Il s’appelle Marco Frantz Junior Pierre, mais tout le monde le connaît sous le nom d’artiste O-Mark Fruit De Mer, un nom à la fois original et symbolique. Originaire de Meyer/Despinos, à Croix-des-Bouquets, ce jeune Haïtien de 24 ans a déjà traversé des tempêtes qui auraient pu briser bien des rêves. Pourtant, c’est justement dans la douleur qu’il a trouvé la lumière. Aujourd’hui, il revient plus fort que jamais avec Ale Bae, un morceau profond qui marque le début d’un nouveau chapitre de sa carrière.
O-Mark a grandi dans une famille chrétienne de sept enfants, dont il est le benjamin. Son amour pour la musique naît très tôt, dans les églises où il participait souvent à des concours de chant. À 13 ans, il monte pour la première fois sur scène, à 19 ans, il lance officiellement sa carrière avec des chansons gospel comme « Pawòl la, Sa li fè pou mwen et Pasaj oblije».
Mais en 2021, il ressent le besoin d’élargir son horizon. Sans renier ses origines spirituelles, il choisit de parler des réalités humaines et sociales. Il sort alors « Andikap li pa limite l», un morceau sur la dignité des personnes handicapées, en collaboration avec Barche. La chanson séduit, touche, fait réfléchir. Elle marque le début d’un tournant. O-Mark enchaîne ensuite avec «Yo bare pasaj mwen», qui évoque les difficultés du quotidien, puis «Dope en featuring» avec Oly X, un titre dancehall énergique, avant de livrer Ou se moun mwen et Tande m tande, deux chansons afro qui le propulsent dans une autre dimension.
Mais la vie lui réserve un choc brutal. En 2024, des hommes armés envahissent sa maison, détruisent tout, kidnappent sa mère. Son père, déjà malade, meurt faute de soins à cause de l’insécurité. Ce drame bouleverse tout. O-Mark quitte Haïti, contraint de s’exiler aux États-Unis pour survivre. Ce déracinement, cette douleur, deviennent pourtant le carburant de sa créativité.
De là naît «Rasanble», une chanson engagée, vibrante d’émotion et de lucidité. Il y parle du pays, de la responsabilité de l’État et de la nécessité pour les citoyens de s’unir. Quelques mois plus tard, il dédie «Pou ou Manman» à sa mère, un morceau bouleversant qui montre à quel point son art est lié à ses cicatrices.
Et aujourd’hui, avec Ale Bae, il franchit un nouveau cap. Sorti le 24 septembre, ce titre est le premier extrait d’un EP baptisé Li-Myè-L, prévu dans les prochains mois. Plus qu’une chanson d’amour, Ale Bae est une réflexion sur les relations humaines, la lucidité et le respect dans la séparation.
Il y raconte une histoire personnelle a savoir une relation où l’amour existe encore, mais où la femme qu’il aime ne se sent plus bien à cause de ses défauts. Conscient de ses torts, O-Mark lui dit qu’elle peut partir sans bruit, sans conflit, avec gratitude et paix. Ale Bae, c’est la maturité d’un homme qui comprend que l’amour ne suffit pas toujours, et qu’il faut savoir laisser partir l’autre quand le bonheur s’étouffe.
Le morceau repose sur quatre piliers, le respect, la reconnaissance, la conscience et la tranquillité. Respect pour ce qu’ils ont partagé, reconnaissance pour tout le bien reçu, conscience de ses propres limites, et désir de paix. C’est un message d’amour, mais surtout de sagesse.
Musicalement, Ale Bae mêle Afrobeat et Dancehall, avec cette touche moderne et envoûtante signée Kumy Beats, jeune beatmaker haïtien de 21 ans, originaire lui aussi de Croix-des-Bouquets. De son vrai nom Louis Kumbenhs E., Kumy incarne la nouvelle génération de producteurs qui osent mélanger les genres pour créer une identité musicale haïtienne ouverte sur le monde. Il est désormais le beatmaker personnel d’O-Mark, et leur complicité promet de belles choses.
Aujourd’hui, O-Mark Fruit De Mer se définit comme un artiste de vérité. Il ne chante plus pour séduire, mais pour guérir. À travers ses textes, il parle d’amour, de perte, de courage et de rédemption. Son futur EP Li-Myè-L qu’il décrit comme une lumière intérieure racontera son parcours entre ombre et clarté. « Je veux que ma musique aide les gens à accepter leurs blessures, à se comprendre, à se pardonner », confie-t-il.
