La gouvernance par le mensonge constitue une stratégie précieuse aux mains de dirigeants qui n'arrivent pas à donner de résultats. Le président, Jovenel Moise, est vu dans l'opinion publique comme un champion dans ce domaine. D'ailleurs, il a dû, à plusieurs reprises, se défendre de cette perception. Les zones d'ombres qui caractérisent des mesures officielles, les promesses irréalistes et la confusion au sommet de l'État indiquent que le pays vit une expérience inédite avec des menteurs de la première classe. La crise de l'essence est une nouvelle occasion de démontrer que ces derniers sont au service d'autres intérêts que ceux de la nation.
La gouvernance par le mensonge constitue une stratégie précieuse aux mains de dirigeants qui n'arrivent pas à donner de résultats. Le président, Jovenel Moise, est vu dans l'opinion publique comme un champion dans ce domaine. D'ailleurs, il a dû, à plusieurs reprises, se défendre de cette perception. Les zones d'ombres qui caractérisent des mesures officielles, les promesses irréalistes et la confusion au sommet de l'État indiquent que le pays vit une expérience inédite avec des menteurs de la première classe. La crise de l'essence est une nouvelle occasion de démontrer que ces derniers sont au service d'autres intérêts que ceux de la nation.
Au moment où le pays fait face à une inflation qui défie les politiques publiques, les autorités viennent de trouver une astuce très osée pour augmenter les prix de produits pétroliers. La rareté artificielle qui met le pays à genoux ces derniers jours est le verre d'eau avec lequel elles comptent faire avaler la pilule. L'échec du passage en force tenté en juillet 2018 leur a appris une leçon de cynisme. Pour se justifier, le gouvernement revient avec l'argumentaire basé sur l'efficacité financière présenté depuis l'exposé des motifs du budget 2017-2018. Mais ce raisonnement ne tient pas la route vu la dégradation accélérée des conditions socio-économiques et l'absence d'engagement en faveur de la lutte contre la corruption.
Les difficultés financières auxquelles fait face l'État haïtien ne sont pas à démontrer. Ces dernières années, les dirigeants, ménageant la chèvre et le chou, ont évité les ajustements réguliers des prix à la pompe. Car ceux-ci ont un lien direct avec la cherté de la vie qui appauvrit presque tous les Haïtiens. Cette logique, corroborant la nécessité de l'institutionnalisation de la politique de protection sociale, comment peut-elle cesser de prévaloir à l'heure actuelle où le pays est au bord de la famine ? Absurde !
La décision d'augmenter le prix du diesel et du kérosène en consentant une légère baisse sur la gazoline n'est ni plus ni moins qu'un coup de bluff politique. Ce serait un mauvais calcul si les éléments de la classe moyenne, ceux qu'on ridiculise pour leurs voitures bon marché, croyaient que cette mesure les avantagerait réellement. La vérité est que les commerçants feront face à la hausse des couts du transport. Les grandes entreprises dépenseront plus pour faire tourner leurs génératrices. Et l'inflation va encore grimper. Ce qu'on gagne ou qu'on croit gagner dans la main gauche partira par la main droite. Les seuls bénéficiaires seront ceux qui abusent encore et encore de leur vache à lait, le trésor public.
Par son entêtement à obéir aux recommandations du Fonds monétaire international, Jovenel Moise, encouragé par ses alliés du secteur des affaires, réitère son incapacité à concilier l'obligation de l'efficacité financière de l'État et les mécanismes de prévoyance collective par lesquels les citoyens doivent être assistés face aux risques sociaux. Bref, son incompétence.
Même en faisant croire à une subvention du pétrole, ce que certains économistes réfutent, les autorités devraient agir avec précaution sur le prix de l'essence. Cette « subvention » serait la seule forme d'assistance sociale à ne pas être détournée. Le président ferait mieux de montrer qu'il est vraiment un génie en matière de lutte contre la corruption. Qu'il pense également à concrétiser les nombreuses mesures d'austérité qu'il ne cesse d'annoncer depuis plus de deux ans.
Kendi Zidor