Rivière Massacre : le torchon brûle encore

Lors de sa prise de parole à la 78e Assemblée générale des Nations unies à New York, Luis Abinader, le président dominicain a rappelé que la construction du canal de la rivière Massacre par un groupuscule de citoyens haïtiens, est une violation des traités frontaliers entre les deux pays. Parallèlement, ce jeudi, dans un communiqué, le ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) a porté un démenti suite aux allégations faisant croire qu'un document a été envoyé au gouvernement dominicain relatant que le gouvernement haïtien n'a rien à voir avec la construction du ce canal d'irrigation.

Notamment, le ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural soutient que les travaux de canalisation de la rivière Massacre doivent se poursuivre jusqu'à l'irrigation de la plaine de Maribaroux. «Wi fòk kanal la fèt. Wi fòk gen jefò ki fèt pou dlo rive kòm sa dwa nan kanal yo. Wi se nan solidarite ak tèt ansanm pou tè Maribawou rive wouze», a-t-on pu lire dans la note. Par ailleurs, les responsables du MARNDR soulignent qu'ils n'ont envoyé aucun document secret pour donner raison au président dominicain par rapport à sa position sur les travaux de canalisation de la Rivière Massacre.

Plus loin,  le ministère plaide pour un partage équitable des ressources naturelles du pays avec la République dominicaine et que des dispositions ont été prises à travers la direction départementale du Nord-Est pour accompagner les travailleurs de construction du canal. «Le ministère décide d'accompagner le travail en vue de répondre aux normes techniques afin d'éviter les impacts que ces travaux peuvent avoir sur l'environnement et la population de la plaine de Maribaroux», ont précisé les responsables.

Devant la tribune des Nations unies, le président dominicain a déclaré que la poursuite des travaux à la Rivière Massacre est l'œuvre d'un petit groupe de particuliers haïtiens en violation des traités frontaliers entre les deux pays et que le transvasement des eaux vers la République d'Haïti est un acte illégal. «La communauté internationale doit savoir que le fleuve Dajabón trouve son origine à Loma de Cabrera qui se trouve dans le territoire de la République dominicaine et sur ses 55 Kilomètres, il parcourt le territoire dominicain avant de se jeter dans la baie de Manciano à Monte Cristi. Il n' y a que deux kilomètres de ce parcours qui se déroule sur le territoire haïtien et c'est sur ce morceau du fleuve que le canal est en train d'être creusé. Les informations dont nous disposons montrent qu'il s'agit d'une manœuvre en faveur du contrôle de l'eau de la part d'une petite élite économique, politique qui doit être ici condamnée. Ce projet n'a jamais été officiellement communiqué au gouvernement dominicain et aucune documentation sur l'envergure du projet ,son impact environnemental, l'identité des bénéficiaires finaux n'a été communiqué », a révélé Luis Abinader.

Entre autres, le président dominicain confie que ce sont des centaines d'agriculteurs dominicains et haïtiens qui seraient directement concernés par la construction du canal. En effet, il souligne les risques d'inondation qui peuvent subvenir au parc industriel CODEVI, qui se trouve à 300 m en dessous du niveau du canal et les menaces pour 19 000 travailleurs haïtiens et les habitants des villes frontalières de Dajabón et de Ouanaminthe. 

Alors que le président dominicain continue de se larmoyer , la population haïtienne reste mobilisée quant à la poursuite du chantier. Les aides viennent de partout pour contribuer à l'acheminement des travaux. Jean Baptiste Bien Aimé, ancien sénateur du Nord-Est, évoque que cette initiative est louable et nécessite beaucoup d'attentions. Il faut également s'assurer de sa finalisation qui va servir à l'arrosage de trois mille hectares de terre. En revanche, l'ancien parlementaire évoque les difficultés et les conflits qui vont suivre cette initiative puisque la plaine de Maribahoux est constituée de douze mille hectares de terre. «Cela va donc engendrer des différends entre les agriculteurs dont les terres sont arrosées et ceux dont les leurs ne le sont pas», a soulevé l'ancien sénateur lors d'une entrevue sur une station de radio de la Capitale. 

Étant ferme sur sa décision de garder la frontière fermée avec Haïti, le président dominicain assure que seul l'arrêt des travaux peut faciliter le dialogue avec les autorités haïtiennes. À rappeler que 9 citoyens haïtiens ont été déjà interdits d'entrée en République dominicaine dans le cadre de ce dossier.

 

Oberde Charles

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