Que les Haïtiens meurent par dizaine de milliers n’est plus la prévision d’un événement improbable. Cas après cas, communiqué après communiqué, le Covid-19 se répand en Haïti. Les expressions de la profonde angoisse, les prières, la paranoïa mettent à nu l’impuissance d’une population. Les réactions des Haïtiens, contrairement à l’idée qu’ils sont tous sceptiques et incrédules, vont dans le sens d’un scénario apocalyptique. Même les autorités, d’ici et d’ailleurs, dans des moments de constat de l’inadéquation des systèmes de santé par rapport aux risques, se perdent dans des prévisions glaçantes. Nous tremblons tous à l’idée de voir mourir, impuissants, 1500 personnes par jour. C’est encore plus effrayant que de perdre des centaines de milliers en 35 secondes.
Que les Haïtiens meurent par dizaine de milliers n’est plus la prévision d’un événement improbable. Cas après cas, communiqué après communiqué, le Covid-19 se répand en Haïti. Les expressions de la profonde angoisse, les prières, la paranoïa mettent à nu l’impuissance d’une population. Les réactions des Haïtiens, contrairement à l’idée qu’ils sont tous sceptiques et incrédules, vont dans le sens d’un scénario apocalyptique. Même les autorités, d’ici et d’ailleurs, dans des moments de constat de l’inadéquation des systèmes de santé par rapport aux risques, se perdent dans des prévisions glaçantes. Nous tremblons tous à l’idée de voir mourir, impuissants, 1500 personnes par jour. C’est encore plus effrayant que de perdre des centaines de milliers en 35 secondes.
Il est naturellement trop tard, et peut-être improductif, de faire le procès d’un système de santé qui, s’il existe, ne l’est que de manière très ténue. La population haïtienne n’est pas simplement vulnérable, elle vit dans une fragilité extrême. En faisant, avec les outils les plus simples, l’inventaire des moyens haïtiens pour faire face à un pic de la pandémie, il est évident que nous n’aurons jamais les moyens standards pour accueillir les malades, les soigner et prendre le contrôle de la situation pandémique.
Les messages de sensibilisation communautaire, même les plus maladroits, commencent à bénéficier d’un taux de pénétration plus important auprès de la communauté. Des groupes organisés s’impliquent avec conscience et mettent dans la bataille ce qu’ils portent encore d’énergie. Les acteurs et opérateurs culturels, par exemple, réunis sous le chapeau de la structure ABA kO (Aba Kowona), viennent de rejoindre la cohorte des citoyens concernés en mettant en œuvre une campagne de sensibilisation qui utilise des relais comme les responsables de lakous et de centres ou organisations culturels.
Tout ceci participe à la perspective d’agir sur les comportements à risque des membres de la population et, par ricochet, de freiner la propagation insidieuse du virus. Mais que Dieu et les esprits tutélaires de la nation nous en préservent, la lenteur dans le démarrage de ces activités responsables et sensées fait craindre que nous sommes en train de conseiller l’utilisation du préservatif à une adolescente enceinte. Malheureusement, il y a des raisons de le croire. La divulgation des chiffres renforce certes une communication de choc, mais ne guérit nullement. Pire, elle n’impose pas l’application des mesures de sauvegarde.
Toutefois, nous ne pouvons pas perdre de vue le fait que la pandémie va exacerber la crise alimentaire en Haïti. Déjà, que la peur de mourir de faim soit la principale excuse (ou la traduction d’une réalité) par ceux qui s’aventurent à contourner les recommandations de confinement et de distanciation physique. Pour rappel, les pratiques de consommation en Haïti et l’enterrement des unités de production nationale ont consacré la dépendance du pays aux importations. Or, nos frontières sont fermées à la circulation des biens (malgré nous) et nos fournisseurs, pour faire du surstock, ne sont plus intéressés à exporter et pour le commerce et pour les bonnes œuvres humanitaires.
Il est encore temps de commencer à travailler sur la bonne formule pour trouver les moyens efficaces permettant d’assurer l’approvisionnement du marché haïtien en aliments de base. Ce, pour éviter l’augmentation criminelle des prix du peu de produits disponibles et aussi le risque que des membres de la population en arrivent à se disputer un kilo de riz et une cuisse de poulet armes à la main.
Il est encore largement possible de créer des couloirs et des circuits pour acheminer vers les marchés des aliments en train de pourrir dans les zones enclavées d’Haïti. Et, aussi de mettre rapidement en terre des produits à cycle court. Cela peut devenir obligatoire au même titre que de se laver les mains et de porter des masques. Cela fait longtemps qu’il est admis qu’un bouillon de patate douce sauve des vies dans le « Far West ». Pourquoi pas à Pétion-Ville ?
Jean-Euphèle Milcé