Haïti: le droit à l’information en temps de transition

Protéger les journalistes haïtiens et la liberté de la presse

Le Conseil présidentiel de transition (CPT), officiellement installé en Haïti depuis ce 25 avril, a le mandat de réinstaurer la paix civile, de nommer le premier ministre et de former le nouveau gouvernement afin d’assurer une relève socio-économique durable en Haïti.

Les multiples attentes et tensions fusant de toutes parts, quant à la mission dudit Conseil, soulignent les défis gigantesques auxquels il doit faire face.

Le président du CPT, Edgard Leblanc Fils, désigné ce 30 avril, et ses membres, sont appelés à travailler plus que jamais de concert entre eux-mêmes et avec la société haïtienne pour viser le bien commun.

On suppose que le Conseil établira un plan d’action empreint de pertinence et de prudence dans les circonstances actuelles.

Insécurité chronique

 

Haïti vit dans un chaos politique aggravé depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse (juillet 2021) ayant mené le pays vers une crise socio-économique sans précédent, que le gouvernement provisoire d’Ariel Henry n’a pas su maîtriser.

Les populations de l’agglomération de Port-au-Prince et de l’Artibonite sont touchées par une violence inouïe perpétrée par des gangs armés sous l’intransigeance implacable de leur chef surnommé Barbecue.

Pour cause de criminalité , des milliers de personnes déplacées vivent dans l’insalubrité. L’insécurité alimentaire atteint la moitié de la population. Le choléra refait surface. Les hôpitaux sont privés de fournitures médicales. Plus d’un millier d’écoles sont fermées.

Par ailleurs, la situation d’extrême insécurité à Port-au-Prince cause une grave perturbation de la chaîne d’approvisionnement partout au pays.

Les populations de l’agglomération de Port-au-Prince et de l’Artibonite sont touchées par une violence inouïe perpétrée par des gangs armés sous l’intransigeance implacable de leur chef surnommé Barbecue.

Pour cause de criminalité , des milliers de personnes déplacées vivent dans l’insalubrité. L’insécurité alimentaire atteint la moitié de la population. Le choléra refait surface. Les hôpitaux sont privés de fournitures médicales. Plus d’un millier d’écoles sont fermées.

Par ailleurs, la situation d’extrême insécurité à Port-au-Prince cause une grave perturbation de la chaîne d’approvisionnement partout au pays.

Médias à risque

Pendant ce temps, les médias haïtiens continuent de couvrir l’actualité, sans relâche, dans toute son horreur… malgré leur sécurité gravement mise en péril au jour le jour.

Des bandits armés ont récemment vandalisé et pillé les locaux du journal Le Nouvelliste à Port-au-Prince. Les locaux des Presses Nationales d’Haïti ont également été victimes de vandalisme ce 19 avril.

 

Quand ces bandits s’en prendront-ils aux autres médias locaux?

Ce n’est qu’une question de temps pour déstabiliser les médias haïtiens, dont l’action est pourtant essentielle afin de garantir le respect du droit démocratique à l’information dans ce pays.

Droit à la protection

Alors qu’Haïti traverse les eaux troubles d’une transition possible vers le regain de son équilibre politique et socio-économique, il est impératif pour le Conseil présidentiel de transition d’assurer la protection des médias.

Cette responsabilité du CPT devrait faire partie intrinsèque de son plan d’action par la mise en œuvre de mesures visant à pallier aux risques imminents guettant les journalistes-terrain.

Ce constat soulève, entre autres, le droit des non-combattants (incluant les journalistes) à la protection en temps de conflit interne dans un pays donné.

Droit international humanitaire

Un tel conflit réfère à l’application du Droit international humanitaire (DIH): les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels.

Tous les journalistes sont protégés par le DIH en leur qualité de civils, en vertu du droit s’appliquant aux conflits armés internationaux et non-internationaux.

En tant que civils, ils ne peuvent pas être attaqués, sauf s’ils participent directement aux hostilités et pendant la durée de cette participation.

Protocole II

Rappelons que le Protocole II est exclusivement consacré aux situations de conflit armé non-international, auquel Haïti a adhéré en 2006.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), chargé de fournir protection et assistance aux victimes de conflits armés et d’autres situations de violence selon les principes de la neutralité et l’impartialité, est présent en Haïti.

Encore faut-il que les parties concernées contribuent à faciliter l’œuvre du CICR par un dialogue humanitaire.

Mission multinationale d’appui à la sécurité

Par ailleurs, mentionnons que Les Forces armées canadiennes viennent de terminer une mission de près d’un mois en Jamaïque visant à former des troupes de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) en prévision de leur déploiement en Haïti.

Ces dernières se joindront à la mission multinationale d’appui à la sécurité autorisée par l’ONU et dirigée par le Kenya, qu’Haïti devrait bientôt accueillir.

Indéniablement, ces troupes, en collaboration avec la Police nationale d’Haïti, doivent assurer la protection des journalistes haïtiens œuvrant sur le terrain, partout et en tout temps.

Ce qu’en pensent les journalistes haïtiens

L’organisme Reporters sans frontières, avec plus de 90 journalistes haïtiens, a lancé un appel à la communauté internationale et au Conseil présidentiel de transition pour la protection des journalistes et des médias, afin que le pays ne devienne pas «un désert de l’information».

«Les journalistes haïtiens font l’objet de menaces et d’attaques contre leur réputation en ligne. En couvrant les manifestations politiques dans les rues, certains policiers les harcèlent, et certains journalistes sont victimes de gaz lacrymogènes et même de tirs de cartouches au visage de la part des forces de l’ordre», rapporte le rédacteur en chef de StandardMania, Donald Métellus.

«Des écarts sont visiblement commis par des agents de la police nationale. Par exemple, le journaliste Jean Marc Jean, surnommé JJM, a perdu un œil sur l’Autoroute de Delmas après avoir reçu un coup de bonbonne de gaz lacrymogène de la police le 8 février de cette année.»

Journée mondiale de la liberté de la presse

 

Ces pratiques sont courantes à Cap-Haïtien. Voilà pourquoi, ce 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, l’Union des Journalistes du Nord d’Haïti (UJNH) a organisé une conférence-débat sur le thème Les défis contemporains pour la sécurité des journalistes: stratégies de protection et résilience face aux menaces croissantes dans le paysage médiatique haïtien.

«La liberté d’expression est un droit. Elle est réservée à tout le monde, et les journalistes sont les reflets de l’expression de la liberté de leur société», conclut Donald Métellus.

 


Annik Chalifour

Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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