La boite à scandales !

La scène du Parlement vandalisé pour une troisième fois reste et demeure choquante. Le spectacle n'est pas digne d'un amphithéâtre démocratique et se rapproche beaucoup plus d'une scène de gladiateurs dans quelque antre de l'Antiquité. Encore qu'à l'époque ces spectacles étaient réglés comme du papier à musique, et qu'une certaine tenue était observée jusque dans la mise à mort du perdant.

La scène du Parlement vandalisé pour une troisième fois reste et demeure choquante. Le spectacle n'est pas digne d'un amphithéâtre démocratique et se rapproche beaucoup plus d'une scène de gladiateurs dans quelque antre de l'Antiquité. Encore qu'à l'époque ces spectacles étaient réglés comme du papier à musique, et qu'une certaine tenue était observée jusque dans la mise à mort du perdant.

L'alliance soudaine et apparemment contre nature entre certains sénateurs de la majorité et ceux de l'opposition dans ce type d'opérations coups de poing porte à réfléchir sur les intentions patriotiques des uns et l'opportunisme politique des autres. S'agit-il d'une prise de conscience des dures réalités que nous éprouvons tous les jours ou de simples calculs politiques parce que comme on dit chez nous « van an vire », le vent a tourné ? Ce n'est pas à nous de faire à quiconque des procès d'intention, mais de relayer les angoissantes questions de l'opinion. Tout concourt donc à donner à la mise en scène de nos nouveaux vandales, un côté glauque, quelque chose qui se situerait entre le « vice et la violence » qui est devenu depuis longtemps une marque de fabrique de la politique haïtienne.

Et pourtant, il y a dans l'opinion publique une belle indifférence quant aux accès de folie suicidaire d'un corps qui dans ses pérégrinations journalières s'est éloigné des intérêts du peuple. Scandales financiers, pots-de-vin contre votes, liens réels ou supposés avec le kidnapping, alliances politiques avec des chefs de bandes en raison d'agendas électoraux, tous les soirs, les ondes se remplissent de toutes sortes d'informations vraies ou fausses relayées par les parlementaires eux-mêmes.

On a parfois du mal à déceler le vrai du faux, à établir le distinguo entre les règlements de comptes entre bandes organisées et les dénonciations outrées et sincères ; les coups portés au bas de la ceinture des « estocades » patriotiques ; les « opérations mains propres » de la salissure générale destinée à noyer l'ensemble du corps dans les fanges du bas de la ville. Et pour qu'on se dise finalement comme un de nos premiers hommes d'État que « tous les hommes sont voleurs ». Le relativisme du « nous sommes tous coupables » qui empêche d'enquêter et de trouver les vrais responsables.

Quoi qu'il en soit, cette législature aura été une boîte à scandale, particulièrement bruyante. Elle aura été cette grosse pierre tombale ensevelissant avec les fossoyeurs d'un exécutif décrié nos aspirations à un pays normal.

Les prises de paroles solennelles et biaisés, les effets de manche des discours délirants et faussement nationalistes, les rumeurs d'alliances concoctées lors de « nuits voraces » au cours desquelles des espèces sonnantes et trébuchantes auraient été généreusement distribuées, autant d'éléments s'ajoutant au ras-le-bol d'un peuple déjà accablé de toutes sortes de maux.

Déçu d'une législature qui a poussé jusqu'au bout des pratiques souterraines qui ne datent pas d'aujourd'hui, l'homme de la rue ne veut plus entendre parler d'un Parlement « croupion », ou qui marchande trop ses décisions sous prétexte qu'elle est une « assemblée éminemment politique », comme si la politique rimait forcément avec l'immoralité, dans un jeu à somme nulle ou tous les coups sont permis.

Dans ce contexte troublant et surréaliste, l'image de ce jeune homme debout et siégeant à la place du Président du Sénat avait certes quelque chose de sinistre, mais aussi de presque …révolutionnaire.

Roody Edmé

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