HAÏTI/ INSÉCURITÉ

Baisse des enlèvements et augmentation des cas de « piraterie maritime », révèle le CARDH

Dans un rapport en date du 17 juillet 2023, le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme (CARDH) à travers sa Cellule d’observation de la criminalité dit observer une baisse des cas de kidnapping et une augmentation des cas de « piraterie maritime ». « Soit 150 enlèvements pour le deuxième trimestre de l'année en cours contre 389 pour le premier trimestre soit une diminution de 61. 43% », a fait savoir le CARDH. 

 

Selon le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme, pour le deuxième trimestre de 2023, dix étrangers ont été enlevés contre 29 pour le trimestre précédent, soit une diminution de 65.51%. Cette organisation, dans son rapport, rappelle que la paix est ce dont les citoyens ont besoin pour mener leurs activités et exercer leurs droits fondamentaux. Cependant, la Cellule d’observation de la criminalité (COC) du Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme dit rester prudente quant à l’accord de paix conclut entre certains gangs sous les auspices du prêtre américain Tom Hagan. 

 

Par le passé, des accords de paix ont été annoncés et conclus, mais, au final, c’était pour attirer les citoyens dans la « nasse » des gangs. Après le tremblement de terre du 14 août 2021, les gangs de Martissant avaient annoncé une trêve. Une fois que les citoyens reprennent la route, nombreux ont été kidnappés, des camions de marchandises détournés. A Cité Soleil, des trêves et des accords de paix ont été annoncés, mais ils n’ont pas été respectés (2019 par exemple).D’autant que le kidnapping enregistre une baisse significative, occasionnant un important manque à gagner pour cette « industrie ».

 

A cela, s’ajoute l’adoption des régimes de sanctions onusiennes et bilatérales, occasionnant une importante coupe au niveau du financement des gangs (financement direct ou indirect ; financement pour survie personnelle, économique et autres, financement pour raisons politiques et autres, argumentent les responsables du CARDH qualifiant cette de démarche de fragile paix entre les gangs armés vu que des citoyens au Bel-Air contactés se montrent très sceptiques par rapport au processus de paix initié par la bande à Barbecue et celle de Kempès Sanon et alliés. Toutefois, la Cellule d’observation de la criminalité (COC) n’écarte pas l’hypothèse que des chefs gangs sanctionnés veulent se montrer « bons enfants », en contribuant à la finalité des sanctions qui ne sont pas forcément un processus judiciaire, mais qui visent un « changement de comportements ».

 

En outre, les responsables ont souligné que malgré cette annonce ou démarche de paix,  les gangs gardent encore leurs armes tous les moyens dont ils disposent. « À tout moment, les violences peuvent se reproduire comme à l’accoutumé. Il s’agit d’un énième accord de paix. Profonds contentieux entre gangs. Certains chefs de gangs auraient des problèmes profonds avec leurs rivaux. Par exemple, un chef de gang qui aurait assassiné la mère de son rival, violé ses proches. Dans certains quartiers, des luttes pour la conquête de territoires existent depuis des dizaines d’année. », telles sont les autres raisons avancées par la Cellule d’observation de la criminalité du CARDH pour expliquer sa posture face à cette annonce de paix.

 

 

Baisse des enlèvements et faible manifestation des autres modes opératoires des gangs en raison du « Bwa Kale »

 

Le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme dans son rapport précédent a expliqué que l'impact du Bwa Kale sur l’insécurité et le kidnapping en Haïti, déclenché le 24 avril 2023, suite à la calcination, devant le sous-commissariat du Canapé-Vert, de 14 membres du gang de Laboule, et qui s’est étendu dans huit départements a favorisé une baisse significative des enlèvements pour le deuxième trimestre et un ralentissement des autres modes opératoires des gangs. Avec ce mouvement dénommé Bwa Kale, deux-cent-quatre présumés membres et proches de gangs ont été exécutés du 24 avril au 24 juin 2023, dont 77.48 % dans le département de l’Ouest (157 exécutions), a relaté le CARDH. Cette structure a laissé comprendre qu'à date, ce chiffre est passé à 219. « Vingt-sept personnes ont été assassinées par les gangs en juin 2023, contre 43 en mai et 146 en avril, incluant les tueries à Sources-Matelas et au Bel-Air, soit une baisse respective de 81.50 % et 70.54%. Il ne s’agit pas ici d’homicide global ou de morts violentes générales », a fait savoir le CARDH.

 

Hausse probable des enlèvements pour le troisième trimestre : Toutefois, la fin du mois de juin et le mois de juillet annoncent une hausse des cas d’enlèvements, si des mesures ne sont pas adoptées notamment par le renforcement de la Police nationale d’Haïti en matériels et en effectif et l’encadrement du mouvement « Bwa Kale », a souligné le CARDH dans son rapport.

 

  « Piraterie maritime » en développement 

 

 Par ailleurs, cet organisme de défense des droits humains dit avoir recensé au moins 53 personnes victimes de « piraterie maritime » pour le  deuxième trimestre de l’année. Ce qui représente, d’après ledit organisme 35. 33% des rapts. En ce qui concerne, la Cellule d’observation de la criminalité (COC) met le concept piraterie maritime entre guillemet, car la situation évoquée ne répond pas exactement à sa définition par le droit international  mentionnant que tout acte de violence, de détention ou de déprédation commis par l’équipage ou des passagers d’un navire privé, agissant à des fins privées, et dirigé contre un autre navire, y compris les personnes ou les biens à son bord, en haute mer. «  La piraterie maritime est apparue dans l’Antiquité et est considérée comme un crime international depuis l’avènement du droit des gens. De fait, on peut dire qu’elle est aussi vieille que la navigation maritime elle-même a tenu à indiquer les responsables dudit centre.

 

Vladimir Predvil

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