Chronique d'une absurde destruction !

Le pays, particulièrement le département de l'Ouest, est en train de vivre ses heures les plus sombres, depuis le tremblement de terre de 2010.

Une violence d'une rare intensité ne cesse de faire des victimes dans la population civile. Les plus vulnérables - à savoir les enfants, les femmes et les personnes âgées - ne sont nullement épargnés. Au contraire ! Le viol individuel et/ou collectif est érigé en norme. Le corps des femmes est dégradé, vilipendé, abusé. Kidnappés, violés, tués, les enfants sont des cibles « molles » de cette barbarie aveugle qui bafoue sans état d’âme leur innocence.

Paradoxalement, les fauteurs de carnage qui surfent sur ces vagues sanglantes affirment combattre au nom de ceux dont ils annihilent les vies et les biens.

La destruction de plus d'un millier d'écoles, de plusieurs bibliothèques, le chômage forcé de nombreux agents éducatifs ne peuvent que nous conduire à la grande débâcle de l'intelligence et au règne pontifiant de l'ignorance incivile.

En privant des milliers d’enfants d’école, on ne leur laisse que l’alternative de la délinquance. Ils se réfugient sur les réseaux sociaux, lieu par excellence de toutes les intoxications et où sévissent les terroristes de tout poil. Ces canaux sont dominés par les « pédagogues de la haine » qui sèment le trouble et des pensées délétères et néfastes dans nos jeunes cerveaux.

Le risque est grand de voir de nouvelles mutations sociales encore plus mortifères que celles qui nous mettent aujourd’hui le comble à nos malheurs. À la faveur des récents événements, nous avons vu de jeunes enfants transformés en pilleurs et vandales, des véritables machines à tuer, des « robots » sabotant leur propre avenir.

Le futur du pays est déjà fortement hypothéqué et la logique du pire peut devenir un mantra national si nous ne sonnons pas le grand réveil national.

Force est de constater, comme l'affirme le sociologue Laennec Hurbon, que « la dissolution du lien social est la cause majeure de cette violence absurde ». La mort de l'autre nous laisse de plus en plus indifférents. Le crime est de plus en plus banalisé !

Au moment où le pays se dirige vers une nouvelle gouvernance, les Haïtiens attendent de ce nouveau Conseil présidentiel de transition d’honorer son rendez-vous avec l’Histoire. Les membres de ce nouvel organe exécutif ont pour devoir de réussir par-delà les intérêts de clans qui ne manqueront pas de les aiguillonner. Le choix d'un coordonnateur à la présidence, puis d'un chef de gouvernement sont autant d'obstacles à franchir. Les tentations sont telles et les factions tellement habituées au combat sans concession que l'on craint un sabordage de ce projet politique si laborieux.

Promus au service du bien commun - un bien obéré, hypothéqué par des politiques néfastes -, les nouveaux conseillers auront besoin d'un rare supplément d'âme. Les Haïtiens sont fatigués des échecs accumulés qui font de nous la risée des nations. De ces luttes sans grandeur qui attirent toujours vers le bas l'indice de perception de notre pays dans le concert des nations.

Les nouveaux « amiraux » chargés de conduire la barque nationale se doivent de réussir en dépit des avis de tempête.

 

Roody Edmé

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