L’État et ses monstres !

A défaut d’être innovante, la décision est solennelle et cohérente par rapport aux premières sorties du président de la République. Par arrêté publié dans le Moniteur du 3 avril 2017, l’État sera obligé de réduire son train de vie. Témoins attentifs des efforts d’amélioration de la gouvernance en Haïti depuis plusieurs décennies, nous avons la mémoire des effets d’annonces qui font l’économie des précisions et des passerelles d’application. En plus, l’austérité étant à la mode, chaque État, qu’il s’agisse des plus riches, s’applique à faire l’inventaire de tous les centimes à sauver du gaspillage de ressources publiques.

A défaut d’être innovante, la décision est solennelle et cohérente par rapport aux premières sorties du président de la République. Par arrêté publié dans le Moniteur du 3 avril 2017, l’État sera obligé de réduire son train de vie.

Témoins attentifs des efforts d’amélioration de la gouvernance en Haïti depuis plusieurs décennies, nous avons la mémoire des effets d’annonces qui font l’économie des précisions et des passerelles d’application. En plus, l’austérité étant à la mode, chaque État, qu’il s’agisse des plus riches, s’applique à faire l’inventaire de tous les centimes à sauver du gaspillage de ressources publiques.

Au delà de la volonté d’économiser, le souci exprimé par le président de la République concerne au plus haut point la réconciliation des responsables politiques avec la population. L’un des considérants de l’arrêté n’y va pas par quatre chemins : « Considérant que la gestion publique implique un sens élevé des intérêts de l’État, le sens éthique et la probité nécessaire pour privilégier, en toutes occasions, les intérêts de la collectivité plutôt que ceux de groupes d’intérêts ou de particuliers. »

 Cet arrêté répond à un sentiment croissant de défiance envers ceux qui nous représentent et qui dirigent les institutions de service à la collectivité. Ce n’est ni délation ni diffamation quand le simple citoyen affirme ne pas vouloir voter sans contrepartie parce que les ressources de l’État finissent toujours par être détournées au profit personnel des « Chefs ».

L’intention du président de la République est louable et permet d’espérer le triomphe de l’éthique et de la morale sur la cleptomanie devenue banale. La population haïtienne, trop souvent déçue par la cupidité des élites, ne veut plus se contenter de contester les pouvoirs ; elle exige une attitude correcte de ses dirigeants. La défiance envers les dirigeants, sans cesse croissante, n’est pas loin de se transformer en mépris. Le responsable haïtien ne fait plus envie. Il fait pitié.

 L’application de cet arrêté servira à protéger, en premier lieu, les dirigeants haïtiens. Le président de la République, grand abonné de la route, a peut-être compris que la population négligée et dans la souffrance finira par s’en prendre violemment à ses propres dirigeants.

Toutefois, le fait que tous nos présidents ont, soit en campagne ou au début de leurs mandats, disserté sur la morale publique et la bonne gouvernance, on n’a qu’à espérer que le président de la République a eu le temps et les moyens d’apprendre de l’incohérence de ses prédécesseurs.

 Puisque l’heure est à la probité et à la défense des intérêts de la population, le président de la République devrait aussi penser – et c’est urgent – à mettre en garde les contrebandiers, les pollueurs et tous ceux, commerçants ou professionnels, qui volent la population. Au détail ! Ce pays a produit des monstres pires qu’un fonctionnaire qui abuse.

 Jean-Euphèle Milcé

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