Fermeture de la frontière : le défi de la production d'œufs en Haïti

Le ministère du Commerce et de l'Industrie compte organiser un forum pendant deux journées au Cap-Haïtien, pour instruire les directeurs départementaux sur les mécanismes à définir dans le cadre de l'enquête nationale sur l'ensemble des petits producteurs d'œufs dans le pays. Parallèlement, des producteurs plaident pour de plus larges investissements dans le secteur et un contrôle plus strict du marché par l'État haïtien.

La consommation d'œufs est très répandue dans la culture haïtienne. Suivant les données disponibles, les Haïtiens mangent plus d'un million d'œufs dans une journée, soit près de 30 millions par mois, alors que sa production représente près de 20% de la demande du marché. En effet, depuis la fermeture de la frontière binationale entre Haïti et la République dominicaine par le président Luis Abinader en septembre dernier, les pertes enregistrées par les producteurs dominicains sont déjà évaluées à plus de 17 millions de dollars américains, selon ce qu'a révélé le président de l'Association dominicaine des producteurs d'œufs. Cette situation a déjà provoqué le renvoi de plusieurs employés travaillant dans ce secteur, a-t-il confié.

Face à l'initiative du ministère du Commerce et de l'Industrie qui organise un forum, dans le cadre de l'enquête nationale sur l'ensemble des petits producteurs d'œufs dans le pays, des agriculteurs exigent une implication directe de l'État pour relever ledit secteur.

Jean Berdiny Morquette, producteur avicole, soulève que la fermeture des frontières entre Haïti et la République dominicaine est une opportunité qui peut contribuer à renforcer la production agricole et faciliter le développement économique du pays. "En Haïti, on doit avoir un système qui encourage la production des produits locaux. Ceci est un facteur clé pour l'économie, par sa contribution dans la création de richesses, les échanges et les activités commerciales, entre autres. Pour la production des œufs dans ce contexte de crise avec la République dominicaine, il faut des investissements dans l'ensemble des produits de consommation des volailles, les conditions d'élevage et d'hygiène", a indiqué le jeune entrepreneur.

Néanmoins, Berdiny souligne que la fermeture des frontières d'Haïti avec la République dominicaine provoque une diminution dans le nombre des pondeuses en Haïti, puisqu'une bonne partie des poussins proviennent du territoire voisin. En effet, il voit la nécessité pour l'État haïtien d'envisager de nouveaux marchés pouvant garantir l'accès aux producteurs d'acheter à de meilleurs prix ces biens de production.

En ce sens, il convient aux autorités haïtiennes de trouver des accords commerciaux avec d'autres pays pour acheter des matières premières pouvant servir au développement de l'aviculture, mais également de procéder aux frais douaniers exigés pour certains produits.

Par contre, le professeur Therméus Damiclès, expert en production avicole, souligne qu'au point technique pour le relèvement de la production des œufs en Haïti, il faut un strict contrôle des différents points frontaliers avec la République dominicaine, dont Dajabon, Malpasse, Belladere et Anse-à-Pitre. Également, l'État doit définir une politique publique pour le développement du secteur, l'établissement d'un fond de garantie pour les producteurs/éleveurs.

De fait, il suffit d'établir un système de crédit pour produire, l'organisation de la filière avicole, l'achat en vrac des intrants en Amérique du Sud et en Amérique du Nord, la formalisation des relations commerciales entre Haïti et la République dominicaine.

 

 

Oberde Charles 

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