Réouverture de la frontière dominicaine: échec et mat

Alors que les autorités dominicaines ont rouvert leurs frontières avec Haïti, 
les activités commerciales étaient au point mort dans la ville de Ouanaminthe au cours de la journée du mercredi 11 octobre.  Demetrius Luma, l'agent intérimaire de Ouanaminthe, annonce que c'est au niveau de l'État central que l'on doit prendre la décision de rouvrir officiellement les frontières avec la République dominicaine.

Comme annoncé par le président Luis Abinader en début de semaine, les autorités dominicaines ont procédé ce mercredi matin à la réouverture de la frontière avec Haïti. Cependant, du côté haïtien, les portes sont restées fermées. Il y avait une forte mobilisation de la part des citoyens haïtiens pour boycotter la reprise des activités commerciales avec la République dominicaine en raison de la tension qui existe entre les deux pays sur la construction d'un canal sur la Rivière Massacre.

Plusieurs dizaines d'Haïtiens présents au niveau de la frontière dénoncent l'irrespect du président dominicain. Ils ont également déclaré que la réouverture des frontières n'était pas encore possible tant que la tension reste aussi forte entre les deux pays voisins.

Demetrius Luma, le maire de Ouanaminthe, a fait savoir qu'aucune entente n'avait été trouvée entre l'État haïtien et les autorités dominicaines pour garantir la reprise des activités commerciales au niveau de la frontière. «Je demande à tous les Haïtiens de rester chez eux jusqu'à ce que des mesures soient prises par l'État central pour la reprise du commerce entre les deux pays. Le président dominicain a pris une décision unilatérale. Il a fermé ses frontières sans que nous n'ayons été informés. Nous ne pouvons pas, dans cette situation, soumettre à ses ordres et venir acheter ses produits sans un dialogue entre les autorités des deux pays», a-t-il confié.

Dans un communiqué, le Collectif 4 décembre a critiqué la décision du président dominicain visant à aménager un couloir humanitaire en autorisant le passage uniquement des produits alimentaires et commerciaux dominicains, tout en ouvrant partiellement la frontière qu'il avait fermée unilatéralement. «Une telle démarche serait-elle destinée à satisfaire les entreprises dominicaines effrayées par les pertes encourues à cause de l'impossibilité de vendre leurs produits à notre peuple ? Alors, cela n'a rien à voir avec un « couloir humanitaire ». Entre-temps, la crise persiste», a martelé ce regroupement dirigé par Jean-Robert Argan.

Lançant un appel au calme, à la sérénité et au discernement au gouvernement haïtien, le Collectif 4 décembre croit qu'il est urgent de trouver une solution immédiate et durable entre les deux pays, et Haïti doit fermer sa frontière dès que celle de la République dominicaine sera ouverte en tout ou en partie.

Ils exigent des autorités haïtiennes de revisiter en urgence avec discernement, calme et sérénité, de concert avec leurs homologues dominicains, le Traité de paix et d'amitié signé entre les deux parties le 20 février 1929. Il invite parallèlement les responsables de l'État haïtien et la PNH d'accompagner réellement la population du Nord-Est jusqu'à l'achèvement du canal qui permettra l'irrigation de la plaine de Maribahoux dans les normes et conditions stipulées dans le traité de 1929, ouvrant ainsi la possibilité de développer notre production nationale pour atteindre cette autonomie qui débarrassera notre pays de l'emprise et de la dépendance alimentaire dominicaine. Les dirigeants actuels de notre pays doivent comprendre qu'ils ont tout à fait intérêt à satisfaire les attentes de la population en priorisant les avantages nationaux, ont fait savoir les responsables du collectif.

En effet, la décision des Haïtiens de ne pas rouvrir leurs frontières pour commercer avec la République dominicaine a été effective au niveau des différents points frontaliers. À Anse-à-Pitre, il n'y a pas eu non plus de réouverture de la frontière à Pedernales. Entre autres, un grand nombre d'Haïtiens exigent de l'État un strict contrôle sur la qualité des produits dominicains.


Oberde Charles 

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