Le déploiement des officiers kényans en Haïti n’a pas donné les résultats escomptés; au contraire, la situation s'envenime davantage. Les gangs armés gagnent du terrain, le nombre de territoires perdus continue d'augmenter, et la population victime abandonne leurs domiciles pour échapper aux assauts des bandits.
La mission multinationale de soutien à la sécurité peine à rétablir la paix dans le pays; les caïds continuent de défier l'autorité de l'État, et la situation sécuritaire se détériore de plus en plus. Après plusieurs tentatives d'invasion, le quartier de Solino est finalement plongé dans un climat de terreur et de violences : 80 % de la zone est tombée sous le contrôle des caïds à la suite d'une offensive.
Dès lors, Solino, à l'image d'autres quartiers du centre-ville de Port-au-Prince et du département de l'Artibonite, est devenu le théâtre d'actes de violence. De nombreuses maisons ont été incendiées, et des résidents, dont des mères allaitantes et des vieillards, ont dû fuir leurs domiciles pour échapper à l'assaut des gangs; de fortes détonations résonnent dans la zone.
Des milliers de personnes avaient déjà quitté la zone suite à la première vague d'attentats qui a débuté le 17 octobre dernier. La police nationale a annoncé, le 20 octobre, des opérations visant à repousser les gangs armés, tout en indiquant que les forces de l'ordre avaient récupéré les zones de Saint-Michel, Paul Lochard, Sylvio Cator, Anglade et Corridor Bastia, qui étaient sous le contrôle des malfrats.
En ce sens, de nombreux citoyens s'interrogent sur les conséquences de la présence des caïds dans le quartier de Solino pour les communes de Delmas et de Pétion-ville, compte tenu de sa position géographique.
Parallèlement, la tension continue de monter dans d'autres villes. La population d'Arcahaie est sur le qui-vive depuis la dernière attaque des caïds dans la Cité du Drapeau. À Tabarre, les résidents vivent avec la peur au ventre, craignant une éventuelle invasion en raison des assauts répétés du gang de Vitelhomme Innocent. Dans la Cité d'Anacaona, à Léogâne, la menace plane autour des citoyens.
Il convient de souligner que les autorités ont déjà constaté à diverses reprises l'inefficacité de la mission multinationale de soutien à la sécurité. Le président du Conseil présidentiel de transition, Leslie Voltaire, a informé, lors de la présentation du bilan des réalisations du CPT, avoir sollicité auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies la transformation de cette force en une mission de maintien de la paix. L'ancien coordonnateur du CPT avait également plaidé en faveur de la transformation de la MMSS en une mission onusienne sur les tribunes de l'ONU lors de la 79ᵉ Assemblée générale.
Sheelove Semexant