Dans son analyse sur l'IPC de l'insécurité alimentaire en Haïti, la Coordination nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) indique que 50 % de la population haïtienne est susceptible de faire face à l'insécurité alimentaire élevée (phase IPC 3 ou +) de mars à juin 2024. En effet, les attaques armées à Port-au-Prince ont provoqué au cours de ces derniers mois un nombre exagéré de déplacés à Port-au-Prince. Ces personnes ont fui leurs maisons sans aucun moyen de subsistance et leurs conditions de vie sont de plus en plus vulnérables par rapport à la cherté de la vie a fait savoir l'institution.
Dans une vue d'ensemble de la situation en Haïti projetée de mars à juin, les facteurs qui ont contribué à la détérioration de la crise alimentaire en Haïti sont notamment: les déplacements internes qui ont permis à environ 362 000 personnes de fuir pour la sécurité et de laisser derrière eux leurs principaux moyens de subsistance, la plupart partant des régions métropolitaines vers les départements.
Parallèlement l’intensification des troubles sociopolitiques des mois de janvier et février derniers, le développement de nouveaux foyers de violences des groupes armés notamment au niveau de Morne à Cabri et de Mariani perturbant davantage les chaînes d’approvisionnement de/vers les régions du grand Nord et grand Sud, l’exacerbation de la violence dans certains quartiers de la zone métropolitaine, la tendance à la hausse de la valeur du panier alimentaire qui a subi une augmentation de 22% entre août 2023 et février 2024.
Il y a également, les nouvelles dimensions de la violence des groupes armés ayant affecté certaines institutions stratégiques du pays (port, aéroport, commissariats et structures déconcentrées de différents ministères) et le pillage/incendie de nombreuses entreprises de commerce et de succursales de banques.
« La situation s’est généralement détériorée dans tout le pays par rapport à la période actuelle (août 2023 à février 2024) de la classification d’août 2023, qui a indiqué une estimation de la population en insécurité alimentaire de 4,35 millions de personnes, et une prévalence de 44%. La prévalence de l’insécurité alimentaire devrait augmenter de 44 % à 45 % entre la période actuelle et la période projetée (mars en juin 2024)» a précisé la CNSA dans son rapport.
Parmi les zones les plus affectées, il y a 8 zones qui sont classées en phase 4 de l'IPC. Il s‘agit donc de la Vallée de l’Artibonite (Artibonite HT04), Grand’ Anse rurale (Grand’ Anse HT07 et HT08), Gonâve (Ouest HT01), partie transversale de l’Ouest (Ouest HT07), Cité Soleil (quartiers urbains pauvres et très pauvres), Croix des Bouquets (quartiers urbains pauvres et très pauvres), Port au Prince (quartiers urbains pauvres et très pauvres). Parallèlement d'autres endroits du pays comme au niveau du Centre, la zone côtière du Sud, certaines zones de la métropole du Nord sont entre autres classées en phase 3 de l'IPC.
Par contre, l'extension de l'insécurité a causé une diminution de l'action humanitaire en Haïti, suite à la fermeture des aéroports et l'accès limité pour la circulation des vies et des biens surtout à Port-au-Prince où les gangs armés ont progressé leurs attaques depuis le mois de janvier.
“Une action urgente est incontournable pour assister les ménages les plus pauvres et les plus affectés pour subvenir à leurs besoins, sauver leurs vies, réduire leurs déficits de consommation alimentaire et éviter un effondrement total et irréversible de leurs moyens d’existence. Compte tenu de la concomitance avérée des chocs récurrents (sécheresse, hausse des prix, insécurité, rareté de carburant, séisme, inondation...) qui ont affecté les ménages vulnérables ces dernières années, des actions de restauration et de développement de leurs moyens d’existence et de leurs avoirs sont indispensables. Les actions de soutien à la résilience devront viser, de manière opportune, un appui aux intrants agricoles et d’élevage, des crédits ruraux, des appuis en matériels», a indiqué la CNSA. Il faut en ce sens rappeler que près de 2 millions de personnes se trouvent dans la phase d'urgence (phase 4), plus de 3 millions dans la phase 3, selon les données dévoilées par l'institution.
Oberde Charles