Illumina Québec : Kesler Bien-Aimé expose et explique !

Découvrons les dimensions techniques, esthétiques ou symboliques de l’exposition « IlluminA », dans  laquelle le photographe Kesler Bien-Aimé vient d’inscrire son nom au Canada. Il nous explique : « Ma participation, mon œuvre ici est collaborative. Sur le plan créatif, il m’a fallu être moi-même et l’autre à la fois.  J’ai été engagé par le département d’Anthropologie) de l’Université Laval comme auxiliaire de recherche afin de saisir des portraits photographiques de 36 modèles faisant partie du projet IlluminA. Ils/elles sont peintres québécois et québécoises). En fait, le défi consistait à créer le portrait photographique singulier de chaque modèle. »

Devant sa photo, il/elle accepte de plein gré que cette image représente son état d’esprit. Avec et sur ce nouveau dispositif, les artistes s'expriment autrement. Ils/elles se [re]créent sans l’aide de la caméra. « Donc, ce qui est donné à voir au public est une double création. Elle est la rencontre esthétique entre ma photographie et le monde visuel québécois » rapporte-t-il.   

Dans la présentation du projet expo IluminA, Kesler Bien-Aimé nous informe : « Autour des « univers personnels », le projet IlluminA, consiste à réaliser des ateliers de création et après des stations et mise en exposition en basse ville – quartier Saint-Roch (juin-septembre 2023). Pour ne faire référence qu’aux institutions suivantes, la conception et la coordination du projet sont assurées par les ateliers Pech-Sherpa, Vincent et moi et Mezzanine. Quant aux personnalités porteuses et collaboratrices, permettez-moi de citer, entre autres, l’anthropologue Francine Saillant, Celia Forget, Sarah Bourdages Duclot, André Parent et Marc De Konnick. 

Dans le document de présentation du projet, « il s’agit pour les  participants et participantes de partager leur environnement singulier, réfléchissant à plusieurs niveaux à leurs sphères autant intimes que publiques, sociales et relationnelles ainsi qu’au lien à leurs habitats et aux lieux signifiants de leur ville et plus spécifiquement de leur quartier. », rapporte Kesler Bien-Aimé, tout en soulignant : « Mon rôle précis dans cette exposition était de conceptualiser et réaliser une série de portraits photographiques des artistes québécois et québécoises membres des ateliers ci-avant cités. Pour ce faire, il a fallu établir un rapport de confiance professionnelle entre la direction, la recherche, la conception, la coordination du projet d’exposition et le photographe.”  

Dans ce méga-projet, plusieurs personnes se sont impliquées. A titre de rappel, l’auteur et professeur d’université Kesler Bien-Aimé souligne : « Illuminina est un méga projet collaboratif. Comme présenté dans l’affiche, ce projet d’expo implique « des personnes jeunes ou plus âgées, bien nanties ou mal nanties, différentes par leurs capacités, ordinaires et marginales […]. Sa mise en œuvre fait appel au « pluri-talent ». À bien suivre le parcours en 7 stations disposées un peu partout dans l’énorme quartier de Saint Roch, on y trouve du cinéma, de l’installation, de la bande vidéo, du ballado, de la sculpture et bien sûr de la photographie. Comme je m’occupais seulement de mes modèles pour la série de portraits, je n’ai pas rencontré physiquement tous les talents. En tout cas, sur le plan symbolique, j’ai le bonheur de m’entretenir avec leurs œuvres.’ 

Des retombées relatives à sa participation, KBA rassure : « Bon, pour moi les retombées sont déjà merveilleuses. UlliminA me donne l’occasion, encore une fois, de partager la diversité de son sens visuel avec d’autres artistes qui vivent « hors des périmètres culturels de mon pays d’Haïti chérie»; de théoriser sur le rapport de confiance « nécessaire » entre le photographe que je suis et mes modèles; de discuter de mes techniques avec un plus large public.’  

De la nécessité pour d’autres talents de la communauté artistique et culturelle haïtienne évoluant au Canada, et en Haïti d’apprécier une telle sélection et participation de l’un des plus ingénieux photographes de cette génération, Kesler Bien-Aimé confie : « J’aime surtout le processus de création du projet d’exposition (IluminA). À mon sens, elle fait appel à l’expérience de « faire avec » l’inconnu. Ce qui me parait une bonne pratique pour l’avenir de nos rencontres créatives plurivoques.’

Des précisions pertinentes partagées lors de cet entretien avec le chercheur, qui s’exprime en ces termes : « Il ne s’agissait pas vraiment de « sélection », mais d’un engagement institutionnel pour réaliser un travail de recherche où le photographe était libre de discuter avec les modèles. C’était un vrai contrat esthétique impliquant non pas la direction du projet, mais le photographe et ses modèles. Bien entendu, la direction du projet m’a proposé ce contrat sur la base de ce que j’ai déjà donné à voir. Pour finir, j’inviterais mes collègues à implémenter la recherche création dans leur activité,  à faire plus que le geste d’inviter une autre artiste à une exposition collective, mais aussi à concevoir des œuvres où l’identité respective des artistes demeurera irreprésentable. ».

 

Dominique Domerçant

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