Fin de la 3e édition du Festival du souvenir

Le Festival du souvenir de la traite négrière et des abolitions de l’esclavage vient de clore la programmation de sa 3e édition au Parc Ahuntsic de la ville de Montréal. Entre les 18 et 23 août 2023, les habitants et visiteurs de cette ville ont commémoré la traite négrière transatlantique et les figures de la Révolution haïtienne.  

Le coup d’envoi a été lancé au Café de Da le vendredi 18 août par une exposition retraçant le chemin de la liberté. Par l’entremise de ce Festival, la mairesse de l’arrondissement Ahuntsic, Emilie Thuillier, a parlé du partenariat de la ville de Montréal avec le Centre culturel (ICI) autour de la traite négrière. 

À cette occasion, le Café de Da s’est transformé en une véritable scène de théâtre où les acteur-comédiens du Centre ont représenté à la fois les péripéties des personnes soumises en esclavage et leur soif de liberté. C’était également l’opportunité pour la coordonnatrice, Thurlie Clairvil, de présenter le festival au grand public et à la presse, de le situer dans le champ du patrimoine mémoriel lié à l’esclavage et de répondre aussi à la question pourquoi un festival du souvenir.

Le samedi 19 août 2023, sous un ciel pluvieux et une salle comble, le poème le plus long Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire a contextualisé l’événement. Ce texte fondamental symbolisant la fierté et la dignité retrouvée des peuples noirs à travers le monde a été adapté et mis en scène par le directeur artistique du Festival, Sadrac Jean, puis interprété par la comédienne Diana Saint-Louis.

Le père de la négritude écrit les mots; la voix de Diana les a complétés. Comme l’avait demandé Césaire, le jeu de Diana a invité aussi les autres peuples de l’Afrique à se mettre debout.

la négraille assise

inattendument debout

debout dans la cale

debout dans les cabines

debout sur le pont

debout dans le vent

debout sous le soleil

[…]

Debout pour défendre notre dignité. Ce mélange de mots et de présence a envoûté la salle et l’émotion, bien sûr, était à son comble.

De trois sites du déroulement des activités à Montréal, les festivaliers n’ont raté aucun des rendez-vous. Le dimanche 20 août s’est tenue une table ronde autour du thème :1791-Haïti, ébranlement du système esclavagiste transatlantique. Elle fut animée par le sociologue Kesler Bien-Aimé, le directeur du CIDHICA, Frantz Voltaire et l’historien Alain Saint Victor de l’Université du Québec à Montréal. Dans l’assistance, la présence et les questions de l’académicien Dany Laferrière ne sont pas passées inaperçues.

Le lundi 21 août, sous la direction du guitariste Luckson Casimir et son groupe, le Café de Da a reçu encore la soirée d’art et d’expressions libres. Au menu :  chants traditionnels, jeux de tam tam, et danses folkloriques symbolisant la nuit du 22-23 août 1791 se souviennent de l’appel des nègres-esclavisés dans la colonie de Saint-Domingue. Les comédiens d’ICI Images. Création. Interprétation et le metteur en scène Miracson Saint-Val dans une mise en lecture d’un texte de Guy junior Regis Mourir tendre ont régalé l’assistance. Très animée et participative, cette soirée fut un moment de qualité entre le public, les comédiens et les musiciens.

Contrairement aux deux premières éditions, la 3e a investi le Parc Ahuntsic le 23 août alors que la voix du célèbre chanteur et compositeur Jean Jean Roosevelt égayait le public. En effet, très tôt pendant la journée du 23 août, le parc s’est transformé en une véritable salle de spectacle à ciel ouvert où le multiculturalisme réunissait plusieurs artistes-danseurs de la Côte d’Ivoire, de l’Ile Maurice, de la Martinique et d’Haïti. Agrémenté d’une magnifique prestation historique représentant quelques héros de l’Indépendance d’Haïti, le groupe Rara Pa nou a fait surtout danser les spectateurs.

Les festivaliers ont eu droit à une soirée unique, digne de la renommée internationale de Jean Jean Roosvelt et de son groupe musical. Mission accomplie. Comme l’a reconnu la coordonnatrice du Festival, Thurlie Clairvil, cette édition a favorisé une vraie immersion culturelle. L’année prochaine pour la 4e édition, on rêve tous et toutes à de pareilles performances et de participations.

 

 

Mirline Dorvilier

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