Le coronavirus poursuit sa ballade mortelle. Et nos voisins Dominicains sont en train de payer un prix qui s’alourdit tous les jours. En Haïti, le Gouvernement tente de s’organiser et se met depuis quelques jours en ordre de bataille pour contrer une maladie aussi insidieuse que mortelle.
Le coronavirus poursuit sa ballade mortelle. Et nos voisins Dominicains sont en train de payer un prix qui s’alourdit tous les jours. En Haïti, le Gouvernement tente de s’organiser et se met depuis quelques jours en ordre de bataille pour contrer une maladie aussi insidieuse que mortelle.
Toutefois, il y a un consensus au sein de la société, à savoir que « l’effort de guerre » est trop grand pour être centralisé. Il faut que ce Gouvernement évite le piège de vouloir tout gérer en espérant tirer les gains et bénéfices d’une éventuelle victoire contre un virus qui est en train de défaire l’armada hospitalière de la plus grande puissance du monde et celle de l’Europe.
Haïti devra trouver des formules originales pour combattre le mal. Les industriels et les artisans se sont mobilisés pour fabriquer des masques alternatifs, lesquels aideront le Gouvernement à faire face à la grande pénurie existant sur le marché international. Il faut signaler aussi les initiatives de certaines communes ou de grandes villes comme Jérémie et les Cayes qui se sont placées dans une sorte de quarantaine préventive. Il s’agit pour ces régions qui n’ont encore enregistré aucun cas officiel de se protéger afin d’éviter que la pandémie n’entre chez eux par la grande porte, c’est-à-dire celles des gares routières et des pistes d’aviation.
Le président de la Fédération des maires, Jude Édouard, a plaidé pour que les différentes structures liées au désastre et à la protection civile en général soient mises en alerte. Il faut que les municipalités puissent s’engager sur le terrain dans la bataille contre l’ennemi qui a une capacité d’infiltration et de contagion hautement létale. Certains faits ne sont, par contre, nullement rassurants, lorsque des gens déclarent péremptoirement aux micros de confrères qu’il s’agit d’une légende urbaine. Certains enterrements et autres réunions à vocation religieuse attirent une foule insouciante du danger.
L’État affirme privilégier la communication, mais ceux qui n’écoutent pas ne devront-ils pas être sanctionnés ? Mais l’État est si faible et sa crédibilité si fortement entamée depuis des années qu’il ne lui reste que les conférences de presse pour faire passer un message aussi vital.
La propagation de ce virus pose un problème majeur au point que les États y compris les plus puissants ont du mal à gérer la santé des citoyens. Le Président des États-Unis a détricoté le filet sanitaire mis en place par son prédécesseur Barak Obama. Aujourd’hui, l’État de New York est sinistré et est comme brutalement ramené au Moyen âge avec des hôpitaux et des morgues de rues. Le New Jersey est aussi durement frappé et la maladie étend sa chrysalide sur tous les États de l’Union.
Les nouvelles qui viennent de l’Europe sont tout aussi alarmantes avec des systèmes sanitaires débordés, et des aides venant de Cuba et de la Chine.
L’occasion pour Cuba de montrer au monde entier les grands avantages de son « investissement dans l’humain », les médecins et infirmières cubains sont partout sur les théâtres d’opération où le virus frappe sans pitié. Ce pays expose au monde les nouvelles valeurs de solidarité et d’équité qui devront l’emporter sur le productivisme à courte vue.
Haïti est d’une fragilité insondable. Si le grand épidémiologiste américain, le Dr Fauci envisage au bas mot 200.000 décès aux États-Unis et cela, s’ils prennent des mesures exceptionnelles, que dire de notre pays où certains hôpitaux ignorent jusqu’à présent le processus de prise en charge des malades.
Le Centre ambulancier national se déclare prêt avec des équipes spéciales d’intervention, le Gouvernement a commandé des camions pulvérisateurs pour la décontamination de nos rues et marchés. L’État vient de supprimer certaines taxes sur les petites et moyennes entreprises et accorder des moratoires d’un trimestre aux contribuables. Tout cela est de bonne guerre, mais ce ne sont que des armes légères face à la puissance létale de ce virus qui fonctionne comme une bombe à fragmentation.
La vraie réponse sera collective, patriotique et civique. Nous avons là la possibilité de créer une « union sacrée » et pourquoi pas faire de notre pays, malgré sa trop grande fragilité, un des pays les moins touchés.
Pour cela il faudra que nos femmes et hommes d’État se mettent à la hauteur stratégique du défi. Le temps des égos démesurés et des luttes de clan doit appartenir au passé, si nous ne voulons pas tous périr. La société civile ne peut non plus avancer en ordres dispersés, car bientôt il sera trop tard. N’est-ce pas le moment d’appliquer enfin, notre devise « l’union fait la force ».
Roody Edmé