Covid-19 : plus de 55 millions de dollars de dépenses engagées

D’après un rapport intermédiaire du ministère de l'Économie et des Finances dans le cadre de la gestion du coronavirus en Haïti, le Gouvernement Moise/Jouthe a effectué des dépenses évaluées à plus de 55 millions de dollars américains entre le 19 mars et le 29 mai. Pourtant, les résultats attendus sont loin d’être compatibles à cette somme déjà dépensée par l’administration de Jovenel Moise.

Rapport des décaissements effectués par l’État, au cours de cette période pour assurer la gestion de la pandémie du nouveau coronavirus. Ces dépenses ont été effectuées en deux devises : en gourdes haïtiennes et en dollar américain. D’une part, les dirigeants ont dépensé 2 milliards 247 millions 220 mille 289 gourdes, et d’autre part 34 millions 202 mille 788, 04 de dollars américains.

Le MEF annonce que les principales institutions concernées sont entre, autres, le ministère de la Santé et de la Population (MSPP), le Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), le ministère de l’Environnement (MDE), le Service national de collecte de résidus solides (SNGRS), la Police nationale d’Haïti (PNH) et le ministère des Travaux publics Transport et Communication (MTPTC). Par ailleurs, ces fonds issus du Fonds d’urgence (FDU) et du Trésor public. Mais comparées aux résultats sur le terrain, ces dépenses sont énormes. Et cela choque pas mal de monde.

Effectués dans un contexte d’état d’urgence, la plupart de ces décaissements et les marchés conclus sont effectués toutefois sans rendre compte ou obtenir l’avis favorable d’aucune des institutions compétentes en ce sens, dont la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA), le Conseil national des marchés publics (CNMP). Et l’état d’urgence sanitaire a été prolongé pour deux autres mois par le Gouvernement en place. On le sait en Haïti, l’État d’urgence rime avec la corruption. Les exemples sont clairs et récents devant nous.

En 2008, après le déferlement des cyclones Fay, Gustave, Hanna et Ike entre août et septembre, l’équipe de René Préval avait vite déclaré l’état d’urgence. Et c’était alors la première grande occasion pour ces dirigeants de commencer par rafler les millions disponibles à travers le fonds Petrocaribe. Par la suite, ce même procédé d’état d’urgence a été utilisé à l’apparition de l’équipe Tèt kale. Quand il y a état d’urgence, les procédures normales de passation des marchés publics peuvent être ignorées. Ainsi, la CSCCA, La CNMP peuvent être mises à l’écart. Il y a toujours une opacité totale qui entoure les mécanismes utilisés pour passer les contrats. On va seulement voir et entendre que des sommes faramineuses ont été dépensées pour gérer l’état d’urgence, mais sans comprendre comment ni par quels moyens. Les résultats de gestion de l’état d’urgence en Haïti sont toujours en dessous des attentes.

Depuis le 19 mars, le Gouvernement Moise/Jouthe fonctionne sur la base de l’état d’urgence. Cela va se prolonger jusqu’au mois de juillet. Et depuis cette date, des procédures célères de déblocage de fonds sont en vigueur. Face à cette situation, les mécanismes de contrôle devraient être malgré tout activés. Malheureusement, ils ne fonctionnent pas comme cela devrait être. Car, en dépit des scandales de corruption à répétition, aucun procès n’a jamais fixé les responsabilités des auteurs de ces actes.

Evens REGIS

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES