Autour de la décote de la gourde

Peu importe où dans le monde, parler de la chute accélérée de la devise nationale équivaut à l’évocation d’un cauchemar.Les gestionnaires les plus avisés ont de plus en plus de mal à supporter les dangereuses fluctuations à la baisse qui menacent leurs avoirs. Dans les grands comptoirs de change, quand c’est la Bourse qui fluctue, certains craignent même le pire des catastrophes, comme le grand krach de 1929, ou plus près de nous, l’effondrement économique de 1987 qui avait vu se précipiter les banques centrales pour éviter la plus grande crise monétaire de tous les temps.

 

 

La question du terrorisme international fait moins peur, semble-t-il aujourd’hui, que la déprime économique mondiale. Quand des milliards de dollars partent en fumée en quelques séances boursières, certains grands prédateurs financiers s’apprêtent à s’enrichir davantage en lorgnant de bonnes actions dans le décalage entre l’état de l’économie mondiale et celui des marchés boursiers. Quand la capitalisation boursière s’accroît, l’appât du gain augmente.

 

 

Chez nous, la Banque de la République d’Haïti (BRH) vient d’injecter plus de 30 millions de dollars américains en plusieurs versements sur le marché pour «contrer la décote accélérée de la gourde», alors que ces mesures ont été déjà prises par le passé et les résultats n’ont eu que l’effet d’annonce.

 

 

Questionnés par Le National sur ces mesures de redressement prises par la Banque centrale, certains économistes ont félicité cette initiative de la BRH, mais croient que c’est bien trop tard : « Cette mesure adoptée par les autorités monétaires nationales ne va pas apporter grand-chose sinon freiner la volatilité très alarmante du taux de change, à moins d’être accompagnée de mesures politiques fortes», ont laissé entendre les économistesprônant des mesures plus fortes pour faire respecter les prescriptions légales en ce qui concerne le secteur des changes.

 

 

Entre-temps, sur toute l’étendue du territoire national, les effets désastreux de l’augmentation du coût de la vie se font sentir, par suite de la flambée des prix à la consommation.Parallèlement à ce souci de la Banque centrale d’éviter au pays une quelconque débâcle économique, le secteur du commerce ne devrait-il pas agir sur la tendance au marché noir, réduire les profits — à défaut de stabiliser les prix — et même arriver à contrer la concurrence déloyale ? L’inexistence, depuis ces dernières années, de coopératives financières à «tendance populaire» porte un coup dur au commerce informel qui commençait pourtant à s’imposer comme une alternative économique réelle au pays.

 

 

En dépit de cette crise socioéconomique intenable, les familles haïtiennes trouvaient d’heureuses compensations dans l’économie solidaire, et on sentait même une baisse de régime dans les voyages clandestins à haut risque. La tendance s’est réactivée malheureusement depuis que s’est installée dans les cœurs l’angoisse d’un lendemain incertain. Il faut des mesures de redressement de plus en plus fermes, pour juguler la crise de la monnaie nationale et ainsi redonner espoir au peuple haïtien.

La Rédaction

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