Confinement : la population ne suit pas toutes les consignes

En dépit des appels au confinement lancé par le président Jovenel Moise, lors de ses dernières adresses à la nation, pour empêcher ou limiter la propagation du virus Covid-19, la population haïtienne en fait peu de cas. Outre des établissements scolaires et universitaires fermés et d’autres institutions qui prennent des mesures appropriées, les citoyens se livrent dans leurs activités comme en temps normal. L’affluence des gens dans des périphéries reste et demeure.

Avec l’annonce de la confirmation de deux premiers nouveaux cas du nouveau coronavirus dans le pays le jeudi 19 mars par le président Jovenel Moise, le Gouvernement haïtien a immédiatement adopté des mesures pour empêcher la propagation vertigineuse du virus sur son territoire. Entre autres, le Gouvernement a préconisé le confinement pour faire face au Covid-19 qui manifeste sa présence dans le pays. Si cette mesure consiste à l’enfermement de chaque citoyen chez soi en évitant de prendre les rues que pour des besoins d’urgence, la population haïtienne minimise cette décision prise par les autorités étatiques. Ils continuent de se défiler dans les rues tant au grand jour qu’en pleine nuit sans se soucier des restrictions imposées par le Gouvernement. Même des structures publiques attirent la grande foule également.

Le vendredi 20 mars, moins de vingt-quatre heures après l’annonce du chef de l’État et la décision d’appeler les citoyens au confinement, les rues de la capitale haïtienne ont été encore plus embouteillées comme auparavant. Les véhicules se heurtaient l’un contre l’autre dans une circulation dense semblable à la période des classes. À la base, de nombreux individus cherchaient à s’approvisionner des denrées nécessaires dans les marchés et les supermarchés. Ce qui a causé de grands rassemblements et des bousculades dans ces espaces de vente. Les mesures de prévention ont été ignorées tant par les propriétaires des supermarchés que par les clients qui s’affolaient à acheter les produits disponibles.

Pour le reste du weekend, s’il est vrai que la plupart des églises ont fermé leurs portes pour éviter l’attroupement de leurs membres, d’autres ont enfreint quand même les principes. Des leaders religieux ont pu rassembler plus d’une dizaine de membres pour réaliser leurs services habituels. Les autorités ont intercepté certains d’entre eux dont les temples sont placés dans des zones fréquentes. Pourtant, les quartiers populeux sont pris d’assaut par cesdits leaders religieux, dépourvus de toute formation, qui font croire à des citoyens le contraire de ce que dit le gouvernement. Ils passent en dérision les consignes des autorités étatiques sous prétexte de faire confiance à Dieu.

Les marchés, lieux qui rassemblent depuis toujours de grandes foules, sont bondés malgré tout. Circulant dans une grande promiscuité, ces espaces continuent de fonctionner comme à l’ordinaire. Pas d’espace entre les marchands assis eux-mêmes et les passants. Les marchands ambulants parlent en plein visage des autres. Les acheteurs se bousculent pour avoir accès aux vendeurs. Cet affrontement de gens dans de conditions propices à la propagation du Covid-19 se fait dans un environnement d’insalubrité inimaginable. Les marchands sont assis sur ou à côté des immondices. Les passagers et les acheteurs piétinent les fatras boueux et de toutes sortes.

Le transport public, livré à la volonté de quiconque peut se procurer un véhicule, attire encore la grande foule. Les usagers de ce service sont entassés les uns sur les autres. Les camionnettes comme les autobus sont dans les rues comme à l’accoutumée. Même si la présence des passagers n’est pas remarquée en grand nombre dans les stations et les sous-stations habituelles, les véhicules y sont et attendent un maximum de gens possibles dans les gares routières. Les trafics à l’intérieur de la région métropolitaine comme ceux vers les autres villes et départements bougent. Toutefois, il faut signaler que beaucoup de personnes à bord des véhicules de transport en commun sont munies de masques ou de mouchoirs protégeant leur nez et leur bouche.

Le lundi 23 mars, à environ quelques mètres du Palais national, du ministère de l’Intérieur, de la Direction départementale de l’Ouest de la PNH, des agents de l’Office national d’identification (ONI) ont favorisé l’attroupement des gens au kiosque Occide Jeanty, Champ-de-Mars. Cette entité de l’État a choisi de réaliser des cartes d’identité dans ce lieu public dans ce contexte sanitaire fragile. Des rangs resserrés et des bousculades, les individus s’entredéchirent pour arriver aux agents de l’ONI.

Quid du couvre-feu ?

Si les autorités ont lancé le couvre-feu pour éviter la circulation nocturne des citoyens, cette mesure tarde encore à entrer en fonction. Les boites de nuit, se trouvant dans des endroits distants par rapport aux allées principales, desservent les clients qui s’adonnent à ces formes d’ambiance. Dans certains quartiers, les programmes récréatifs en soirée persistent. Dans les marchés où l’insécurité n’est pas trop inquiétante, les marchands exposent leurs produits jusque vers les 22h. Les petits restaurants informels des rues sont encore en fonction.

Après environ quatre jours depuis l’annonce des mesures de confinement et de couvre-feu, la population ne monte pas à bord. Au contraire, les citoyens sont dans les rues comme à l’ordinaire. Les activités fonctionnent sans ambages hormis des institutions et autres secteurs administrés qui ferment leurs portes. La grande partie de la population minimise encore ces mesures malgré l’augmentation du nombre de cas de Covid-19 détecté sur le territoire national. Les forces répressives de l’État se montrent un peu passives envers cette population qui survit quotidiennement.

Woovins St Phard

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES