Les enjeux climatiques et la crise haïtienne au centre des débats à la CARICOM

Ce 4 juillet 2023 ramène le cinquantième anniversaire du Traité de Chaguaramas créant la Communauté des Caraïbes ( CARICOM ). Dans cette optique le Premier ministre, Ariel Henry, accompagné du ministre des Affaires étrangères,  s'est rendu à Trinité-et-Tobago en vue  de participer à la 45e réunion ordinaire de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de la CARICOM qui se tient du 3 au 5 juillet et qui cadre avec la célébration des 50 ans de la création de cette organisation régionale. 

 

 

En effet, en marge du cinquantenaire de la CARICOM, les chefs d'États et de gouvernement ont mis en débat des thématiques diverses concernant le futur de la communauté caribéenne. Au fait, pour ce cinquantenaire, la Communauté des Caraïbes pèse non seulement les nouveaux défis des changements climatiques, mais  discute aussi de la crise haïtienne.

 

A l’occasion de ce 45e sommet de la Caricom, le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a entamé son discours en appelant la Communauté des Caraïbes à se solidariser au peuple haïtien de manière concrète. « Les défis que nous voyons en Haïti nécessitent un plus grand engagement et une plus grande solidarité. La situation sécuritaire est épouvantable, les besoins humanitaires explosent et la solution politique n'est pas encore en vue. Mais, je suis venu avec espoir et optimisme. Il est impossible de regarder la crise sans voir l'ombre portée de siècles d'exploitation coloniale, d'extorsion, de dictature et d'autres injustices criantes. Nous devons aider à soulager les souffrances du peuple haïtien», argumente-t-il. 

 

De son point de vue, ce 50e anniversaire doit être l'occasion d'une réflexion critique sur les énormes défis auxquels sont confrontées les Caraïbes. Parallèment, Antonio Guterres estime qu’une action notamment sur le front de la finance et celui du changement climatique  est quasiment  nécessaire. Lors de son intervention le lundi 3 juillet 2023, le Secrétaire général de l’ONU tout en faisant référence à la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley et le Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, par l’entremise de l’initiative de financement pour le développement, a souligné que les dirigeants des pays de la Caraïbe ont pu montrer la marche à suivre.

 

Aussi, dans le cadre de ce 45e  sommet de la Caricom qui coïncide avec la commémoration de ses cinquante années de création, il a remercié les dirigeants des Caraïbes pour leurs puissants appels à la justice climatique, à la promotion de l'action mondiale contre les pertes et les dommages, à l'investissement dans les énergies renouvelables et à la sauvegarde de la biodiversité, notamment grâce aux efforts des communautés autochtones.

 

« La COVID-19 a détruit des vies et des moyens de subsistance. Les recettes du tourisme et des exportations se sont temporairement effondrées. Les prix du carburant et de la nourriture ont grimpé en flèche. Le fardeau de la dette s'est alourdi, les liquidités se sont taries et l'accès aux marchés mondiaux des capitaux s'est considérablement détérioré. Pendant ce temps, l'urgence climatique continue de s'aggraver, menaçant l'existence même des petits États insulaires et côtiers de faible altitude », a déclaré le Chef de l’ONU.

 

Abordant la question du pacte de solidarité climatique et des moyens de financement, Antonio Guterres a fait savoir que les pays développés doivent également enfin tenir leurs engagements financiers envers les pays en développement, notamment en atteignant l'objectif de 100 milliards de dollars, en doublant le financement de l'adaptation, en reconstituant le Fonds vert pour le climat et en opérationnalisant le fonds pour les pertes et dommages,  entre autres, pour cette année.

 

« Limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius est encore possible si l’on réduit les émissions de carbone de 45% d'ici 2030. Et c'est pourquoi j'ai proposé un programme d'accélération pour stimuler ces efforts, tout en invitant les gouvernements à avancer rapidement sur leurs échéances nettes zéro afin que les pays développés s'engagent à atteindre le net zéro aussi près que possible de 2040 et les économies émergentes aussi près que possible de 2050 », a-t-il soulevé.

 

A cet effet, comme plan de relance des objectifs de développement durable pour des investissements, particulièrement dans le développement durable et l'action climatique, Antonio Guterres propose : « Un mécanisme d'allégement de la dette renforcé et efficace. De nouveaux outils financiers, tels que les swaps qui convertissent les dettes en investissements dans l'adaptation au climat. Une augmentation de la base de capital des banques multilatérales de développement et un changement de leur modèle d'affaires avec une nouvelle approche du risque pour mobiliser davantage de financements privés et la réorientation des droits de tirage spéciaux. Un changement dans les subventions, s’éloignant des combustibles fossiles et des systèmes agricoles et alimentaires non durables. »

 

Haïti et la CARICOM

 

Par ailleurs, à l’occasion de ce jubilé d'or de la CARICOM, qui a joué un rôle prépondérant dans la création de la Banque de Développement de la Caraïbe (CDB), la Cour de Justice de la Caraïbe (CCJ), l’Agence caribéenne pour la gestion des catastrophes (CDEMA), le Fond caribéen des assurances face aux catastrophes naturelles et l’Agence de Santé public caribéen (CARPHA), cette communauté devrait s'impliquer beaucoup plus afin de permettre à la République d’Haïti de sortir de cette situation indescriptible plaide plus d'un.

 

A cet effet, le Président de la CARICOM également Premier ministre de la Dominique, appelle les membres de ladite Communauté à se pencher sur le cas d’Haïti. « Alors que nous réfléchissons et délibérons sur les défis d'une véritable intégration, nous devons nous pencher sur les problèmes complexes auxquels notre État membre, Haïti, est confronté. Nous nous sommes engagés en tant que Communauté à soutenir le peuple haïtien, pour négocier une solution dirigée par les Haïtiens, à l'instabilité à laquelle ils sont maintenant confrontés. C'est une crise qui nécessite notre soutien continu et celui de la communauté internationale au sens large », réclame Roosevelt Skerrit sur la tribune de la CARICOM.

 

Nous sommes bien conscients que ce n'est qu'un début, et notre engagement doit partir de là et nous devons poursuivre le dialogue jusqu'à ce qu'il y ait non seulement une lumière au bout du tunnel, mais une gare pour que les parties prenantes débarquent du train, unis dans le but et l'action, a-t-il renchéri. « La confiance que les parties prenantes haïtiennes nous ont accordée illustre la crédibilité que la CARICOM a bâtie au fil des ans. », poursuit-il.

 

 

Vladimir Predvil avec la presse Internationale 

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