

Ils ont montré que M.Martelly a créé et financé la base 257 pour empêcher les manifestations contre le pouvoir dans la commune de Pétion-ville. L’ancien président est également passé par l’intermédiaire des fondations, des membres de sa garde rapprochée pour établir des relations et des négociations avec d’autres gangs. Soulignant qu’Armel Joseph, l’ancien chef du gang de Village de Dieu, avait déclaré qu’il s’entretenait régulièrement avec un intermédiaire travaillant dans l’unité de protection rapprochée de M. Martelly, et que cet intermédiaire lui donnait des armes à feu et d’importantes sommes d’argent. 

« Dans une vidéo, Ti Lapli, l’un des chefs actuels de Grand Ravine, explique que l’ancien Président a remis à Tet Kale (ancien chef de Grand Ravine) un fusil Galil 5,56 mm appartenant à la police et un fusil de même type à Chrisla, chef du gang Ti Bois. Après l’assassinat de Tet Kale, Ti Lapli a récupéré l’arme. », ont souligné les experts de l’ONU.

Les investigateurs ont précisé que les anciens parlementaires Prophane Victor et Youri Latortue ont tous deux contribué à alimenter la violence armée dans le département de l’Artibonite au cours de la période électorale et durant leurs mandats. De son côté Prophane Victor, député de Petite Rivière de l’Artibonite de 2016 à 2020 pour assurer son élection en 2016  a commencé à armer des jeunes de sa région, qui ont par la suite formé le gang «Gran Grif» . «M. Victor a continué à soutenir Gran Grif jusqu’en 2020, date à laquelle le gang et lui se sont brouillés à la suite de promesses non tenues faites pendant la période électorale. Depuis, il soutient des gangs rivaux et des groupes d’autodéfense dans la région», ont-ils précisé.

L’ex-Président de la chambre haute, de 2017 à 2018, Youri Latortue, originaire des Gonaïves , sanctionné par les autorités canadiennes et américaines exerce un contrôle considérable sur la vie politique et économique du département de l’Artibonite, notamment par le recours à des gangs, comme Raboteau, qu’il finance et arme. Les experts ont affirmé que récemment, des sources confidentielles les avaient confiées que M. Latortue avait également financé le gang «Kokorat Sans Ras», un groupe extrêmement violent du département de l’Artibonite, en collusion avec Raboteau. Il a eu recours à des gangs pour assurer sa protection rapprochée et détruire des biens. 

Toujours en ce qui concerne les personnes qui financent les groupes armés, les enquêteurs ont souligné que Reynold Deeb, Directeur général du Groupe Deka, un important importateur de biens de consommation, finance des membres de gangs pour protéger son entreprise et assurer le transport des marchandises qu’il importe. « En 2017, M. Deeb a payé un chef de gang afin de pouvoir mener ses activités dans l’un des principaux ports principaux. Plus récemment, M. Deeb a utilisé des membres de gangs pour faire pression sur certains douaniers du port afin que ses conteneurs ne soient ni inspectés ni interceptés, ce qui lui a permis d’éviter certains droits d’importation », révèle le document.

Rappelons qu’entre septembre et décembre 2019, toutes les activités économiques du pays ont été bloquées, lors du grand mouvement «peyi lok». L’opposition politique qui a été soutenue par des acteurs économiques, dont M. Deeb, a demandé à la population de rester chez elle dans un mouvement de protestation visant à faire pression sur le Président Moise pour qu’il démissionne. En dépit, de la paralysie des transports publics, la fermeture des écoles et la chute des réserves de nourriture provoquées par le bocage et les barricades des artères et la violence qui empêchaient la libre circulation des personnes et des biens à travers le pays, coupant les régions de la capitale. Affairiste, M. Deeb, avait soudoyé des députés, qui ont ensuite payé des chefs de gangs pour que ceux-ci dispersent les manifestants pour débloquer les rues afin de faciliter le passage de ses marchandises.

Le Conseil de sécurité de l’ONU dit créer un régime de sanctions contre toutes les personnes qui sont responsables ou complices d’activités faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité en Haïti ou comme ayant pris part, directement ou indirectement à de telles pratiques. Les personnes sanctionnées sont interdites de voyager dans les pays membres des Nations-Unies, leurs avoirs seront gelés et un embargo sur les armes ciblé concernant des personnes et entités désignées par le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2653.

 

 

Sheelove Semexant 

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