Négociations politiques: les acteurs toujours sur la corde raide

Les positions des acteurs haïtiens ne sont pas évoluées en ce qui a trait aux propositions de sortie de crise. Les proches du pouvoir s'attachent à un exécutif monocéphale dirigé par le Premier ministre Ariel Henry alors que les opposants réclament un exécutif bicéphale ayant à sa tête, un président pour diriger la transition. La délégation de la CARICOM qui assure la médiation est partie bredouille après l'échec de ce dernier round de négociations tenu du 12 au 15 juillet.



 

Le porte-parole du parti politique OPL, Danio Siriac, indique que la mission de la CARICOM en Haïti est la première mission internationale qui s'engage véritablement à jouer le rôle de médiateur entre les acteurs haïtiens depuis les dernières remontées de l'instabilité politique dans le pays. Toutes les autres missions d'autrefois dirigées soit par le département d'État américain, les Nations unies, et autres étaient des délégations de parade, qui accordent au chef du gouvernement du temps pour compliquer le mode de vie de la population et faire tomber davantage le pays dans le chaos. «Cette mission caribéenne joue bien son rôle. L'expérience faite à la Jamaïque du 11 au 13 juin dernier a permis aux acteurs haïtiens de mieux orienter leurs positions et garder des propositions beaucoup plus justes par rapport à l'évolution de la situation politique: les proches du pouvoir veulent un exécutif monocéphale et nous, l'ensemble des partis politiques de l'opposition, exigeons un exécutif bicéphale avec des plans pour réformer l'administration publique, promouvoir la stabilité et la paix, en vue de l'organisation d'élections transparentes et démocratiques sur tout le territoire», rapporte-t-il.

 

 

En effet, Danio Siriac voit comme seule solution de sortie de crise, l'établissement d'une transition politique dirigée par un président qui aura pour but de rétablir la paix sur le territoire, organiser les élections et réformer les institutions de l'État. Donc, après les rencontres avec les acteurs haïtiens à la Jamaïque et celle de la semaine dernière où les représentants de la Caricom ont rencontré des membres de la société civile et de la classe politique dans le but de faire progresser les négociations autour d'un consensus à la crise, M. Siriac dit espérer qu'à la prochaine rencontre, les émissaires auront à trancher sur la proposition finale pour sortir le pays de la crise. «Laisser le pays dirigé par un Premier ministre, sans Parlement, sans un chef d'État, c'est donner libre accès aux gangs, à la corruption et à la mauvaises gouvernance », a-t-il soumis.


 

Pour sa part, Benel Didier, responsable du parti «Rezistans Ayiti», reste pessimiste par rapport à toute initiative menée par l'Internationale pour une solution à la crise en Haïti. Il dénonce la communauté internationale qui a fortement contribué à l'instauration d'un climat d'insécurité et d'instabilité dans le pays, en accordant son soutien à un gouvernement illégitime, qui depuis des mois n' a rien fait à la tête du pays pour rétablir le calme et la paix. «Pendant les 24 mois du Premier ministre, Ariel Henry, au pouvoir, on ne peut que constater la détérioration de la situation sociopolitique et économique du pays, l'appauvrissement de la population, la défaillance totale des institutions étatiques, la gangstérisation du territoire, le plein chômage et la misère du peuple», dit-il, précisant qu'aucune négociation n'est possible avec Ariel Henry.

 

«Ce qui est nécessaire en ce moment, c'est sa démission! Tout consensus de sortie de crise doit être fait par les acteurs haïtiens,  de concert avec la population haïtienne. La communauté internationale a déjà échoué et elle n'inspire aucune confiance dans ses prises de décisions dans la politique en Haïti», a-t-il poursuivi.


 

Oberde Charles

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