Haïti fait face à une crise alimentaire dévastatrice qui plonge une grande partie de sa population dans une misère profonde. Selon le dernier rapport de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), près de la moitié de la population haïtienne, soit 4,9 millions de personnes, souffre d'insécurité alimentaire et ne peut satisfaire ses besoins alimentaires les plus fondamentaux.
Cette crise est le résultat d'une grave crise économique qui a engendré une crise humanitaire, exacerbée par la présence de gangs criminels qui contrôlent plusieurs routes principales utilisées pour le transport des denrées alimentaires vers les grandes villes.
Selon l'organisation dénommée «Fos refleksyon ak aksyon sou koze kay ak alimantasyon» (FRAKKA), la crise alimentaire en Haïti est due à plusieurs facteurs structurels et politiques. Les politiques néolibérales mises en place dans le pays depuis les années 1980 ont entraîné un déclin de la production agricole locale et une dépendance excessive aux importations alimentaires. Environ 80% du riz consommé en Haïti est désormais importé, ce qui rend la population vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux et aux problèmes logistiques.
La gangstérisation du pays constitue également un facteur critique entravant la production alimentaire. Les gangs s'approprient les terres agricoles et empêchent les agriculteurs de cultiver en toute sécurité. Ce phénomène est alimenté par des politiciens corrompus, souvent soutenus par des intérêts étrangers, ce qui favorise la circulation d'armes et entrave le développement économique et social du pays, déplore FRAKKA.
La corruption généralisée en Haïti aggrave encore davantage la situation. FRAKKA mentionne également l'augmentation répétée du prix du carburant par le gouvernement comme l'un des facteurs contribuant à l'augmentation des prix de tous les produits dans le pays.
Pour sortir de cette crise, FRAKKA recommande plusieurs mesures essentielles. Tout d'abord, un leadership responsable, dit-elle, est nécessaire pour lutter contre la corruption et promouvoir un développement économique inclusif. Il est également impératif de restituer les terres agricoles aux agriculteurs et de les soutenir avec un cadre économique et technique solide.
De plus, il est également essentiel de garantir la sécurité dans le pays et de débloquer les routes nationales afin de permettre une circulation fluide des denrées alimentaires. Cela devrait s'inscrire dans une action concertée pour lutter contre la criminalité organisée et renforcer les forces de sécurité, précise FRAKKA.
Cependant, de nombreux observateurs estiment que la résolution de la crise alimentaire en Haïti ne peut pas être atteinte uniquement par des mesures nationales. L'aide internationale joue un rôle crucial dans la transformation de la situation actuelle. FRAKKA recommande que le gouvernement haïtien et les organisations internationales bien intentionnées unissent leurs efforts pour aider le pays à sortir de cette crise.
Alors que la crise continue de s'aggraver, les citoyens s'interrogent de plus en plus sur les 21 milliards de gourdes alloués par le gouvernement pour la réalisation de projets visant à soulager la population face à la crise humanitaire.
Esdra Jeudy
