La forte pluie qui s’est abattue, dimanche 13 juillet, sur la région métropolitaine de Port-au-Prince a causé d’importants dégâts, affectant sévèrement les personnes déplacées vivant dans les camps de fortune. Cette situation dramatique vient aggraver les conditions de vie déjà inhumaines que subissent ces familles depuis plusieurs mois, dans une indifférence quasi générale.
Le camp installé dans les locaux de l'organisation politique Organisation du Peuple en Lutte (OPL) est l’un de ceux qui ont été le plus durement touchés par ces pluies diluviennes. Sur ce site vivent 451 familles, soit un total de 554 personnes, parmi lesquelles figurent 12 personnes en situation de handicap.
Les responsables du camp décrivent une situation catastrophique, les déplacés ont pratiquement tout perdu, certains allant même jusqu’à perdre leurs pièces d’identité. « Ces personnes n’ont pas fermé l’œil de la nuit. Certaines ont dû rester debout toute la nuit, d’autres se sont recroquevillées dans des brouettes pour essayer de dormir », témoigne un des responsables.
Ce lundi matin, alors que les déplacés tentaient encore de récupérer ce qui pouvait l’être, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser des chauffeurs de transport en commun, leur interdisant de stationner près du carrefour Tifou. Malheureusement, plusieurs personnes du camp de l’OPL, y compris des enfants, ont été affectées par ces gaz.
Les déplacés racontent les conditions précaires dans lesquelles ils vivent depuis leur arrivée dans les locaux de l’OPL, et comment ils ont passé la nuit précédente sous l’eau et dans la boue. Beaucoup d’entre eux ont dû rester debout, incapables de s’allonger, car leurs tentes et leurs rares effets personnels ont été emportés. « Ce matin, c’est un ami qui m’a donné quelques vêtements propres, parce que j’ai tout perdu hier soir », confie l’un des sinistrés. Fatigués, épuisés et désemparés, ils disent ne pas savoir comment ils vont passer la nuit, alors que la pluie menace encore de tomber. « Nous ne savons pas comment nous allons faire pour dormir ce soir. Nous n’avons plus de tentes, il y a de la boue partout », soupire une mère de famille.
Ces familles réclament des solutions durables pour mettre fin à cette errance forcée qui les expose chaque jour davantage à la misère et à la violence. « Tout ce que nous voulons, c’est pouvoir retourner chez nous et vivre bien comme avant. Il faut que les autorités rétablissent la sécurité », plaide un père de famille.
Sorah Schamma Joseph
