Gouvernance : Une chronique pour inciter à de « Best Practices »

La gouvernance désigne un ensemble de processus, normes et structures qui régissent le fonctionnement d’une organisation, d’une entité ou d’une société (Baland, Moene, & Robinson, 2010). Ces processus interpellent l’engagement de divers acteurs tels que les gouvernements, les organismes publics, les institutions internationales et les organisations non gouvernementales. Tout en établissant la manière dont les différents acteurs interagissent en vue d’atteindre des objectifs fixés, la gouvernance définit le niveau de participation et de responsabilité des parties prenantes. Elle vise à assurer la transparence, l'éthique, la responsabilité et l'équité dans la prise de décisions et la gestion des ressources économiques et sociales (UN, World Bank).

Le concept gouvernance peut s’appliquer à divers domaines. Par exemple, on distingue la gouvernance publique, la gouvernance d’entreprise, la gouvernance internationale, la gouvernance environnementale, etc. Chacun de ces domaines se différencie par des caractéristiques et des enjeux spécifiques. Cependant, ils ambitionnent tous d’établir des mécanismes efficaces afin de garantir une gestion rationnelle, éthique et responsable des institutions. Sans sous-estimer la potentialité de l’impact considérable des autres types de gouvernance sur le bien-être social, la chronique hebdomadaire « Gouvernance » porte particulièrement sur la gouvernance publique. Celle-ci réfère aux méthodes et principes administratifs auxquels doivent obéir les acteurs notamment les dirigeants politiques en vue de gérer à bon escient les affaires de la société. La gouvernance publique englobe les processus et les mécanismes mis en œuvre par les gouvernements en vue de prendre des décisions judicieuses au profit de la société. Elle incorpore des projets de politiques publiques - infrastructures routières, hôpitaux, écoles, centres de formation professionnelle, réseaux électriques, outils technologiques - à concevoir et à exécuter dans le but de propulser l’amélioration du bien-être collectif.

Les politiques publiques étant généralement implémentées par le biais de processus complexes qui se déclinent en l'identification des problèmes, l'analyse des options disponibles, la formulation des objectifs, la prise de décision, l’exécution des projets et leurs évaluations. Ainsi, des outils techniques et scientifiques tels que des plans stratégiques à évaluer par le biais de divers indicateurs s’érigent en des instruments nécessaires pour mieux cerner les progrès par rapport à des visions dégagées via les feuilles de route des politiques publiques. Par le truchement de solides réflexions et de recherches approfondies, la chronique « Gouvernance » vise à encourager des actions et des mesures à implémenter par les gouvernements et les institutions publiques afin de contribuer à résoudre des problèmes politiques, sociaux, économiques et environnementaux.

 

La gouvernance, un vecteur directeur du développement 

Une panoplie d’études décèlent un effet positif de la bonne gouvernance sur le développement (Kaufmann, Kraay, & Zoido, 1999 ; Khan, 2013). La démarcation entre les sociétés classées de modernes et celles qui pataugent dans le sous-développement réside dans la qualité de la gouvernance en vigueur (Kulshreshtha, 2008 ; Osborne, 2005). D’une part, les sociétés qui émergent pour emprunter la voie du développement appliquent en général un système de gouvernement transparent, responsable, participatif et respectueux de l'État de droit. En d’autres termes, ces sociétés bénéficient des immenses retombées positives procurées par l’adoption des principes de la bonne gouvernance. Par exemple, l’essor des tigres asiatiques et de plusieurs sociétés émergentes est le résultat de nouvelles visions qui ont propulsé à des changements de comportement dans la direction des affaires publiques. D’autre part, les comportements archaïques, opaques et arbitraires constituent les empreintes des sociétés sous-développées. Corruption, conflits d’intérêts et abus de pouvoir sont parmi les pratiques anomiques qui allongent la liste des vices relatifs à la mauvaise gouvernance. Celle-ci entache les projets de la collectivité d’inefficacité ; elle élargit le fossé des inégalités et paralyse les sociétés moins avancées dans une trappe de pauvreté (sic. Lucas, 1989).

 

 

 

Haïti, paralysée à cause de la mauvaise gouvernance

Un ensemble de réflexions de la récente littérature sur le développement identifient les institutions comme un facteur clé qui explique les écarts de standards de vie entre les sociétés (Acemoglu et Robinson, 2013 ; Portes, 2006 ; Pande et Udry, 2005). Pourtant, Haïti représente un prototype de la catégorie des sociétés réfractaires aux normes et au respect des institutions. Haïti se caractérise par un blocage criant du rôle moteur que devaient jouer les institutions pour la mettre sur les rails du développement. Les pratiques politiques ayant cours dans la société haïtienne se dressent de manière diamétralement opposée aux provisions théoriques consignées dans la constitution et un ensemble de documents de référence. C’est donc sans surprise que le pays s’éclabousse actuellement dans un contexte de vide politique abyssal. Le désastre multidimensionnel témoigne des retombées néfastes de l’irrespect des principes institutionnels.

 

À force de gaspiller les richesses, saboter les dotations initiales et violer les principes républicains, dont celui du respect du temps électoral, le pays ne compte même pas un seul élu à sa sphère politique. Dans la stupéfaction, le gouvernail national est assuré dans une grave acéphalie politique, sinon dans une monocéphalie dénudée d’une once de légitimité et de notoriété. La dernière décennie a montré que si les élections frauduleuses sont sources de crises récurrentes, les nominations illégitimes à des postes électifs effectuées en dehors des balises hypothèquent davantage la stabilité politique. En absence de leaders dotés de crédit moral adéquat, les conflits sociopolitiques tendent à s’aggraver d’autant que les moyens charismatiques de contenir les exaspérations populaires en font défaut. Puisque les rênes politiques sont assurées dans une médiocrité qui flirte avec la cupidité d’une minorité insouciante, le bien-être économique et social en pâtit.

Instinct de survie oblige, c’est à travers toutes sortes de gymnastiques que les descendants des pionniers de la liberté fuient la misère et l’insécurité pour se jeter à des espaces inconnus. Au cours des dernières années, des centaines de milliers d’Haïtiens bougent tête baissée comme des nomades en quête d’un bonheur illusoire en terre étrangère pour eux-mêmes et leurs familles. Nos compatriotes se décapitalisent en liquidant des titres de propriété et en quémandant des transferts d’argent auprès de la diaspora afin de cumuler de fortes sommes pour se jeter à des territoires inconnus. En des dépenses onéreuses, ils ont choisi de se dépayser vers le Chili, le Brésil, la République dominicaine, l’Europe et l’Amérique du Nord. En plus de l’effet négatif de la dislocation des familles, fort souvent ce sont des échecs cuisants, des regrets amers, des humiliations et un ostracisme exercé sur toutes les formes qui leur souhaitent la bienvenue.

 

Selon les statistiques de la police d’investigation chilienne (PDI), le territoire chilien abritait en 2019 plus de 165 000 Haïtiens dont 111 746 y étaient immigrés en 2017 contre 4 053 en 2014 et 13 299 en 2015. Au début du pic de l’exode post-sismique massif, c’était le Brésil qui avait décroché la palme en ayant accueilli 67 000 migrants haïtiens entre 2014 et 2016 (OIM). Arrivée au Chili, la force de travail haïtienne, constituée de 80% de jeunes dans la tranche d’âges de 15 à 44 ans, n’arrive pas à intégrer le marché de l’emploi chilien pour rentabiliser ses importants investissements (IPPDH, MERCOSUR, OIM). Il manquait des informations pertinentes à ces exilés non consentants qui débarquaient en Amérique latine avec un faible niveau de compétitivité. La langue, le statut migratoire et de nombreux stéréotypes sont parmi les barrières dressées en face de nos compatriotes pour s’intégrer convenablement en Amérique latine. Les récents mouvements de migration spectaculaire de l’Amérique latine vers le Mexique pour éventuellement atteindre les États-Unis ont révélé que le Chili et le Brésil constituaient des destinations transitoires pour les jeunes Haïtiens. Ces derniers ont été une nouvelle fois pourchassés par la discrimination, la xénophobie et d’autres conditions de vie délétère dont ils étaient l’objet au sein de la plupart de ces pays qui constituent la Communauté des États Latino- américains et caribéens (CELAC).

 

Effets désastreux de la mauvaise gouvernance sur l’économie

La dérive politique a entraîné à travers le temps des écarts fulgurants du niveau de vie qui se reflètent dans les statistiques économiques et sociales. Un taux d’inflation à deux chiffres, avoisinant 10%, effrayait déjà les assiettes. Aujourd’hui, l’inflation a atteint un niveau insolite de plus de 50% (Rapport de l’IHSI). En raison de l’impotence de la Banque de la République d’Haïti (BRH) qui peine à exercer sa mission régulatrice de stabiliser le système financier, le taux de change subit les caprices des ambassades, des institutions financières et des entreprises commerciales. Plusieurs opérations souterraines découlant de l’économie criminelle exercent également d’énormes pressions sur la demande de la devise forte que les autorités publiques sont inaptes à contourner. Il faut aujourd’hui environ 150 gourdes pour se procurer un dollar américain qui devient d’ailleurs de plus en plus inaccessible à la classe moyenne. D’un autre côté, le pays enregistre un déficit spectaculaire de sa balance commerciale d’environ 4 milliards de dollars. Au début de l’année 2023, le montant annuel des importations était estimé à plus de 5.4 milliards de dollars contre des exportations de seulement 1.35 milliard de dollars (BRH).

Haïti vit des cauchemars économiques sans précédent. Classée en 163e position sur 191 pays selon l’Indice de développement humain (IDH), Haïti affichait un PIB per capita de seulement 1 420 dollars en 2021. Le niveau de cet indicateur économique était extrêmement en deçà de la moyenne de la région Amérique latine et Caraïbe qui est estimée à 15 092 dollars (Banque mondiale). Les inégalités s’empirent d’une année à l’autre. Les 20% les plus riches de la population détiennent plus de 60% de la richesse nationale alors que les 20% les plus pauvres disposent seulement de 2% du revenu total du pays (Banque mondiale, 2021). Le panorama n’est pas moins choquant sur le plan social. Si en moyenne un nouveau-né de la région espère vivre 72 ans, l’espérance de vie d’un Haïtien est de seulement 63 ans, soit 11 ans de moins par rapport à un Dominicain et 16 ans de moins en comparaison avec un Cubain. Tous les indicateurs économiques s’exhibent dans un rouge vif ; le tableau économique et social qui s’y dépeint paraît très morose.

En plus de réflexions approfondies pour proposer des pistes de solutions en vue de casser la spirale des crises économiques et sociales, les actions gouvernementales doivent se concerter autour de la création, du partage équitable de la richesse et du rétablissement de l’équilibre social. La chronique Gouvernance entend jouer un rôle axial dans cette première étape qui consiste à émettre des analyses et des propositions à l’attention des acteurs économiques et des décideurs politiques.

 

Objectifs et résultats escomptés de la chronique « Gouvernance »

La quête du bien-être collectif requiert de procéder à de "best practices", notamment de promouvoir la bonne gouvernance dans divers champs afin de renforcer les institutions démocratiques, garantir les droits des humains, stimuler le développement économique et consolider la confiance des citoyens dans leurs dirigeants. C’est vers ce noble objectif que s’oriente « Gouvernance » qui est une chronique qui aborde une série de thématiques économiques et sociales. Cette chronique développera des sujets sur la gestion du capital humain notamment en soutenant la plaidoirie pour une fuite inversée des cerveaux. Une pléiade de recherches dont Schultz (1963), Becker (1964), Lucas (1998) et Card (1999) concluent un effet positif de l'éducation sur le revenu et sur le développement d'une société. Cela sous-entend qu’un capital humain solide représente un atout incontournable pour innover, prospérer et bénéficier des fruits succulents de l’ère technologique. C’est en vertu des avantages du capital humain compétitif que des politiques migratoires sélectives sont conçues par les sociétés modernes pour dénicher les « Best and Brighters » disponibles au sein des sociétés du Sud (Dickson, 2003 ; Docquier, 2007 ; Kapur & Mchale, 2005).

 

Un retour à l’équilibre vers ce que Piketty (2019) baptise de codéveloppement et de justice globale invite à renverser la tendance en fidélisant et retournant les brillants cerveaux à leurs pays d’origine dans l’optique de propulser le développement endogène. « Gouvernance » promet de canaliser les agents économiques vers de nouvelles idées en vue de profiter des opportunités des technologies modernes. Cette chronique partagera également des réflexions qui visent à assurer de meilleures coordinations des coopérations internationales. Elle incitera à des approches efficaces vers le développement durable, l’harmonie des écosystèmes économiques et politiques ainsi que la promotion de la méritocratie.

 

« Gouvernance » jettera un regard particulier sur la gouvernance de la formation tertiaire en Haïti. L’université est pour une société ce que l’essence est au transport. Elle représente l’épine dorsale de la production de la pensée critique ; le poumon de la créativité, des nouvelles perspectives et des outils aptes à favoriser des transmissions intergénérationnelles pérennes. Tant sur le plan des infrastructures qu’à travers les curricula, il y a nécessité d’exiger une meilleure adéquation quantitative et qualitative de l’offre de la formation universitaire en Haïti. Après avoir terminé leurs études classiques, les élèves haïtiens sont confrontés à des obstacles majeurs pour poursuivre au troisième cycle. Le taux de déperdition est spectaculaire entre les niveaux classique et universitaire à cause du des parents ainsi que du contexte de l’environnement général qui est fragilisé par l’insécurité. C’est également en raison de la précarité de l’offre de la formation supérieure que de nombreux élèves sont enclins à voyager en République dominicaine pour poursuivre leurs aventures académiques.

 

Alors qu’elle est perçue comme la source principale de la production des ressources humaines dont bénéficient l’Administration publique et les Instituts d’enseignement supérieur (IES), l’Université d’État d’Haïti (UEH) reçoit un maigre budget de l’État. L’UEH vit sous l’emprise d’un fonctionnement désuet ainsi que des projets d’investissement précaires. Il s’ensuit un manque notoire des infrastructures et très peu d’incitations des cadres les mieux formés à faire carrière dans la recherche et l’enseignement supérieur. La plupart des professeurs ne font pas des activités de la formation supérieure une vocation puisque le salaire n’y est pas attrayant. Ils perçoivent l’enseignement comme un tremplin avant de saisir des opportunités à un ministère ou dans le secteur des Organisations internationales. Il est difficile d’étaler les statistiques de la mobilité des professeurs vers des secteurs du marché du travail plus prometteurs sur le plan de la rémunération. Par contre, des observations et anecdotes sont démontrent un désintérêt des cadres de l’université à y offrir leurs services pour une longue période. D’ailleurs, ceux qui demeurent attachés à l’université consacrent la majeure partie de leur temps de productivité à une banque, un ministère ou une Organisation internationale. Pourtant, l’éclat de l’université ne saurait se rehausser en absence de professeurs et de chercheurs bien rémunérés et consacrés à produire des études scientifiques au profit de la postérité.

 

Dans les conditions politiques « normales », l’Université d’État d’Haïti (UEH) est en mesure d’accueillir autour de vingt mille étudiants. D’autre part, en plus de leur limite pour accepter un bon nombre des bacheliers, les IES fonctionnent à des années-lumière des standards requis. La République dominicaine (RD) devient dès lors un « Second Best » pour les nouveaux diplômés du secondaire. Combien sont-ils en RD ? Dans quels champs disciplinaires sont-ils inscrits ? Qu’en-est-il de leur statut migratoire pendant et après les études en République dominicaine ? Ce sont inter alia des questions d’intérêt public auxquelles Gouvernance s’attèlera à fournir des réponses adéquates afin de disposer d’informations pertinentes pour mieux affronter ce défi. Parallèlement, Gouvernance établira des contacts à plusieurs niveaux dans l’optique de renforcer des réseaux académiques et professionnels entre des Haïtiens vivant en Haïti et à la diaspora (USA, Canada, Chili, Brésil, …). Elle attirera l’attention sur des opportunités de bourses d’études à des universités étrangères tout en suggérant des méthodes de préparation efficace pour saisir de telles opportunités.

 

En ligne avec les objectifs de la refondation économique consignée dans le Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH), Gouvernance fera le point également sur des sujets relatifs au commerce, à l’industrie et au tourisme. Elle proposera des pistes pour mettre en valeur les secteurs compétitifs de l’économie haïtienne tout en promouvant les filières stratégiques. Elle compte par exemple s’inspirer des expériences des pays émergents pour découvrir des techniques de modernisation de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Le développement du secteur des services et l’exploitation des ressources minières sont d’autres sujets d’intérêt qui seront développés via la chronique Gouvernance. Par ailleurs, Gouvernance apportera des contributions sur le plan culturel et artistique à travers des recherches qui favoriseront des opportunités de stages et de contrats internationaux dans les domaines sportifs et culturels (Football, Basketball, Tennis, etc.).

Sans avoir la prétention de proposer des recettes magiques pour contrecarrer les innombrables menaces et lever les multiples obstacles qui gangrènent le développement du pays, Gouvernance se veut une chronique utile au profit du simple lecteur, des agents économiques et des décideurs politiques.

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

 

Bibliographie

  1. Acemoglu Daron et Robinson James (2013). « Why Nations Fail » : l’origine du pouvoir, de la prospérité et de la pauvreté. Crown Publishers, Inc., New York.
  2. Dickson, D. (2003), ‘Mitigating the Brain Drain is a Moral Necessity’. Science and Development Network.
  3. Docquier, F. (2007) « Fuite des cerveaux et inégalités entre pays”.  Revue d'économie du développement. Vol. 15.
  4. Kapur Devesh & Mchale John (2005), “Give Us Your Best and Brightest: The Global Hunt for Talent and Its Impact on the Developing World”, Center for Global Development.
  5. Kaufmann Daniel, Kraay Aart et Zoido-Lobaton Pablo (1999). Policy Research Working Paper Series from The World Bank. No 2196, 
  6. Khan Mushtaq (2013). The perspective of growth-enhancing governance. Book Eastern and Western Ideas for African Growth Governance and development
  7. Lucas Robert (1988) “Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis with Special Reference to Education.
  8. Pande Rohini and Udry Christopher (2005) "Institutions and Development: A View from Below" (2005). Discussion Papers. 936
  9. Piketty Thomas (2019), Capital et idéologie, Le Seuil, Paris, 1232 p.
  10. Portes Alejandro (2006).  Institutions and Development: A Conceptual Reanalysis. Population and Development Review.
  11. Schultz Theodore. (1963) Economic Value of Education. Columbia University Press, New York.
  12. Wong Kar-Yiu & Yip Chong Kee (1999) “Education, economic growth, and brain drain” Journal of Economic Dynamics and Control, 1999, vol. 23, issue 5-6, 699-726
  13. World Bank (1991), Governance and Development, The World Bank, Washington, DC.

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES