Cedant arma togae

La saison cyclonique qui s’étend de juin à novembre, et qui devrait ébranler les cœurs à la moindre alerte météorologique, semble beaucoup moins inquiéter la population haïtienne que le phénomène de l’insécurité. On ne cesse de compter les morts depuis un certain temps, et cette calamité s’installe à visière levée, au grand dam d’un pays qui a peine à se relever de la mauvaise presse internationale.

 

 

Dans un passé pas trop lointain, on parlait de zones de non-droit, qui avaient leurs noms et leurs chefs, dans des ghettos et quartiers marginaux. Les policiers eux-mêmes étaient devenus des cibles beaucoup plus atteignables que le commun des mortels.Les statistiques de la PNH sont là pour en témoigner.Aujourd’hui, l’industrie du crime n’a plus de quartier; elle s’installe partout, sans peur et sans reproche. Ses points forts sont diversifiés, dans la capitale comme dans les principales villes de province.

 

 

Le terrorisme dont il est question à l’heure actuelle un peu partout dans le monde se réclame d’un État et d’une idéologie, et il revendique continuellement ses actes crapuleux, au nom de convictions auxquelles s’attachent nombre de ses adeptes.La communauté internationale sait au moins à quoi s’en tenir, car les auteurs intellectuels des méfaits commis sont clairement identifiés. Les actions à entreprendre contre eux peuvent être ciblées, contrôlées et menées à bien.

 

 

Peut-on en dire autant en Haïti où les mains offensives sont cachées, et où la défense nationale pêche en eau trouble?L’inexistence même d’une justice distributive et répressive, le cas échéant, rend inefficaces les actions policières, car ceux qui devraient être derrière les barreaux courent les rues, après avoir négocié leur liberté à coups de billets verts. C’est le monde à l’envers, ne cesse-t-on de répéter.

 

On a toute la peur aux trousses. Même les irresponsables de la «justice» qui se repaient d’espèces sonnantes et trébuchantes– qu’on dit n’avoir pas d’odeur- ne seront pas exempts, car la main qui frappe est aveugle et ne fait pas de quartier. Oui, depuis un certain temps, ce n’est plus Ti-Bois, Grand-Ravine, ou quelque coin ciblé de Cité-Soleil; c’est Port-au-Prince dans son ensemble qui est devenue le théâtre de crimes sans nom, puisque non revendiqués et difficilement repérables.

 

 

Quand les assassins courent les rues, dans l’impunité la plus totale, c’est la société, dans son ensemble, qui en paie les frais : policiers, avocats, juges, qui n’auront pas pris leurs engagements comme il faut, en traquant les bandits et en plaçant le mot du droit.

 

 

Quand reviendra-t-on à ces assises criminelles où les armes et l’argent le cédaient à la toge, où l’homme de la basoche pratiquait la Morale fondamentale, pour le plus grand bien de notre société ?

 

 

La Rédaction

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