Bill Pape !

Le coronavirus aura relancé chez nous et dans le monde entier un début de réflexion sur la fragilité de la condition humaine. Chaque fois, que la nature frappe avec une telle force, l’homme s’interroge sur sa puissance réelle face aux forces naturelles et sur le traitement inique infligé à la planète.

Le coronavirus aura relancé chez nous et dans le monde entier un début de réflexion sur la fragilité de la condition humaine. Chaque fois, que la nature frappe avec une telle force, l’homme s’interroge sur sa puissance réelle face aux forces naturelles et sur le traitement inique infligé à la planète.

Chez nous, on recommence comme après le tremblement de terre à parler de solidarité et « d’union qui fait la force », une devise que nous avons beaucoup de mal à appliquer quand il s’agit de défendre nos intérêts partisans. Ceux-ci jusqu'ici ont plongé notre histoire dans un abîme de fer et de feu. Des luttes sans grandeur qui nous ont souvent boutés hors de nous-mêmes ou nous ont conduits en exil ailleurs ou dans notre pays.

L’intervention la semaine dernière du docteur Bill Pape, l’équivalent haïtien du Docteur Fauci, l’éminent spécialiste américain des maladies infectieuses, a secoué l’opinion publique. Après avoir présenté les caractéristiques de la maladie, expliqué le modèle de tests appliqué par le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP)-, le brillant praticien a en sa qualité de président d’un comité de gestion de la pandémie, livré un message fort au pays.

Il a expliqué que vu la magnitude de la catastrophe qui s’abat sur les peuples du monde, la réponse haïtienne ne peut être qu’originale. C'est-à-dire une réponse solidaire dans un souci commun de protection individuelle et collective.

Il s’est servi de l’image du football dont les Haïtiens raffolent pour dire que l’équipe qui devra livrer cette bataille asymétrique doit être nationale. J’ai besoin a-t-il martelé de onze joueurs et d’un douzième homme, en l’occurrence la population, préparés à relever ce défi qui met à genoux les puissants de ce monde ! »

La petite Haïti ne pourra gagner cette bataille, non pas en termes de nombre de lits d’hôpitaux ou de matériels médicaux, mais dans le respect strict des gestes barrières, dans la discipline qui n’est pourtant pas la chose du monde la plus partagée chez nous.

Le Dr Pape qui a déjà mené ce pays à de grandes victoires contre la tuberculose, le sida et le choléra a résolument pris la tête des troupes de professionnels et de volontaires décidés à mener cette grande bataille aux dimensions épiques.

Tel le Dr Rieu dans le roman d’Albert Camus, La Peste, il se dit que le sens de la vie face à l’ absurde est dans le combat contre la maladie.

Rien de ce qui existe sur le terrain ne peut nous mettre en confiance : un État faible, un système de santé chaotique où les médecins vivent dans la peur permanente d’être contaminés, une indiscipline séculaire favorisée par le non-respect des décisions d’un État en mal de crédibilité.

Toute chose qui annonce un combat perdu d’avance. Cependant, les efforts du Gouvernement central pour tenter une information plus massive et surtout plus intelligente, les réactions décisives de certaines mairies de la zone métropolitaine, et de villes comme Jéremie ou Jacmel qui ont durci les mesures de confinement ; les contributions financières et matérielles des membres du secteur privé, l’engagement de la plupart de nos artistes sont des éléments positifs et surtout encourageants dans une situation propre à semer l’épouvante.

Le vent maudit qui balaie le monde n’a pas encore frappé de plein fouet notre pays. Mais déjà son mugissement est perceptible et sa capacité mortelle de nuisance ne fait point de doute.

Il nous faut des braves comme le Dr Pape, le Dr Paul Farmer, autre visage scientifique solidaire de nos souffrances et d’autres, dont nous nous gardons de citer les noms pour le moment. Des « soldats inconnus » qui sont sur le front face à l’épidémie.

Puisse cette nouvelle épreuve nous fasse réinventer la solidarité, l’union sacrée sous les drapeaux et atteindre les sommets de l’absolu comme l’écrivait cette semaine une consœur.

Roody Edmé

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